Au moment où la Syrie brûle, où la Libye s’effrite, où l’Égypte refait Moubarek, où la Tunisie s’accroche, où l’Ukraine chavire, où l’Irak s’autodétruit, où l’Algérie se « rente » ; au moment où le monde devient une « dechra » multipolaire, où un micro-état comme le Qatar se prend pour une puissance, que fait la diplomatie algérienne ? Au moment où Poutine croise le fer avec les USA et l’Europe réunis pour recréer un hypothétique « bloc de l’Est, » l’Algérie veut refaire l’Histoire. Curieuse nouvelle que celle qui nous renseigne sur l’organisation d’un sommet des Ministres des Affaires étrangères des Pays Non Alignés.
Pour les gens de notre âge, cela nous rappelle une ère agréable. Celle de la lutte contre l’impérialisme et du socialisme spécifique. Le monde était divisé en deux (Est et Ouest) et au beau milieu la guerre froide et le Mur de Berlin. C’est à cette époque que les Grands du Tiers-Monde (Boumédiène, Tito,Nehru, Nasser et autre Patrice Lumumba et Julius Nyerere) décidèrent de créer une troisième force, celle du Mouvement des Pays Non Alignés ni à l’Est ni à l’Ouest.
Revenir à ce concept en ce moment, me paraît un peu loufoque dans la mesure où l’on est «non-aligné» par rapport à qui ? Le Monde est régi actuellement par l’argent et la finance. Les multinationales font et défont les Gouvernements, procèdent à l’envahissement des Pays. Alors, est-ce propice de parler de non-alignement ? LAMAMRA avait beau à faire devant les journalistes qui, dans leur majorité n’ont jamais connu l’époque de ce concept politique, ils lui donnaient l’impression de ne rien comprendre. Larbi Ould Khalifa, le Président de l’APN, considère que ce mouvement est toujours d’actualité dans la mesure où «la décolonisation n’est pas encore achevée » «Je demande aux membres du Mouvement de soutenir les Peuples Palestinien et Sahraoui» dit-il. Cela a suffit au Royaume voisin pour réagir à travers la presse à sa solde pour «tirer» sur l’Algérie : «Ce sommet n’est qu’un énième moyen pour s’attaquer au Maroc.» «L’Algérie qui est la mère du bébé Polisario obtenu par une fécondation in-vitro, s’attaque à la souveraineté du Maroc» Lit-on dans les journaux du Royaume Chérifien.
Alors parler de décolonisation, à un moment où les Puissances répugnent à ce procédé trop coûteux. Elles préfèrent mettre les Pays au pas et profiter de leurs richesses en y installant des démocraties de façades. Les USA n’ont-ils pas envahi l’Irak puis sont repartis tranquillement, après avoir mis toutes les richesses entre les mains des Multinationales? Les Puissances occidentales refusent jusqu’à aujourd’hui d’intervenir en Libye, parce que la colonisation n’est plus à l’ordre du jour. Ce qui les intéresse, c’est les richesses de ce Pays, sans coût.
Pour SABRI, le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, il s’agit notamment de remettre en cause les procédures de fonctionnement de l’ONU et la composition du Conseil de Sécurité. «Aujourd’hui ce conseil est composé de 16 Membres. L’Afrique n’est représentée que par un Membre, ce qui est insuffisant par rapport au nombre de Pays. Par ailleurs, le Conseil doit rendre compte à l’Assemblée Générale qui demeure l’organe souverain, ce qui n’est pas le cas, actuellement.» justifie notre représentant permanent à cette institution. Pourtant, il n’est pas sans savoir que le Conseil de sécurité décide de par le nombre des Puissances Mondiales qui le composent. Que peut faire la «Namibie » ou le Yemen face aux USA, la Russie ou La Chine ? D’ailleurs, les résolutions les plus importantes pour l’Humanité sont souvent rejetées par le véto d’un seul membre alors que l’Assemblée Générale toute entière, les a votées. N’est-ce pas le cas par exemple de toutes les résolutions contre Israël dans aucune ne passe sans l’aval des USA ? Plus proche de nous, toutes les tentatives de résolutions contre le régime de Bachar EL ASSAD, sont parties aux poubelles de Manhattan, par la grâce du véto Russe.
Venir aujourd’hui prétendre réformer le fonctionnement de l’ONU, dans un monde où le Pouvoir de l’argent et de l’information prime sur tout autre considération, c’est jouer les Don Quichotte et agiter des moulins à vent. Le meilleur moyen actuellement de s’imposer sur la scène internationale, c’est s’imposer sur le plan économique et social, c’est maîtriser l’information. L’exemple de la Chine est édifiant. Mieux, l’Inde qui est membre fondateur du MNA, est actuellement une puissance économique et sociale en compétition avec les Plus Grands de la planète et qui milite plus dans le groupe des «Pays Émergents» que dans celui du MNA.
Par ailleurs, il est des Pays qui font partie du MNA, mais qui soutiennent ouvertement le terrorisme, alors que d’autres concourent à la déstabilisation de leurs voisins, pourtant Membre du même Mouvement.
Sur le plan «audience» comment peut-on imaginer le jeune d’aujourd’hui – qu’il soit Libyen, Algérien, ou Tunisien – comprendre l’idéologie du Non Alignement remise au goût du jour après des lustres d’hibernation ?
Par conséquent, le seul dividende que peut tirer l’Algérie de cette manifestation est sans contexte le résultat d’un marketing politique. Ces résultats ce sera ce qui se déroule en coulisses à l’aune des rencontres de haut niveau
Autrement, trêve de nostalgie. Définissons une stratégie de développement dans une société de respect de la liberté individuelle, seuls garants de la sécurité du Pays et seul moyen de s’imposer dans le concert des Nations.
djillali@bel-abbes.info.