«L’ALGÉRIEN, UNE ESPÈCE À PROTÉGER»

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Alors  que  je feuilletais le dernier journal officiel, je fus fort surpris de «tomber» sur un décret signé par Ouyahia – Il est toujours Premier Ministre ? – fixant la liste provisoire des animaux non domestiques à protéger.

Quoi de plus normal, me répondiez-vous, à ce que l’Algérie se mette au diapason des Nations développées et se mette enfin à protéger les animaux menacés de disparition !

Néanmoins, la conjoncture dans laquelle intervient ce décret me rend perplexe. C’est comme si on voulait d’une part, faire quelque chose pour combler un vide constaté par la « disparition» du Gouvernement de la scène politique depuis les élections législatives, et d’autre part ,  dire que  tout va tellement bien, qu’on est obligé de s’occuper des animaux rares, à défaut de faire autre chose utile pour le contribuable.

Le décret porte également une contradiction en son sein, puisque il est censé définir la liste des espèces animales à protéger, il se contente de prévoir une commission –encore une – à venir qui sera chargée de l’élaboration de la liste définitive, celle figurant dans le présent décret étant juste provisoire.

Mais autant provisoire quelle soit, elle embrouille au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture du texte exécutif.

Alors, croyez-moi Chers  Lectrice et Lecteur, que le profane que je suis, n’a rien compris aux noms d’animaux abracadabrants et à consonnance parfois « romantique » figurant dans la liste provisoire des animaux à protéger selon ce décret, inaccessibles même pour l’élite qui n’est pas du domaine !

D’ailleurs, vous pouvez juger par vous-mêmes, si je vous dis que le «Sirli de Dupont » est désormais espèce protégée, au même titre que le (ou la, je n’en sais rien) «Guiffette moustac » et le « Circaète Jean Leblanc »

Je ne sais pas si demain vous rencontrez sur votre promenade au Lac de Sidi-M’Hammed Benali, vous saurez reconnaître un «Busard Saint-Martin»  égaré ou un «Gros Bec casse noyaux»  malade de solitude, et que vous vous arrêtiez en dernière minute, avant de vouloir les écraser.

Mais  attention, si vous rencontrez malencontreusement sur votre chemin alors que vous faites un barbecue dans la forêt de Tenira,  le «Zorille de Libye», pensez d’abord à vous protéger que de le protéger, car c’est un carnivore précise le décret.

Cependant, vous ne risquerez jamais de remarquer les «Vespère de Savi», le «Minioptère de Schreibers», le «Murin de Capaccini», le «Rhinolophe de Blasius» et encore moins le « Molosse d’Egypte» car ce ne sont que des Chiroptères, qui passent inaperçus, mais qui peuvent être facilement écrasés sans qu’on le veuille on qu’on le sache.

Les seuls animaux que j’ai pu reconnaître, c’est le Chardonneret, la belette et à un degré moindre le renard, parce qu’on l’affuble de «maléfique» et je ne sais pas en quoi, cela transforme le renard qu’on connaît.  Par contre, je ne sais comment reconnaître ce type de « coccinelle» et mieux encore, comment faire pour la protéger.

Sur un autre plan de lecture, j’estime que ce décret est mal venu et comporte une bévue de taille ! Parce que s’il y a une espèce d’animal à protéger, c’est bien l’outarde des Hauts-Plateaux et du Sud. L’Outarde, on l’a connaît bien, on la sent bien, et on peut la protéger si on le veut. Maintenant, si pour les raisons aphrodisiaques qu’on lui prête, elle fait courir les Emirs des Etats du Golfe, en les mettant dans tous leurs états, moi, je ne l’ai pas retrouvée  dans la liste provisoire des espèces à protéger. Etait-ce une censure del’Emir du Qatar, ou simplement, une auto-censure pour ne pas froisser nos illustres invités. Par contre, presque tous les types de faucons, chargés par les Emirs de débusquer les outardes sont eux, protégés par le décret en question.

Enfin,  je crois que cela devient ridicule de penser à «pondre» un décret dans ce sens. Il se trouve une espèce qui, à force d’être coincée entre une guéguerre «arabe-français»,  a perdu son intelligence ; coincée entre la burka, la tenue afghane, le Kamis wahabbite  et le costume trois pièces,  a oublié ses «el 3baya» (1), « el haïk»(2), « el M’laya »(3) et  « el 3mama»(4) ancestrales  et a perdu ses repères. Cette espèce animale la plus menacée à mon sens, et qui mérite qu’on  mette tous les moyens pour la protéger,  c’est bien……………… l’Algérien.

 

djillali@bel-abbes.info

 

(1)    Gandoura portée par les Hommes Algériens.

(2)    Voile traditionnel porté par les femmes algériennes.

(3)    Voile porté par les Femmes de l’Est généralement.

(4)     Turban de couleur jaune.

 

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