Les soubresauts que connaît l’USMBA actuellement et qui ont atteint le point culminant ce weekend, dénotent de la situation du football national et la manière dont il est géré. Le quotidien El Watan a publié dans son édition du jeudi 26 Décembre, un magnifique article sur la gestion des fonds des clubs professionnels, et notamment leurs masses salariales. On retiendra que le montant de cette rubrique atteint pour les 16 clubs de la ligue 1, la somme astronomique de 40 milliards de dinars, versés faut-il le rappeler par le Trésor, donc par le contribuable. Cette somme peut facilement permettre la construction d’un complexe industriel par an, capable de créer un millier d’emplois permanents et assurer la survie du même nombre de familles. Alors, comment peut-on imaginer qu’un club de football puisse payer des joueurs médiocres des sommes astronomiques, alors que le citoyen lambda qui arrive difficilement à boucler ses fins de mois, finance les salaires de plus de 200 millions de centimes des 29 joueurs de la ligue 1, notamment? Si au moins les masses salariales respectaient la hiérarchie des clubs, cela constituerait un moindre mal. Mais lorsqu’on constate qu’un club comme la JSK qui figure parmi le haut du tableau ne se positionne qu’à la 13ème place ainsi que l’ASO Chlef à la 15ème, alors que le CABordj Bouareridj qui malgré, qu’il occupe l’envieuse 5ème place, traîne dans les profondeurs du classement. Il n’y a donc aucune commune mesure entre les résultats et les salaires versés, ce qui génère une surenchère au niveau du marché des joueurs. Le plafonnement des salaires décidé par la FAF, ne règlera aucun problème même si cette décision a obtenu l’adhésion de l’ensemble des Présidents de clubs. Elle ne sera que virtuelle, puisque la manipulation de l’argent liquide continuera d’avoir de beaux jours et le recours au dessous de table, une pratique usuelle.
Par conséquent assister à un bras-de-fer entre l’entraîneur Bira et Bensenada n’est que la conséquence tragi-comique de la situation du Football national en particulier et du sport en général. Il devient tout à fait normal de voir un entraîneur qui veut mettre fin aux fonctions de son employeur, alors que c’est l’inverse qui devait se produire. De l’autre côté, le gestionnaire n’est pas actionnaire majoritaire de la Société, ni propriétaire, il ne dispose alors pas de pouvoir décisionnel autonome. Ce pouvoir est automatiquement transféré aux pouvoirs publics qui eux financent le club, à la limite du réglementaire. Des situations pareilles ne peuvent que générer des scènes loufoques: Le matin, c’est Bira qui demande le départ du Président, l’après-midi, c’est Bensenada qui démet Bira. Une frange de supporters -toujours la même – se regroupe devant le siège de la Wilaya et demande le maintien de l’entraîneur. Le Wali joue son rôle de commis de l’État en préservant la sécurité publique: Il rassure et promet. Le lendemain, comme une traînée de poudre, la rue « informe » du maintien de Bira à la tête de l’équipe. Bensenada persiste et signe. Le feuilleton est à peine entamé.
Il n’y a en fin de compte aucun conflit Bira-Bensenada. Il y a une non-gestion d’une Société commerciale qui à défaut de générer du profit, dépense l’argent du contribuable à travers des « fondés de pouvoirs ». A ce rythme, le football n’est pas sorti de l’auberge et l’élite doit prier pour que le bon fonctionnement des centres de formation Français continue à bien se porter, si l’on veut participer aux prochaines coupes du Monde.
Et dire que le Réal Madrid qui a payé le transfert de Ronaldo 94 Millions d’Euros a pu récupérer son investissement l’année suivante juste par la vente de son maillot.
Et dire que le Barça et d’autres clubs espagnols sont poursuivis par la justice ibérique sur un soupçon d’avoir bénéficié de subventions de la part de structures de l’État. Mais c’est l’Espagne me diriez-vous!
djillali@bel-abbès.info
N.B. classement de la masse salariale des clubs:
– USMA: 49 Millions DA, MCA: 37; CSC: 36; ESS: 29; CABBA: 22; MOB: 19; CRB: 18; MCEE: 17; MCO: 17; JSMB: 16,5; JSS: 14; USMH: 14; JSK: 14; CRBAF: 13; ASO: 13; RCA: 11.