Le vendredi matin, j’étais au niveau des guichets du stade pour acheter des billets d’accès pour mes enfants et moi-même. Devant la foule, j’ai donc fait comme tout algérien qui se respecte. Trouver une connaissance. Kadi que j’ai sollicité dans un premier temps était malheureusement pris par son match des juniors qui devait débuter bientôt. Louahla ne répondait pas de l’intérieur du guichet. Alors que je commençais à désespérer, un véhicule gare et Benaissa Noreddine en descend. Je l’interpelle et après avoir récupéré (et payé) mes billets, je lui lance: « Alors, ce match, on le gagne ou pas? » Il répond: « c’est le tournant du championnat. Si l’on gagne, nos chances d’accéder vont se multiplier. Dans le cas contraire, cela deviendra problématique! « On se voit ce soir, quelque soit le résultat du match? » lui dis-je. « Avec plaisir! »
C’est ainsi, qu’aux environs de 18heures, nous primes rendez-vous à l’hôtel Beni Tala. Alors que je sirotais mon café, j’entends dans mon dos: « Je suis venu et je t’ai ramené le Capitaine ( NDLR Zaidi) et le buteur! (NDLR Boukhari)
Je lance tout de go.
BAI: Ce matin, j’écoutais la chaine 3 et Maammar Djebbour avait appelé Baghdad , ton frère, le présentant comme le Président. Pourtant il m’a semblé qu’il avait démissionné. Alors peux-tu me dire qui est réellement le président de l’USMBA, Nory ou Baghdad ?
N. BENAISSA: Baghdad est l’actionnaire majoritaire. Même s’il a démissionné, il reste le maître à bord. Légalement, il ne peut y avoir d’autre président, parce qu’il n’y a personne qui a voulu reprendre ses actions. Moi, je m’occupe du terrain, j’assure la fonction, mais officiellement c’est lui le Président, parce qu’il est l’actionnaire majoritaire.
BAI: L’USMBA a battu El Bordj et l’ASMO a été défaite par l’ESM. Cela veut-il dire que l’USMBA accède en nationale 1 ?
N. BENAISSA: Non. Il ne faut se leurrer. La phase aller n’est pas encore terminée. Il reste 2 matches encore. Et puis la phase retour. Il ne faut pas tomber dans les travers. L’expérience du match du PAC reste toujours au travers de la gorge des joueurs. (le Capitaine ZAIDI présent à l’entretien (photo ci-contre),pousse un grand ouf et opine) Ils n’ont pas encore compris comment ils ont pu perdre ce match. Il ne faut pas que l’on refasse les mêmes erreurs. Il faut continuer à travailler et ne pas tomber dans l’autosatisfaction.
BAI: L’USMBA est la deuxième meilleure équipe du championnat à l’extérieur. Comment alors expliquer qu’elle perde des points à domicile ? Nous venons parler du Paradou, mais il y a aussi les matches du MOC et de l’ASMO qui se sont soldés par des résultats nuls ?
N. BENAISSA: Oui, en effet. Mais il ne faut pas oublier que nous avons une équipe jeune. Nous sommes la deuxième plus jeune équipe après le PAC. Donc, les joueurs subissent la pression à domicile, surtout que nos supporters sont très exigeants. A l’extérieur, ils sont plus libérés.
BAI: Oui, mais la pression y était aujourd’hui, face à El Bordj, pourtant vous avez gagné ?
N. BENAISSA: La confiance commence à revenir petit à petit.
BAI: Une question qui revient sur toutes les lèvres des Bel-Abbésiens. Comment une wilaya qui compte plus d’un demi million habitants, ne peut donner une vingtaine de bons joueurs ? Pourtant chaque vendredi et samedi, on voit au niveau de l’annexe, des centaines de jeunes qui s’adonnent au foot-ball. Il y a l’amicale de l’USMBA avec BOUHENNI et AFFAF notamment, il y a l’école de SONATRACH. Il y a même un junior Bouchentouf qui vient d’être convoqué en équipe nationale junior. L’argent investi dans l’achat de joueurs peut être investi dans la gestion de l’équipe si la formation jouait son rôle
N. BENAISSA: Vous venez de toucher le fond du problème. Il se trouve que les joueurs de sidi-bel-abbès gèrent très mal leur carrière. Dès qu’ils commencent à percer, ils pensent être arrivés et brûlent les étapes en voulant jouer avec les grandes équipes et gagner beaucoup d’argent. C’est la faute aux éducateurs qui ne les forment pas sur les aspects psychologiques, mais surtout des parents. A titre d’exemple, nous avons actuellement une jeune joueur qui fait partie des 18 comme joker. Il a de grandes dispositions. Un jour, son père appelle et me dit « je veux les papiers de mon fils » Il pense déjà que son fils peut jouer avec une grande équipe. C’est briser sa carrière. Un autre exemple, Hamzaoui. C’est un joueur que nous avons acquis contre un modeste montant que je ne peux par pudeur, préciser. Il est actuellement un autre joueur et sa côte ne cesse de s’accroître. Surtout qu’il vient d’être convoqué en équipe olympique.
