Tlemcen , cette ville chantée par les poètes

Une ville chantée par les poètes. Une cité dessinée par les artistes .Une région attirée par les savants. C’est de Tlemcen qu’il s’agit. « Tlemcen ! Tlemcen ! Que ton nom est sublime ! Ton nom est tout un poème, richement chargé d’histoire, de culture et de religion. Du haut de ton ciel lumineux, semble encore résonner la plainte du luth, égrenant le vieil air des ancêtres qui rappellent la belle et douce Andalousie.

Mollement assise sur sa colline, baignée de lumière, le front couronné de rocs, les flancs entourés d’une ceinture verdoyante, montrant à la suite des minarets et ses dômes les ruines imposante de Mansourah, agrandie et idéalisée en quelque sort par la perspective, elle est vraiment belle. On comprend que l’Emir Abdelkader lui ait consacré l’un de ses chants « je l’aime, dit-il, comme l’enfant aime le cœur de sa mère. »

l Okbani El Habbak, Essanouci,Sidi Boumedienne, Sid El Halwi , Etillimçani, Mohamed Dib, etc …avaient tous écrit tant sur cette ville .En effet Tlemcen a été de tout temps une cité dont la vue fascine l’esprit, dont la beauté séduit le cœur. Elle a été longuement chantée et a fourni matière à des poésies charmantes et agréables. Cette ville fut aussi, et surtout, un foyer et une zone de passage des érudits, penseurs, hommes de lettres et chercheurs de la connaissance et du savoir. Ainsi, nombreux sont ceux qui, des deux pôles du monde islamique, occidental et oriental, venaient pour soit enseigner soit étudier dans ses mosquées et ses écoles.

Tous les touristes étrangers qui ont choisi Tlemcen comme destination touristique ou comme étape culturelle à l’occasion de leur participation à des colloques scientifiques, congrès ou  symposiums sont pratiquement tombés sous son charme eu égard à l’accueil chaleureux qui leur a été réservé à longueurs d’années et à l’hospitalité traditionnelle de la population dont il n’est plus nécessaire d’en faire l’apanage.

Les hôtes de Tlemcen qui se comptent  en milliers, et qui ont traversé la méditerranée puis rejoint l’ancienne capitale des Zianides par les dessertes quotidiennes de différentes compagnies aériennes ou par route ne tarissent pas d’éloges pour la splendeur de la ville et la richesse de ses vestiges historiques à telle enseigne que la plupart ont spontanément admis qu’il faudrait assurément plusieurs jours pour la découvrir dans toute sa diversité et parcourir son vaste espace qui s’étend jusqu’aux portes du Sahara.

Quelques avis recueillis dénotent de l’intérêt manifesté par ces visiteurs venus de loin en faveur de cette ville emblématique qui a marqué d’un sceau indélébile l’histoire ancienne et contemporaine du Maghreb central. Coranas Eduardo, professeur à l’université de Mexico, émerveillé par le site de Mansourah a déclaré : « vous avez une très belle ville avec des monuments historiques bien conservés qui dénotent la richesse de la civilisation arabo-musulmane et son apogée universelle ». Francesco Esposito, architecte italien, lui a été impressionné par la médina de Tlemcen et ses vieilles ruelles conservées en l’état : « questo é bello (c’est magnifique). Je suis sous le charme des vieux quartiers de la ville qui gardent encore leur aspect ancien malgré le béton et les nouvelles constructions. Il faut continuer à préserver ces lieux qui témoignent de l’histoire ancienne de votre pays. »

Mohammed Ould Ahmed Meiddah, chargé de mission au ministère mauritanien de la culture a quant à lui déclaré « que Tlemcen continuera d’envouter les visiteurs d’où qu’ils viennent car on a l’impression qu’elle a jeté un sortilège sur tous ceux qui franchissent les ruines de Mansourah pour venir vers elle ». De son côté le Docteur Jukub Slawek, premier secrétaire de l’ambassade de Pologne à Alger et le muphti  Ahmed Tomasz Miskiewics, descendant d’une famille historique musulmane polonaise ont été agréablement surpris par l’accueil des citoyens de Tlemcen et ont souligné « que cette région recèle d’abord d’une importante richesse qui est sa jeunesse ajoutée à son histoire séculaire qui témoigne de la place qu’elle occupe dans le monde islamique à travers ses grands hommes et leur épopée ».

Autre témoignage celui de la française Mme Perla Danan, adjointe au maire de Montpellier, chargée de l’action internationale et des  villes jumelles (Barcelone, Louisville, Heidelberg, Tibériade, Cheng Du, Fès, Tlemcen) qui considère « que Tlemcen va continuer à jouer un rôle de premier plan dans le rapprochement des cultures pour faire de la méditerranée un lac de paix ».

Le professeur palestinien Mohamed Hamzaoui, qui enseigne à l’université d’Al Qods en visitant Tlemcen y a vu beaucoup de similitudes avec sa patrie spoliée par l’occupant sioniste. Il dira « que cette cité médiévale témoigne de la grandeur de la civilisation islamique et de l’apport des penseurs de Tlemcen à son épanouissement puisque leur message est arrivé jusqu’en Palestine » rappelant au passage la contribution efficiente des combattants musulmans pour la libération de la ville sainte d’El Qods durant l’épopée de Salah Eddine El Ayoubi soulignant aussi que tout un quartier de la ville sainte portant le nom de valeureux maghrébins, a été démoli par les sionistes lors de la guerre du Golfe en 1967 ainsi que la zaouia à l’entrée de laquelle, sur le fronton, était inscrit le nom d’Abou Médiène El Ghouth.

Le professeur Mohamed Bentalha El-Husseini, membre de la ligue scientifique de généalogie et d’entraide sociale de Tanta en Egypte a évoqué « la généalogie de cheikh Abou Mediène et le rôle de ses petits enfants dans la diffusion de ses idées et de ses principes en Egypte qui ont eu un impact sur les écoles de soufisme ». Le professeur Fadel Mohamed El Djilani, un des descendants de cheikh Abdelkader El Djilani, enseignant au centre « Djilani » des études supérieures à Istanbul, en Turquie, a décrit avec émotion « la rencontre historique entre Sidi Boumediene et Sidi Abdelkader El Djilani à La Mecque » indiquant « qu’il s’agissait d’un point de rencontre entre le soufisme du Maghreb et celui du Machreq».

Tous ces témoignages démontrent, que Tlemcen demeure cette célèbre cité millénaire du nord-ouest algérien, véritable musée à ciel ouvert du patrimoine architectural et archéologique d’importance nationale et universelle, est l’une des villes les plus fascinantes de la région du Maghreb et de l’ouest de la Méditerranée. Par ses vestiges des siècles obscurs qui avaient précédé l’Islâm, par ses monuments de l’époque médiévale dont la richesse artistique fait d’elle l’une des cimes suprêmes de l’art hispano-mauresque, par la mémoire de ses habitants dont les origines remontent du fond des âges, l’histoire de la ville de Tlemcen plonge dans un passé fabuleux et vénérable où les humanités semblent s’entrecroiser au-delà de tout usage consignataire.

Avec ses mosquées, ses murailles, ses maisons médiévales, ses bassins, ses sites archéologiques aussi nombreux que différents, Tlemcen est un véritable musée islamique.

M.M