Rares sont les rois heureux. Difficile en effet de l’être pour ces êtres exceptionnels qui se situent dans la hiérarchie des pouvoirs entre Dieu et ses créatures. Ils ne sont pas des dieux parce qu’ils ne sont pas immortels mais ils sont au-dessus des hommes puisqu’ils les possèdent comme sujets et qu’ils peuvent disposer de leurs biens, de leurs vies et même de leurs premières noces.
Cette posture d’entre deux puissances absolues, céleste et terrestre, (d’entre deux trônes, qui donne des fissures annales comme dirait notre illustre écrivain universel) les empêche de descendre aussi bas que l’homme. Or le bonheur, comme son contraire le malheur, sont le propre de ce dernier, et ni Dieu ni les rois ne s’en prévalent puisqu’ils en sont led sources pour le commun des mortels.
Condamnés à la sagesse, les rois ne peuvent faire des folies. Et, justement, pour eux vouloir vivre la vie des hommes en est une. Elle est même la pire des folies royales. Regardez par exemple le roi du royaume chérifien voisin. Il est en permanence sous les feus de la rampe, non pour la façon bonne ou mauvaise dont il régente son royaume, mais pour avoir choisi d’échapper, de temps en temps, à ses chaînes, de descendre de son trône, de faire des escapades et de vivre comme un homme. Non, le monde le lui reproche et ses sujets prient jour et nuit pour qu’il revienne à la raison.
M6! pas que. Même Charles III d’Angleterre en souffre à l’image d’ailleurs de tous les résidents du Buckingham Palace. Le pauvre à longtemps payé le prix de la folie d’avoir voulu aimer en toute liberté, il a même failli perdre sa place lorsqu’il a préféré offrir son cœur a Camilla au lieu de Diana . La défunte reine mère, froide et stoïque, voulait que sa progéniture royale resta à jamais au-dessus des hommes et ne jamais lui faire l’affront de tenter de vivre leur vie. Pour avoir commis un tel blasphème Charles a échappé de peu aux foudres de l’excommunication, mais pas Harry qui a perdu ses chances et son statut pour avoir osé céder aux charmes d’une américaine de couleur, actrice et, comble du malheur, mariée et divorcée.
Elisabeth est morte, mais son esprit hante toujours son royaume et surveille ses rejetons de là où elle est pour l’éternité. Le pauvre roi Charles III vient de faire ces jours-ci une grosse bourde en s’adressant en ses termes à son impopulaire première ministre Liz Truss » MA CHÈRE…OH MA CHÈRE », lui a-t-il dit. Et voilà que tout ce qui reste de l’empire ou le soleil ne se couche jamais en est choqué. Un roi ne devrait jamais parler comme ça, peste-t-on, il n’a pas le droit à une aussi basse familiarité.
Vie de roi, vie de chien! Il y’a en réalité des chiens qui sont beaucoup plus heureux que les rois, surtout quand il sont sans laisses et qu’ils disposent de leurs vies en toutes liberté.