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Chronique du jeudi: PROFESSION, «PARKINGUEUR»

ByDjillali C.

Août 6, 2015

« Parkingueur » : nom commun masculin singulier de la langue «Algérien». Personne qui s’érige, s’impose comme gardien exclusif de votre véhicule stationné que vous le vouliez ou pas. L’essentiel est que vous payez. Et si vous optez pour un courage inattendu, au retour, vous êtes sûr de trouver les 4 pneus crevés et au moins une vitre cassée. Si vous avez un peu de chance, vous trouverez intact votre radio.
« Solariste« : Nom commun masculin singulier, de la langue « algérien» ou «darija» ou «langue maternelle» Gérant d’un solarium. Même si l’Etat l’interdit, il s’impose et impose son parasol et squatte la plage. Si vous voulez vous baigner, vous devez laisser votre parasol dans le coffre de votre véhicule et louer une place chez le solariste.
Un beau métier que d’être «parkingueur» ou solariste. Beau par l’argent qu’il fait générer. Un solariste de Bomo-Palage m’a un jour fait un aveu qui m’a fait pâlir de jalousie et fait méditer longtemps. Il m’a avoué avec un sourire au coin, qu’il engrangeait les jours du weekend, jusqu’à 5 briques par jour!Cela fait un sacré pactole de 150 briques par mois!
Pour le parkingueur, il est très simple d’estimer. Imaginons donc un parkingueur au niveau du centre-ville, disons à tout hasard, la rue qui longe le Mess. Supposons que cette rue prend au moins une centaine de véhicules. Supposons également qu’il y ait un seul roulement durant toute une journée, c’est donc 200 véhicules. A raison de 50 DA le véhicule, cela fait quand même 10.000 da/jour, soit trente briques/par mois. Comment voulez-vous que le parkingueur et le solariste ne se rebellent pas contre l’Etat qui veut réglementer les opérations. C’est donc un métier stable et d’avenir qui ne requiert aucune exigence d’accès au poste, juste de la témérité, un gourdin et pas d’éducation. Bonus, et pour faire sérieux, achetez-vous une chasuble fluorescente de préférence Jaune et rouge.
L’Etat a prouvé à travers ces deux exemples qu’il lui est quasi-impossible de rétablir l’ordre. Ainsi, il est obligé de répondre aux doléances des citoyens qui ferment la route pour des dos-d’âne, aux revendications d’un demandeur de crédit ANSEJ qui menace de s’immoler, aux enseignants qui exigent un emploi du temps aménagé pour pouvoir assurer leurs cours particuliers….
Comment voulez-vous que cet Etat fasse face aux élucubrations des uns et des autres dès qu’une tentative de sortir l’école de son marasme est entreprise?
Un Etat qui se débarrasse d’un Ministre qui a promis de rendre publique la liste des importateurs n’est qu’un Etat pris en otage par ses mêmes importateurs.
La conférence que vient d’organiser la Ministre de l’Education a permis un débat entre professionnels qui a permis de retenir 200 recommandations. Quelle est la recommandation qui a retenu l’attention de tout un Peuple, quelle est cette recommandation qui fait débat partout, à la télé, dans la rue, sur les réseaux sociaux. Triste de savoir que c’est la recommandation d’utiliser la langue maternelle au niveau du préscolaire. Nous n’avons retenu que ça pour crier au scandale et vouer aux gémonies Madame BENGHABRIT pour crime contre les constantes nationales. Dans peu de temps, elle sera accusée d’hérésie et fera l’objet d’un fetwa qui proclamera que l’utilisation de la langue maternelle est «layajouz» !
Moi, j’aurai préféré être informé sur les 199 autres recommandations. J’aurai tant aimé savoir si parmi elles, figurent le moyen de mettre fin aux cours particuliers dans les garages, les moyens à mettre en œuvre pour mettre fin à la violence dans les établissements scolaires, ainsi que la formation continue des enseignants.
Non, on préfère tergiverser sur les intérêts à préserver à travers une langue utilisée au même titre que la religion dont elle assure le support, juste comme un fonds de commerce. L’anarchie dans nos écoles et lycées ne peut se réduire au débat sur l’utilisation ou non de la «darija» dans le préscolaire.
A une certaine époque, on conseillait à celui qui voulait gravir les échelons du Parti unique, de s’initier à la langue arabe et surtout d’apprendre par cœur certaines tournures du genre «in della 3ala chey’in, fa innama yeddoulou 3ala….» Aujourd’hui, il faut faire semblant de défendre la langue arabe contre les moulins à vent. Quand l’Etat est incapable de défendre sa politique, quand il est pris en otage par un parkingueur, alors, les Dons quichotte sont partout dans ses rouages et surtout à l’Hémicycle!

djillali@bel-abbes.info