CETTE JEUNESSE QUI DESCEND DE L’ARBRE ET QUI CROQUE DANS LA POMME.

Quand je vois un jeune marcher dans la rue, les pas sûrs, pantalon jeans, sac au dos et kit mains libres, je ne peux m’empêcher de penser à l’homo erectus, ce primate qui, aux dires des paléontologues les plus savants, aurait quitté son habitat naturelle, l’arbre, il y’a de cela 110000 ans pour descendre sur terre et qui, par peur de ses prédateurs nombreux, se mettait sur ses pattes arrières pour guetter de loin tout éventuel danger. Avec un temps très long, et à force de se mettre dans cette nouvelle posture de vigile toujours aux aguets, ce primate a fini par acquérir une seconde nature en transformant ses pattes arrières en pieds et celles de devant en mains. Cette transformation morphologique majeure constitue dans le règne animal une véritable révolution que la nature a réservé au seul etre qui allait devenir un parfait bipède: l’homme.

Cette révolution naturelle a eu pour conséquence de donner aux pattes avants, devenues mains, une nouvelle fonction “industrieuse” au lieu et place de leur fonction motrice première. Et depuis les mains libres ont permis à l’homme de fabriquer les outils utiles à sa vie particulières, des plus rudimentaires de la préhistoire jusqu’aux plus compliqués des temps présents, lui permettant de maîtriser la nature, mieux, de la transformer, pire, de la détruire.

Ces jeunes qui marchent dans la rue, les pas sûrs, pantalons jeans, sacs aux dos et kits mains libres, sont les homos erectus des temps modernes. Eux aussi sont le produit d’une révolution, mais qui n’est pas naturelle celle-là, elle est numérique. Ils sont descendus eux aussi de l’arbre qui les abritait, la vie réelle, pour entamer une marche dans un nouveau monde de plus en plus virtuel, avec ses prédateurs et ses promesses. Ils ont libéré leurs mains des charges qui auraient pesé sur elles. Ils arrivent ainsi à faire de ces mains libres un usage tactile complètement étranger à leur grands parents. Qu’ils soient debouts, assis ou dans leurs lits, en marche ou à l’arrêt, ils ont les doigts accrochés en permanence à un petit appareil qui contient toutes leurs vies, tous leurs rêves et tous leurs projets, de plus en plus sophistiqué de plus en plus intelligents de plus en absorbant.

En fin une conclusion s’impose : sans le téléphone intelligent, l’homme aurait-il éprouvé le besoin de désencombrer ses mains, de les décharger et de les libérer plus qu’elles ne l’étaient depuis qu’il a descendu de son arbre il y’a de cela 11000 ans.