C’est celui qui dit qui est… dit l’adage

Tout d’un coup on s’aperçoit que l’Émir Abdelkader est un traître.

Boumediene aussi. Alors que jusque-là il portait le fardeau du « cryptocommuniste » incapable de comprendre que le communisme produisait de la dictature sur le plan politique et de la misère sur le plan économique et social. Même s’il n’a pas vécu l’effondrement de l’URSS.

On l’accusait aussi d’être un crypto-islamiste au service d’une civilisation obsolète. Pas moins.

« La tête du chauve est plus proche de Dieu », s’amusait-il de ces rigolos supplétifs du capitalisme mondialisé et de l’ancienne puissance coloniale, elle-même sous contrôle des transnationales : aujourd’hui même le taulier de l’Élysée reçoit les patrons des grandes machines cosmopolites comme des chefs d’État.

En réalité, il n’a jamais été question d’histoire. Mais seulement d’un coup médiatique qui n’a perturbé qu’une théorie de pseudo intellectuels qui s’ennuient devant leur télé. C’est pourquoi convoquer les historiens (fût-ce des experts off-shore qui saisissent l’occasion pour sortir de la naphtaline) pour apporter la contradiction à cet histrion en mal de caméras qui a complètement échoué dans sa (longue) tentative de déstabiliser l’Algérie, est une entreprise vaine et sans intérêt.

Il n’avait pas compris que le patriotisme ne s’hérite pas. Que ceux qui ont combattus pour leur pays ont fait leur devoir n’ont aucun mérite sinon celui de notre respect. La plupart d’entre eux sont retournés chez eux du Front, en toute anonymat, sans rien demander.

Ni gloire ni flonflon. Ni discours ni couronnes.

La cascades d’ayant droits : les enfants, les petits enfants, les arrières petits enfants… des chouhada est une escroquerie politique et un détournement du bien public et aussi une indécence qui laisserait penser que les autres Algériens étaient en vacances pendant que la crème de la crème se battait pour leur liberté.

Tout le peuple algérien a été victime de 132 ans d’humiliation, de discrimination, de spoliation de leur présent et de leur avenir, de leur identité, de leur liberté et de leur souveraineté.

Aujourd’hui, le peuple algérien a d’autres chats à fouetter et d’autres comptes à régler avec ceux qui le dirigent et qui semblent vouloir le mettre sur le marché aux esclaves, au plus offrant, sous prétexte de modernisation, de « remise à niveau » technologique et managériale que nos dirigeants ont été incapables d’initier, alors que des armées d’ingénieurs, de technologues et de scientifiques algériens regardent médusés ceux qui les représentent bavarder tous les jours et reprendre les mêmes recettes, les mêmes slogans sans lever le petit doigt pour faire œuvre utile.

Et il y a matière.

Cela ne veut pas dire naturellement que le rôle joué par l’Émir ne devrait pas être interrogé. Mais alors dans un autre cadre et surtout pas sous injonction séditieuse, dans un procès en traîtrise.
Sans doute conviendrait-il de s’interroger sur les capacité des dirigeants algériens de l’époque à avoir une analyse lucide de la géopolitique du début du XIX ème siècle, une vision opérationnelle et stratégique après le départ d’un Dey qui s’en va mourir en Italie, une Sublime Porte sur la défensive, un Bey Ahmed qui rêvait de Borda, le pauvre fils de Mahieddine plus porté sur le soufisme que sur le suivi serré des relations internationales européennes, (humilié sous la Monarchie de Juillet, la Deuxième République et le Second Empire), à la suite de la rupture politique dérivée de la Révolution française (bourgeoise et d’inspiration protestante), la révolution industrielle qui transforme profondément les relations de travail, l’organisation urbaine et territoriale, les réseaux de communication… qui fait s’accroître de manière fulgurante les taux de productivité…

Tout cela avec un bouleversement des représentations et de l’imaginaire qui va servir de tremplin aux mutations politiques et sociales des siècles suivants.

Avec un coût humain abominable. Ce progrès a été érigé sur des Himalaya de cadavres et d’iniquités.

C’est dans un cadre de ce type qu’il conviendrait d’inscrire une relecture de l’histoire de notre pays. Pas en déclenchant des polémiques qui aspirent à provoquer émeutes et soulèvements mortifères.

Serviteur,
Djeha, L. 28 juin 2021
PS: 1.- Ce n’est pas l’Émir que je vous invite à considérer mais plutôt les lettres, discours, conférences et actions tout en intelligence politique de son petit fils. Instructif et édifiant!

2.- Ma position n’est pas unique. On m’a rapporté de nombreuses réactions qui vont dans le même sens.
3.- Je viens d’apprendre que l’agitateur de service a été mis sous mandat de dépôt. C’est une grosse erreur car c’est très exactement ce qu’il recherchait pour déployer, via une multitude d’officines qui grenouillent ici où là, pour dresser la statue de son martyre et faire le lien avec sa glorieuse ascendance.

Incompétence: Nos dirigeants ont une cacahuète à la place du néocortex.