Corruption à Sonatrach: Mandat d’arrêt contre Bedjaoui et nouvelles révélations explosives impliquant Khelil et Meziane

Le quotidien italien Il Corriere della Sera publie aujourd’hui, mardi 6 août, de nouvelles révélations sur l’affaire de corruption impliquant la société italienne Saipem en Algérie. Ainsi, les investigations se sont accélérées en Italie dans l’affaire des fonds versés à des dirigeants algériens.

Sur la base de déclarations faites par Tullio Orsi, l’ancien président de Saipem Algérie qui bénéficie d’un statut de « repenti », le juge d’instruction Alfonsa Ferraro reconstruit tout le parcours de Saipem en Algérie.

En tout, ce sont sept contrats pour une valeur de huit milliards d’euros obtenus en contrepartie d’un paiement, entre 2007 et 2010, d’une commission, déjà mise au jour, de près de 2,5% du contrat, pour un montant de 197 millions de dollars en compensation de services de courtage fictifs fournis par « Perle Partners Limited », une société de Hong Kong gérée par le syndic algérien, Samyr Ourayed, mais en réalité appartenant à Farid Bedjaoui, 44 ans, titulaire d’un passeport français et résidant à Dubaï. Il était appelé « le Jeune » et connu pour être le référent du « Vieux », c’est à dire le ministre algérien de l’Énergie Chakib Khellil selon les éléments de l’enquête.

L’ancien directeur des opérations de Saipem, Pietro Varone, quelques semaines avant son arrestation, a ainsi passé des aveux importants, à commencer par le fait que « Perle Partners et Bedjaoui sont la même chose », et que « Bedjaoui m’a dit explicitement qu’il donnait de l’argent au ministre de l’Énergie Chakib Khelil ». Il a ajouté que les contacts avec le ministre dans le cadre du contrat « Menzel Ledjimet East » avaient été soutenus au plus haut niveau par le PDG d’ENI, Paolo Scaroni, et que les trois personnages principaux, à savoir Khelil, Scaroni et Bedjaoui, s’étaient rencontrés plusieurs fois à Paris, Vienne et Milan.

La presse italienne renvoie vers des actes judiciaires que les juges sont en train d’accomplir. Ainsi, la procureure de Milan a lancé un mandat d’arrêt international contre Farid Bedjaoui et des commissions rogatoires sur des comptes détenus par Farid Bedjaoui et ses proches, dont Chakib Khellil, à Singapoure et Hong Kong pour des montants de 123 millions de dollars, mais également à Beyrouth et Panama pour des montants aujourd’hui inconnus.

Mais, c’est également le rôle de l’ancien président de Sonatrach Mohamed Meziane qui devra être éclairci. Ce dernier aurait  également bénéficié de voyages en Italie agrémentés de 100 000 dollars. Son fils aurait, lui, hérité d’un contrat de conseil avec Saipem facturé 10 000 euros par mois et le chef de cabinet de l’ancien président de Sonatrach Mohamed Reda El Hameche aurait, lui, perçu une commission indue de 1 750 000 dollars.

Hayet Zitouni/TSA

2 thoughts on “Corruption à Sonatrach: Mandat d’arrêt contre Bedjaoui et nouvelles révélations explosives impliquant Khelil et Meziane

  1. «La loi doit avoir autorité sur les hommes, et non les hommes sur la loi » (Pausanias)

    S’il y a une seule Loi qui est respectée chez nous, c’est bel et bien la Loi Du Silence. La magouille, les contrats suspects, les affaires louches… tout est passé sous silence. Bon nombre de nos gestionnaires vaquent à leurs «affaires» dans une quiétude totale. Des «arrangements» juteux ont lieu dans le calme, avec grand savoir-faire et parfaite discrétion.

    Neveu de ministre, ministre, P.D.G., chef de cabinet de P.D.G., et certainement bien d’autres n’hésitent point à tremper les dix doigts dans la jarre de miel confiée à leurs bons soins par l’Etat. A l’ombre du népotisme, du manque de contrôle, de l’impunité, ils se font sans le moindre effort des fortunes ici et ailleurs.

    Mais comme les beaux rêves ne durent jamais, il faut que survienne d’outre-mer ce hic tout à fait imprévu : un «repenti» qui ne peut plus tenir sa langue et une procureure qui ne lésine pas sur les efforts pour lancer un mandat d’arrêt et des commissions rogatoires.

    Du moment que chez nous, la Justice se trouve muselée et les «repentis» n’ont donc pas leur raison d’être, il faut avouer quand même que c’est un brin de bonheur pour notre peuple, le fait que les Italiens respectent leur Loi et bafouent la nôtre. Celle du silence bien entendu.

    Saha Shorkoum !

  2. Sans doute, ceux qu’on cache sont plus nombreux que ceux qu’on dénonce. Tous des voleurs!

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