Aujourd’hui c’est le 19 Juin, une journée pleine d’évocation pour le peuple Algérien même si au cours de la dernière décennie ,l’on a fait en sorte que cette journée passe très vite. Oui, elle passera très vite, probablement dans quelques décennies mais tant que la génération post indépendance est là,nous n’omettrons pas aujourd’hui et dans les mêmes circonstances de faire une halte, nous tirons de nos archives, un article fait il y a quatre ans par A. Jabli pour BAI.
Même si tous nos regards sont dirigés vers l’Afrique du Sud où se jouera un match décisif par notre onze national ce jour 18 juin face à une équipe des plus dangereuses de cette coupe et qui est considérée comme favori à ce tournoi, Cela ne nous gène pas de faire un survol sur la journée de demain 19 juin qui marque deux anniversaires : le premier concerne l’arrivée à la tête de l’état du colonel Houari Boumedienne , suite à un coup d’état au président Benbella. Le second anniversaire concerne un illustre Chahid en la personne de Ahmed Zabana qui fut guillotiné un 19 juin à Alger.La sinistre guillotine avec laquelle fut exécuté Ahmed Zabana et tant d’autres moudjahidines, se trouve au musée central de l’armée.
Nous avons jugé utile de faire une petite compilation par ci et par là que nous ne cesserons d’améliorer d’ici à l’année prochaine pour son 55ème anniversaire.
Jugé sommairement et condamné à mort, il fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l’échafaud, le 19 juin 1956, dans l’enceinte de la prison de Barbarousse, sur les hauteurs d’Alger. Son exécution ainsi que celle de Ferradj avaient été réclamées à cor et cri par les milieux colonialistes dits « ultra », qui en firent un motif de satisfaction. Mais l’événement provoqua dans l’opinion algérienne un mouvement de colère si puissant qu’il ne tarda pas à se traduire par une série d’actions anticolonialiste. C’est ce climat d’effervescence qui prépara la bataille d’Alger.
– Ahmed Zahana, plus connu sous le nom de Zabana, est né en 1926 dans un Douair d’Al Mahaja El Ksar près de Zahana (St Lucien) à 32 km dans la banlieue d’Oran, Chahid H’mida est issu d’une famille appartenant à la grande tribu des Chorafas d’Al Mahaja de la Zaouia Derkaouia, Après sa mort il est enterre dans le grand village de sa région natale Zahana (St Lucien).
– Il y fit ses études primaires, obtint son certificat d’études et s’inscrit dans un centre de formation professionnelle l’école de formation des métiers de chaudronnerie, électricité et soudure située au sous-sol du marché karguentah (centre ville d’Oran, aujourd’hui place Zeddour Brahim) où il apprit le métier de soudeur. Il a travaillé à la cimenterie de la Cado (Zahana) dans la banlieue d’Oransituée à 10 kilomètre d’El Gaada. Par ailleurs, on saura qu’Ahmed Zabana a joué à l’ASM Oran en équipe réserve.
– En 1949, Ahmed Zabana (Zahana) adhère au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Son dynamisme ne tarda pas à attirer sur lui l’attention de la police française qui l’arrêta le 2 mars 1950. Il fut condamné par la justice coloniale à trois ans de prison et trois ans d’interdiction de séjour.
– Dès sa libération, il reprit ses activités politiques avec autant d’ardeur que par le passé et participa aux préparatifs du déclenchement de la guerre de libération nationale. Dans la nuit du 1er novembre 1954, il organisa avec un groupe d’insurgés l’attaque contre le poste des gardes forestiers d’Oran. Le 11 novembre de la même année, à l’issue d’un accrochage meurtrier au cours duquel il fut d’ailleurs blessé, à Ghar bou jlid, il fut prisonnier et conduit d’abord à l’hôpital, ensuite à la prison d’Oran.
– Après la dissolution du Comité Révolutionnaire pour l’Unité et l’Action le 5 juillet 1954, Zabana fut désigné par Larbi Ben M’hidi en tant que responsable de la zone de St Lucien (Zahana) Banlieue d’Oran (actuellement Daïra de Zahana), chargé de préparer la Révolution avec tout le nécessaire en munitions et hommes.
– En application des ordres reçus, il organisa la réunion de St Lucien (Zahana) à laquelle assista le martyr Abdelmalek Ramdane et à l’issue de laquelle Ahmed Zabana se vit attribuer les missions suivantes.
– 1954 : Ahmed Zabana(zahana) a tenu une réunion avec son groupe de combattants au cours de laquelle furent réparties les missions et définis les objectifs ainsi que le point de ralliement à Djebel El Gaada : structuration et entraînement des groupes, choix des éléments adéquats aptes au commandement des hommes et inspection des positions stratégiques en vue de choisir les endroits susceptibles de constituer des bases pour la Révolution. Ahmed Zabana(zahana) réussit ainsi à constituer des groupes à st Lucien (Zahana), Oran, Ain Témouchent, Hammam Bouhadjar, Hassi el Ghalla, Chaabet, et Sig. Il chargea ces groupes de collecter les cotisations pour l’acquisition d’armes et de munitions. Avec Abdelmalek Ramdane, il dirigea les opérations d’entraînement militaire ainsi que les techniques pour tendre des embuscades, lancer des incursions et fabriquer des bombes. A Ghar Boudjelida (grotte de chauve souris) qui se trouve à El Gaada dans la banlieue d’Oran qui était le P.C (poste de commandement) de la ville d’Oran pendant la révolution ( Willaya v )
– Au cours de la réunion présidée par Larbi Ben M’hidi le 30 octobre 1954, la date du déclenchement de la Révolution, les objectifs à attaquer la veille du premier novembre furent définis avec précision.
