Deux professions, plus que toutes les autres, ne peuvent survivre à la privation de liberté d’expression: Le journalisme et l’avocature.
La liberté! c’est leur oxygène, c’est leur énergie, c’est leur principal outil. Les en priver, c’est faire de ces étalons des hongres, c’est les empêcher de cavalcader partout et librement, comme dirait le bâtonnier Marc Bonnant. C’est les envoyer au front sans armes et sans armures.
Les dictatures n’aiment pas les libertés. Elles n’aiment pas ceux qui les incarnent. Elles n’aiment pas les avocats qui les défendent ni les journalistes qui dénoncent leur violation. Soit elles les corrompt! soit elle les combat à mort. Ce n’est donc pas par hasard que l’on considère que l’un des critères majeurs de l’état démocratique et de l’état de droit c’est le respect des sacro-saintes libertés de la presse et de la défense que rien ne devrait limiter si ce n’est les dépassements excessifs que ne peut admettre la raison commune.
L’ennemi de la liberté c’est les dictatures oui, mais pas seulement. Certains hommes prédisposés ou habitués à l’asservissement et aux ordres le sont aussi. Pour le journalisme certains anciens journalistes arrivés aux pouvoirs se sont vite renié et ont fait le malheur de leurs collègues. Tout le monde les connaît, ce n’est même pas la peine de les nommer.
Pour l’avocature, c’est un ancien magistrat devenu avocat qui est son Juda. Il n’a certainement jamais aimé la liberté des ses nouveaux confrères quand ceux-ci s’en servaient face à lui lorsqu’il exerçait son office de juge. Le renégat a osé ce qu’aucun avocat authentique n’aurait osé: Commettre une tentative d’assassinat par étouffement sur la profession en remettant en cause l’immunité qu’offre la loi à l’avocat lors de l’exercice de son métier. Ce con-frère a saisi l’opportunité qu’offre la loi suprême en soulevant une Question Prioritaire de Constitutionnalité, suggérant que la liberté que confère la loi régissant la profession d’avocat est contraire à la constitution.
Saisi, le tout nouveau tribunal constitutionnel a inauguré, ce jour du 27 novembre 2021, ses fonctions en statuant sur ce QPC relatif à la constitutionnalité de l’article 24 de la loi sus-citée. Après s’être réunis en conclave, nos cardinaux sont allés prêcher la bonne parole auprès de lui. C’était pour nous avocats une journée décisive et pour les nouveaux membres de la haute institution un baptême de feu. Au grand bonheur de notre profession, et à sa propre gloire, il a jugé qu’en rien le libre exercice de son métier par l’avocat n’est contraire à la constitution.
Ce faisant, il immunise définitivement ses droits. Tout le monde en est sorti gagnant: les avocats, le tribunal constitutionnel, et surtout la liberté.
Imaginons le contraire. Imaginons que le tribunal constitutionnel eut censuré la liberté de parole et de l’écrit de l’avocat quand celui-ci défend une cause!
Au-delà du droit DE la défense, c’est le droit À la défense qui aurait subi un coup de grâce.
Au-delà de l’intérêt de l’avocat, c’est l’intérêt de l’assujetti à la justice qui aurait pâti.
Vive la république, vive la liberté, vive la meilleure profession du monde.