La stratégie définie et mise en place par le Pentagone au lendemain de la guerre d’Octobre 1973 qui avait pour but d’en finir définitivement avec la «fierté arabe» portée superbement par le trio «Nasser, Boumédiène et Hafed El Assad » d’une part, et d’autre part assurer une sécurité pérenne et sans faille à l’État d’Israël, demeure toujours d’actualité.
L’on se souvient que cette guerre – dont on célèbre très discrètement le quarantième anniversaire – qui a vu la participation de l’ensemble des Armées Arabes, a été accompagnée d’une stratégie économique qui a consisté à arrêter l’approvisionnement en pétrole de tout l’Occident, grâce à la présence du Roi Fayçal, un Homme que l’Arabie ne reverra pas de sitôt ! Il était pour chaque Arabe, une fierté inégalable de voir sur une télé noir & blanc, les citoyens des Pays occidentaux rouler à bicyclette ! N’était-ce la négociation unilatérale de Sadate –piètre remplaçant de Nasser – lors du honteux pacte de Camp David, Tel-Aviv aurait été occupée par les Armées Arabes !
Depuis lors, Kissinger, alors Secrétaire d’État US aux affaires étrangères, aurait déclaré : «Plus jamais ça !»
La stratégie devait se dérouler en trois phases :
La première consistait à mettre fin à la guerre froide en supprimant le bloc Est. Et comme les stratèges US accordent énormément d’importance à leur maxime «time is money» il était plus judicieux de faire d’une pierre deux coups, en manipulant la confrérie des Frères Musulmans, qui était déjà inféodée à la CIA depuis sa création. Ainsi naquit Ben Laden et les Taliban. Première mission, mettre fin à l’hégémonie russe à l’Est de l’Europe. L’Afghanistan sera le tombeau du Bloc Socialiste.
La seconde étape consistait à neutraliser les Pays Arabes les plus influents. Eliminer Boumédiène, Fayçal et affaiblir les autres et notamment le jeune officier Gueddaffi. C’est à travers la manipulation de la Ligue Arabe par le biais des marionnettes des micro-Etats du Golfe que l’opération sera menée. Sur le plan économique, le pétrole connut sa crise la plus grave où le baril est descendu jusqu’à 10 dollars US, menant l’Algérie notamment à une situation de cessation de paiement.
Cette phase sera accompagnée par une déstabilisation des Pays Arabes en recourant à l’émergence de la mouvance Islamiste. L’on se rappelle des maquis de Bouiali, bien avant la venue du FIS. C’est cette phase qui prend le plus de temps avant d’aboutir à la dernière. Les pétrodollars aidant et l’allégeance des micro-états du Golfe permirent à terme aux stratèges des officines US de mettre au point la conclusion finale : « Les révolutions » Ainsi, la Tunisie, l’Égypte, la Libye et la Syrie seront les terrains de prédilection. L’objectif étant de placer des régimes « démocratiques » à même de reconnaître et se soumettre à l’État d’Israël. Affaiblis par une longue époque de dictature, ces pays se remettent mal de leur révolution, faiblesse accentuée par l’entrée en jeu de la mouvance islamiste revendiquant le pouvoir, grâce à l’adhésion massive des populations, connues par leur soumission à la Religion. Le but est de fractionner les États Arabes en micro-Etats sur une base ethnique, confessionnelle ou tribale. Jusqu’à l’heure, la stratégie fait son chemin et le Soudan aura été la première expérience grandeur nature, qui réussit. La suite concernera l’Égypte, mais surtout la Syrie, la Libye et l’Irak qui s’acheminent inévitablement vers un «lotissement» Israël est partie prenante dans la réalisation de cette stratégie à long terme. «Depuis la fin de la guerre d’octobre, nous avons des agents disséminés dans plusieurs Pays Arabes à différents niveaux, dans les milieux politiques, économiques, culturels et sociaux et qui peuvent faire la promotion d’Israël, tout comme ils peuvent provoquer des destructions » a dévoilé Amos Yadlin, Général Israélien Ex patron d’une branche du Mossad et actuel Directeur du Centre d’études et de Recherche de Sécurité Nationale lié au Tsahal. « Nous sommes désormais capables de provoquer et d’exacerber des crises tribales, confessionnelles et des tensions sociales et ainsi maintenir ces Pays sous pression interne. » Conclut-il. Déjà, les USA se conduisent en territoire conquis. L’exemple du rapt en plein jour, en plein centre de Tripoli d’abou Anas El Libbi par un commando américain en est la parfaite illustration. Ce qui a fait réagir un internaute libyen : « En Lybie, tous les services de renseignement du monde travaillent, sauf celui des Libyens ! »
L’Algérie, au demeurant, n’est pas du reste .Les tentatives de déclenchement d’émeutes, de mobilisation à travers les réseaux sociaux, l’implication de l’inénarrable BHL, n’ont à ce jour, pas réussi. La récidive s’est faite par le biais des tensions tribales et régionales. D’abord au niveau de l’éternelle manipulation de marionnettes inféodées à l’ex-colonisateur et « représentant » la région Kabyle où l’on a vu Ferhat M’Henni intervenir au sein de l’Assemblée Nationale Française et déclarer que la guerre d’Algérie était une erreur, avant de revendiquer publiquement l’autonomie de la Kabylie, ne voila-t-il pas que Said Saadi comme pour prendre à témoin le monde de son amitié avec BHL, se prend en photo avec le même BHL en train de lui faire une «caresse » à l’épaule ! Ensuite, les stratèges initient des tensions et des crises au niveau du Sahara. D’abord à une échelle régionale en mettant en exergue les inégalités économiques et sociales, ensuite au niveau confessionnel en exacerbant le conflit entre Ibadites et Malékites au niveau du M’Zab.
Si jusqu’à présent, le peuple vacciné par les évènements d’octobre, a su se prémunir, il devient urgent de répondre à ses aspirations par le pouvoir en place. Car, quelque soient les manipulations et les stratégies développées dans les laboratoires, elles ne peuvent à elles seules, manipuler un Peuple rompu aux vicissitudes politiques, si le terrain n’est pas miné de l’intérieur.
Or, l’on constate que le Pouvoir en place ne procède à aucune mesure de nature à permettre à ce Peuple de vivre dignement et de défendre l’intégrité de son Pays. La corruption, les passes-droits, le chômage, la mal-vie sont son lot quotidien. La distribution inégale de la rente corrompt tout le Peuple qui revendique tout gratuitement et se complaît dans l’assistanat. Si jamais, les recettes d’hydrocarbures continuent à baisser du fait de la manipulation des prix du baril, atteignant un niveau qui ne permettrait plus cet assistanat, alors, la réaction serait fatale. Il faut retenir que les USA sont devenus désormais premier producteur mondial de pétrole et de gaz, devançant l’Arabie Saoudite et la Russie. Ce sera désormais eux qui détermineront les prix à faire valoir .Et si une perte sèche de quelques mois leur permettrait de déstabiliser un Pays, ils ne se gêneraient surement pas.
Il est facile d’accuser « la main étrangère » même si celle-ci existe et c’est de bonne guerre ; mais le grand problème qui risque d’imploser la Société Algérienne est d’abord d’ordre interne. La bureaucratie, les dénis de justice, la corruption, le chômage et les horizons fermés par un cadrage systématique de la vie politique squattée par la lutte des clans au pouvoir, sont des ingrédients naturels d’une recette explosive que l’on s’empressera de mettre sur le dos du chef cuisinier de la « main étrangère »
Pourtant, un homme averti en vaut deux !
djillali@bel-abbes.info