– 1954 : la bataille de Ghar Boudjelida à El Gaada, le 8 novembre 1954 au cours de laquelle Ahmed Zabana fut capturé par les troupes françaises après avoir été atteint de deux balles il fut prisonnier et conduit d’abord à l’école communale d’El Gaada en attendant de l’acheminer ver l’hôpital. L’instituteur pied noir, Monsieur Casé, montra le blessé et ses compagnons déposés devant la porte du garage de l’école (fondée en 1905) à ses élèves, en leur disant : « voilà ce qui vous arrivera si vous suivez les rebelles ». Ensuite, Ahmed Zabana fut incarcéré à la prison d’Oran le 3 mai 1955, Le 19 juin 1956, il fut transféré vers la prison Barberousse (Serkadji) pour y être guillotiné. L’opération fut inhumaine si on ose dire : la première fois la guillotine s’est arrêtée sans toucher le cou du du condamné. Normalement, la loi prévoit l’arrêt de l’opération. Mais puisqu’il s’agit d’un indigène et de surcroît rebelle, le bourreau essaya une seconde fois sans succès, et c’est à la troisième qu’il décapita le martyr.
– Le musée des Beaux Arts d’Oran, Musée Demaeght du nom de son fondateur, fut renommé « Musée Ahmed Zabana » et comprend une importante collection d’oeuvres des peintres de l’ Ecole d’Alger et notamment des Prix Abd-el-Tif (1907-1961), la deuxième au monde après le Musée National des Beaux Arts d’Alger (MNBA).
A Sidi Bel-Abbes plusieurs édifice et artères portent son nom à commencer par Trig Maascar qui porte le nom du Boulevard Ahmed Zabana.
Mes chers parents, ma chère mère. Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu’il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n’a pas de fin et la mort pour la patrie n’est qu’un devoir. Vous avez accompli votre devoir puisque vous avez sacrifié l’être le plus cher pour vous. Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi. Enfin, recevez les salutations d’un fils et d’un frère qui vous a toujours aimés et que vous avez toujours aimé. Ce sont peut-être là les plus belles salutations que vous recevrez de ma part, à toi ma mère et à toi mon père ainsi qu’ à Nora, El Houari, Halima, El Habib , Fatma, Kheira , Salah et Dinia et à toi mon cher frère Abdelkader ainsi qu’à tous ceux qui partageront votre peine. Allah est Le Plus-Grand et Il est Seul à être équitable. Votre fils et frère qui vous aime de tout son cœur H’mida.
A. JABLI
Article paru sur BAI (ancienne version ) 18 juin 2010
Mr Mostefa Boudina, l’un des plus jeunes condamnés à mort, a été emprisonné dans les couloirs de la mort à la prison de fort Montluc, près de Lyon en France, où il a subi de terribles tortures, puis mis en détention préventive jusqu’à sa libération à l’indépendance où il avait bénéficié de l’amnistie générale. Dans son livre « La nuit à peur de l’aube » il décrit ce que ressentaient les condamnés lorsque l’aube venait, et que les bourreaux tranchaient les têtes des prisonniers. La guillotine qui a opéré en Algérie depuis 1843 jusqu’à 1962 en tranchant plus de 400 têtes d’Algériens, dont 218 uniquement de 1956 à 1962 et une cinquantaine après les événements du 8 Mai 1945. Il s’avère que cette guillotine, transférée en Algérie, est celle qui a été utilisée lors de l’exécution du roi Louis XVI. Ils parlent aussi des tortures, car, tout de suite après l’arrestation les prisonniers subissent toutes les séries de tortures…. !!!!
Dans l’un de ses chapitres, il parle de ces martyrs qui ont offert leur vie pour l’indépendance comme celui du frère Zabana qui fut le premier sacrifié et le frère Farradj. Il y a, entre autres, cette célèbre phrase de Zabana quand il écrit « Mourir pour la cause de Dieu, c’est la vie éternelle et mourir pour la patrie, ce n’est qu’un devoir”. Je pense que cette phrase est retentissante de vérité car nous devons la transmettre aux nouvelles générations. Il ne faut pas oublier aussi le message du frère Khellifi qui avait dit, au moment où il devait être extrait de sa cellule : « Présentez mon salut à ma mère et à l’Algérie indépendante et dites à la jeunesse algérienne de ne jamais pardonner aux criminels ; dites-lui d’aimer son pays plus que nous, nous mourrons pour l’Algérie et uniquement pour elle. »…. !
Mr Boudina déclare aussi que dans ce livre,il y a également une réponse cinglante et des contre-vérités quant au film de Zabana. Je prends l’exemple de cette image dans le film qui montre Zabana en train de tuer le garde-forestier, alors que ce dernier faisait du mal à nos femmes. Au lieu de montrer une séquence de cet homme en train de sévir contre nos sœurs et ensuite montrer Zabana intervenir pour faire justice, on le montre en train de tuer ce garde et sa femme pleurer.
Ce qui donne déjà aux gens de l’autre côté de la Méditerranée l’occasion de dire, c’est un terroriste. Il y a aussi cette image du héros qui fait une sorte de promenade touristique à l’intérieur de la prison Barberousse, alors que pour nous, ce lieu était un véritable enfer et que le condamné à mort ne pouvait pas marcher normalement puisqu’il avait un gros boulet aux pieds et les mains enchaînées, et cela ne ressort pas dans le film… !!!!
Allah Yarham Echouhadas