Il y a beaucoup de joueurs de bel-abbès qui ont détruit leur carrière, en voulant brûler les étapes.
BAI: Et quelle est la solution ?
N. BENAISSA: Une partie de la solution, nous sommes en train de l’appliquer. C’est les contrats à long terme. Des contrats de 4, 5 ans qui peuvent nous assurer une prise en charge réelle des joueurs et des investissements consentis. La seconde partie de la solution est chez les éducateurs et les parents. Ils faut qu’ils inculquent l’amour du club et de la ville aux jeunes. Il faut que les jeunes arrivent à faire converger leurs intérêts personnels avec ceux du club de leur ville.
BAI: Tout le monde a été surpris en remarquant aujourd’hui un comportement exemplaire des supporters. Ils ont accueilli les supporters bordjis avec l’eau, les dattes et le lait. Pourtant, depuis longtemps il n’y avait que de la violence ?
N. BENAISSA: Oui, c’était super aujourd’hui. On avait de grands problèmes. Plusieurs équipes ont fait des rapports sur nous auprès de la ligue. Heureusement, un groupe de supporters s’est constitué en Comité et est venu nous voir pour nous dire qu’ils veulent donner une autre image de Sidi-Bel-Abbès. Nous les avons encouragé et soutenu. Même Monsieur le Wali, quand il nous a rendu visite (au passage je l’en remercie) ils lui ont fait état de leur projet. Ils ont commencé à activer et les résultats, vous les avez vu aujourd’hui. J’espère qu’ils continueront, et que le fair-play prévaudra dorénavant.
BAI: Le nerf de la guerre?
C’est effectivement le grand problème. Vous savez, les subventions votées par l’APC et l’APW l’ont été sur le budget 2012. Nous ne pouvons donc en disposer qu’après janvier. Or, nous avons un besoin pressant d’argent avant l’ouverture du mercato. En effet, je ne peux engager aucune transaction, sans avoir au préalable réglé les arriérés de certains joueurs. Il serait indécent de ramener et payer de nouveaux joueurs, alors que nos joueurs actuels ne sont pas payés. Cela risque de démotiver tout le collectif. C’est pour cela que nous avons besoin de 150 millions immédiatement pour régulariser les arriérés de quelques joueurs et s’intéresser au mercato. Heureusement Monsieur le Wali nous a promis de sensibiliser les promoteurs et les industriels de la Wilaya pour une contribution au financement de l’équipe. Il devait le faire au courant de cette semaine. Cela nous soulagera énormément, et encor une fois, nous l’en remercions.
BAI: A propos du mercato, peut-on savoir quels sont les joueurs que vous visez ?
N. BENAISSA: Vous m’excuserez, mais je ne vous donnerai que le nom de celui que je viens de perdre aujourd’hui, alors que j’avais tout conclu avec lui. Il ne pouvait plus attendre et moi je n’avais pas l’argent. Il vient de m’appeler aujourd’hui, pour me dire que je ne dois plus compter sur lui. C’est KECHAMLI. C’est dommage, j’aurai vraiment voulu l’avoir avec nous; il nous aurait été d’un grand apport de par son métier et son expérience.
Pour le reste, tout est conclu avec trois joueurs : Deux milieux de terrain dont un meneur de jeu et un avant-centre.
BAI: Pour conclure, un message ?
N. BENAISSA: Le message ne sera plus pour les autorités, elles jouent convenablement leur rôle. Mon message sera pour l’ensemble des bel-abbésiens. C’est leur équipe. Elle est bonne cette année. Si on n’accède pas cette année, on n’accèdera jamais. On demande aux opérateurs économiques, aux industriels de soutenir leur équipe. Savez-vous quel était le montant de la prime en cas de victoire contre l’USMBA pour les joueurs d’El Bordj ? 20 millions. La notre ? 3 millions.
D’où vient l’argent de l’équipe d’El Borj. Les opérateurs de la région.
Je tiens à préciser, Que nos opérateurs n’aient crainte. Quiconque déposera un seul dinar sera en droit de vérifier sa destination. Nous ferons l’engagement. Mais qu’ils réagissent. Cela fait 19 ans que l’USMBA a quitté la nationale 1. Nos enfants n’ont jamais vu un match de ligue 1 à Sidi-bel-Abbès. On voudrait voir l’affluence d’aujourd’hui tous les jours. »
BAI: Merci Nory et bonne continuation.
N. BENAISSA: Merci à toi et à toute l’équipe de BAI!
djillali@bel-abbes.info