Les guerres, on le sait provoquent toujours des dommages collatéraux. Ces derniers ne laissent aucun marionnettiste indemne et ramènent le conflit à la maison, sous une forme ou une autre.
La déflagration syrienne, a eu pour effet d’atteindre par l’amplitude de son onde de choc le cœur de la vie politique américaine. Deux ans après son déclenchement, la guerre en Syrie s’est transformée en cauchemar pour Obama. Répugnant à engager troupes et matériels, signes tangibles de son hard power et illustration de la supériorité hégémonique des USA, le président américain pousse ses alliés de l’alliance atlantique à faire le sale boulot. France, Israël et Grande-Bretagne s’y emploient avec zèle tout en se gardant d’hérisser l’ours russe, plantigrade qui devient toujours dangereux lorsqu’il lutte pour sa survie. Comme le régime despotique du tyranneau alaouite!
Obama mieux que quiconque sait le prix à payer, économique et humain dans l’engagement physique des troupes. Les bourbiers afghan et irakien et une guérison non achevée pour cause de syndrome vietnamien, le dissuadent de céder aux pressions des faucons qui lui demandent de faire un jeu scénique, un blockbuster hollywoodien, un remake des scénarii irakien ( manipulation et intervention pour cause supposée d’emploi d’armes chimiques de destruction massive introuvables) et libyen ( décréter une zone d’exclusion aérienne pour ‘ « sauver la population » civile » de Benghazi) et opérer un changement de régime au prix de la légalité et du droit international.
BHL doit bien avoir son alter-égo américain! Le Président, prix Nobel de la Paix ( défense de rire!) qui s’éclipse de son bureau ovale à chaque fois qu’il doit valider l’attaque létale de ses drones prédators, et qui a inventé dans l’illégalité la plus complète, la doctrine des assassinats préventifs, est pris dans le piège syrien. Quel sera son chemin de Damas?
La chute du régime d’El Assad prévue annoncée dans une semaine ou deux, un an ou deux n’a pas eu lieu. Et chaque jour apporte son cortège de morts et de désolation.
Ce qui le terrorise encore plus notre président Nobélisé de la Paix , c’est de voir les arsenaux d’armes chimiques tomber aux mains de gens qu’il aide, qu’il veut bien appeler ‘ freedom fighters’, mais dont il sait qu’ils sont noyautés sur le terrain par des djihadistes qui ne respecteront aucun script écrit pour eux. La CIA a du mal à lui dresser un profil du rebelle acceptable qui ne retournera pas les armes contre les intérêts de l’oncle Sam et du cousin Ben. Déjà qu’ils ont eu un mal fou à récupérer les stingers livrés aux talibans afghans et à Al Qaeda dans un passé récent. Des tonnes de faux dollars imprimés en vitesse ont opéré ce quasi-miracle. Mais les stratèges du Pentagone ont eu chaud! Obama apparaît désormais comme tétanisé par la décision à prendre.Sur le plan intérieur, John Mc Caïn, candidat malheureux à la présidentielle réclame une intervention urgente aux motifs stratégiques et » humanitaires » ( si si ne riez pas!). Lisons le dans le texte : « Des armes chimiques ont été probablement utilisées par le président Bashar Al Assad contre des civils et plus de 70.000 civils ont été massacrés .Jabhat El Nusra, de la mouvance d’Al Qaeda s’impose sur le terrain alors que l’Iran et son allié le Hezbollah bâtissent un réseau de milices à l’intérieur de la Syrie. Il recommande alors de livrer armements et formation aux insurgés et de réduire la défense anti-aérienne syrienne et de neutraliser ses rampes de missiles par des frappes ciblées de l’aviation des forces de l’Otan. Mc Caïn terminera son adresse par l’inévitable symphonie du manipulateur qui reprend les thèmes éculées des valeurs, mâtinée de la compréhension des intérêts pragmatiques à rappeler à tous. Devant ce forcing des forces coalisées bellicistes, Obama aurait cédé si le marionnettiste en chef, son mentor, celui qui l’avait détecté, construit et hissé à la présidence n’avait pas existé. Ce Deus ex machina n’est autre que le personnage politique ( de l’ombre et de la lumière) le plus influent de la vie politique et diplomatique américaine de ces dernières années. Le Sieur Zbigniew Brzezinki, ancien conseiller de Carter et qui a manœuvré pour écarter Hillary Clinton pose un tout autre constat: « Le conflit syrien est de nature confessionnelle et il se déroule dans une région volatile avec le potentiel de s’étendre et d’enflammer toute la région et de menacer les intérêts vitaux américains. » Il identifie clairement la guerre par procuration qui oppose en réalité l’Arabie Saoudite et le Qatar à l’Iran.
Le sunnisme et le chiisme dans une Fitna réactualisée. Il exprime sa crainte de voir le sentiment anti-occidental se ranimer
et le conflit déborder pour entraîner la Jordanie, l’Irak et le Liban. Ce scénario catastrophe est déjà d’actualité. Les troupes de Hezbollah, aguerries à la guérilla urbaine s’impliquent directement sur le terrain et font pencher le sort des armes en faveur du clan assiégé de Bachar. Le plan de la liquidation physique du dictateur et président par accident ( de la route) par des traitres retournés du premier cercle a échoué et il entreprend désormais de se positionner en force avant les conférences internationales qui décideront du sort du pays martyr, la Syrie et de sa partition de facto. Bachar s’est en fait résolu à se reconcentrer avec sa base alaouite et ses alliés sur la Syrie utile côtière et de faire jonction avec ses alliés du Hezbollah au Liban. Un avatar du projet » Grande- Petite Syrie » ou « Grand Liban » en quelque sorte, dessiné sur une base clientéliste et confessionnelle. Les batailles autour de Qoseir et de Tripoli signalent l’acmé de cette phase stratégique et la réalisation du plan alaouite, vécue comme seule sortie de crise négociable. Hezbollah, la seule force armée qui a tenu tête à Israël pendant 27 jours ( plus que toutes les armées classiques arabes coalisées) est dans le collimateur et la parade des ennemis des ARABES dans leur ensemble, est de la neutraliser, de l’atomiser en la mettant sur la liste des organisations terroristes…pour le grand bonheur de qui vous savez!
Allez, vous êtes de grandes personnes! Vous trouverez sans effort le nom des bénéficiaires. Obama est dans le scénario du pire, au cœur du bras de fer entre faucons et ‘colombes’. Le scénario de l’implication de la Turquie devient la dernière carte pour stabiliser la ligne de front et conserver aux insurgés » les gains » qu’ils revendiquent. Un petit coup de nostalgie ottomane et de responsabilité historique à assumer et le jour est joué. Dans cette situation de type Catch 22, il n’y a en réalité ni vainqueurs ni vaincus mais que des victimes, des seconds couteaux et des visions stratégiques qui s’affrontent. L’option d’élections …pièce à cons s’est éloignée dans le sang et le tumulte. Chine et Russie émergent comme puissances majeures et une forme de monde polaire se redessine, se recompose.
Le printemps arabe effraie désormais ses sponsors. L’option ‘révolution ‘ n’est pas une assurance tous risques. Seuls les idiots utiles, comme d’habitude ne sauront où se positionner!
Je fais le pari que Genève redeviendra à la mode et la caution des Chinois et des russes sera indispensable pour sauver ce qui ne peut plus l’être. L’Irak se décompose et la Syrie agonise.
Au suivant diront les cyniques et les ennemis de la ‘ nation chimérique arabe’!