“Hallaba” et hausse de la consommation amplifient la crise du carburant à Tlemcen

Les “hallabas” en R 25 ou R 21 siphonnent une bonne partie du carburant des stations d’essence de Tlemcen pour le revendre au Maroc. L’activité se fait au grand jour et indispose les automobilistes ordinaires qui n’arrivent pas à trouver du carburant. Avec l’été, la pénurie s’est aggravée et s’est étendue aux wilayas voisines.

La difficulté d’approvisionnement en carburant que connaît traditionnellement Tlemcen s’est amplement aggravée cet été. Passée au stade d’une véritable crise durant la période estivale, elle s’est étendue aux wilayas voisines, comme Aïn Temouchent et Sidi Belabbès, dont les automobilistes ont connu de sérieuses perturbations d’alimentation en carburants en juillet. Signe d’un accroissement de la consommation en raison de la hausse du nombre de véhicules (résidents et de passage), mais surtout d’une augmentation du trafic transfrontalier avec le Maroc. Les plus récentes données de l’Office national des statistiques (ONS) indiquent qu’au 31 décembre 2009 le nombre d’automobiles immatriculées dans la wilaya de Tlemcen est estimé à 118.742 automobiles (2,85% du total des véhicules en Algérie), contre 92.034 voitures six ans plus tôt (3,04% de l’ensemble de l’époque), soit un accroissement annuel moyen de 4.450 nouvelles immatriculations dans cette wilaya durant cette période. A cette hausse de la demande s’ajoute le trafic de carburant dans cette région. Les “hallaba” (contrebandiers) occupent la quasi totalité des stations service de Tlemcen et se comportent en maîtres indétrônables, sillonnant les routes de la wilaya comme des fourmis à la quête de la moindre goutte d’essence et de gasoil à exporter vers le Maroc. S’ils se font discrets dans la dizaine de stations de la ville de Tlemcen, les véhicules des contrebandiers sont largement dominants dans celles des communes et des daïras la périphérie du chef lieu de wilaya (Ghazaouet, Remchi, Nedroma et Maghnia…). Sur l’axe Ghazaouet-Nedroma, les chaines des automobilistes devant les stations d’essence commencent dès l’aube. Dans certaines stations, on n’hésite pas à rationner la distribution en limitant à 600 DA l’approvisionnement des automobilistes. Une pratique déjà instaurée aux frontières de l’Est du pays où le trafic est plus récent, bien que plus aggravé par la crise en Libye. Dans la commune de Tounane (Ghazaouet), l’unique station service (privée), qui ne fonctionne que quelques heures par jour, offre le spectacle quotidien des files de plusieurs dizaines de véhicules, dont des vacanciers. Pour ceux qui n’ont pas pu se faire servir, il est toujours possible de s’approvisionner chez des “revendeurs” pour 400 DA le bidon de 10 litres d’essence.Dans les villages frontaliers, comme Souani, Bab El-Assa, Benkrama, Sellam, Boukanoune, Marsa-Ben-M’hidi, Sidi Boujenane et Souahlia, ils sont carrément les maîtres des lieux.

A ciel ouvert

En fait, il n’est pas très correct de parler de “trafic” de carburant, car les “hallaba” opèrent en plein jour et sont facilement identifiables avec leurs vieux véhicules de marques Renault 25 et 21, et Mercedes ancien modèle, dont certains portent encore les matricules d’autres wilayas. Depuis l’ouverture du tronçon ouest de l’autoroute Est-Ouest, nombre d’automobilistes de Tlemcen s’approvisionnent dans d’autres wilayas voisines pour fuir les chaines interminables des stations service de la ville et des proches localités. On n’hésite plus à aller à Sidi-Bel-abbès, située à près de 70 km, pour faire le plein. Rencontré dans une des stations sur la route Ghazouet-Nedroma, un délégué médical, qui est obligé de parcourir toutes les localités de la wilaya de Tlemcen pour démarcher ses clients, affirme que “la crise s’est faite sentir depuis mai dernier” et s’est aggravée avec “l’arrivée des grandes vacances”.

Sidi-Bel-Abbès sous pression

En fin de semaine, cet usager de la route n’hésite pas à aller jusqu’à Sidi-Bel-Abbès pour s’approvisionner en gasoil afin “d’éviter de passer le week-end à faire la queue dans une station d’essence”. Il avoue même s’être constitué un stock de 30 litres pour « éviter toute mauvaise surprise ». Ce qui est valable pour les simples automobilistes, l’est aussi pour les contrebandiers qui, eux aussi, vont plus loin chercher des « quotas » supplémentaires. La dernière semaine de juillet a été particulièrement stressante pour les bel-abessiens qui ont dû faire face à une concurrence au coude à coude dans les stations service avec les automobilistes de passage, en particulier ceux empruntant l’autoroute Est-Ouest, mais également ceux en provenance de Tlemcen. Ce qui ne se passe pas sans heurts. Il n’est pas rare qu’il y ait des disputes et des échanges violents entre les consommateurs « ordinaires » et les « hallaba ». Le trafic transfrontalier et la hausse de la consommation suffisent-ils à expliquer cette crise d’approvisionnement en carburant à l’extrême ouest du pays ? Pour certains, il serait également utile de s’intéresser à l’approvisionnement des stations d’essence dans ces régions, voire même aux capacités de production de l’Algérie par rapport au parc automobile qui a dépassé la barre des 4.170.000 véhicules à fin 2009.

Abdelkader Zahar
Maghreb emergent

One thought on ““Hallaba” et hausse de la consommation amplifient la crise du carburant à Tlemcen

  1. Des harkis qui se disent algeriens qui vendent à nos “freres” marocains, la richesse principale du pays..Jamais vous ne verrez l’inverse..des produits marocains sensibles vendus par contreband à l’Algerie..nos “freres” marocains préfèrent nous innonder de drogue et alcool..pendant que nos harkis pillent le pays pour gagner 3 cacahuetes et faisant prendre des risques inconsidérés aux citoyens par leur citernes ambulantes..les forces de securité marocaines sont largement complices pour permettre ce trafic qui saigne toute une region..nos “freres” marocains nous aiment trop sans doute…Je regrette Boumedienne, Zeroual..des Hommes..On a un Oujdi et sa clique au pouvoir, comment voulez vous que notre pays n’en patisse pas ?..

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