La première charte des droits des prisonniers promulguée par l’Emir Abdelkader en 1843

SAIDA – La première charte des droits des prisonniers fixant les conditions de leur traitement avait été promulguée en 1843 par l’Emir Abdelkader, soit 21 ans avant la Convention de Genève, a affirmé, samedi à Saida, le président d’honneur de la Fondation Emir Abdelkader, M. Driss El Djazairi.

“Le fondateur de l’Etat algérien moderne avait donné en 1837 des instructions écrites à ses troupes leur interdisant de tuer, de torturer ou de maltraiter les prisonniers de guerre français”, a indiqué M. El Djazairi lors d’une conférence sur la criminalisation du colonialisme français, organisée par la section de wilaya de la Fondation.

Ces instructions, a-t-il expliqué, ont été ensuite suivies par la tenue d’une grande rencontre à laquelle ont assisté plus de 300 chefs militaires et politiques en 1843 où une charte a été approuvée fixant les droits des prisonniers et les conditions de leur traitement. “L’Emir avait même consacré une récompense aux Algériens qui remettaient à ses troupes un prisonnier et des sanctions contre les populations maltraitaient des prisonniers”, a-t-il dit.

Le conférencier a ajouté que l’Emir avait organisé une “première opération d’échange de prisonniers avec l’armée française lorsqu’un prêtre est intervenu pour libérer un comte français fait prisonnier et avait même demandé à l’église catholique de déléguer un prêtre pour prendre en charge l’aspect religieux des prisonniers chrétiens, en guise de reconnaissance des droits religieux des prisonniers”.

M. Driss El Djzairi a également affirmé que ce qu’avait fait l’Emir Abdelkader découle d’une profonde compréhension de la religion musulmane, une religion de tolérance, de droit, de pardon et d’égalité, qui aujourd’hui, “est combattue au nom de la mondialisation dans des pays qui se disent démocrates et prétendent défendre les droits de l’Homme”.

“Le Coran parle de la différence de races et de langues comme facteurs d’échanges, de coopération et de diversité et non de conflits. Cette compréhension profonde de l’Islam a permis à l’Emir d’éviter à 12.000 chrétiens et juifs un massacre certain en 1860 à Damas”, a-t-il encore souligné.

Le président d’honneur de la Fondation Emir Abdelkader a interpellé, à la fin de sa conférence, “la France, qui prétend à la démocratie et à la défense des droits de l’Homme à reconnaître ses crimes perpétrés en Algérie durant la période coloniale comme signe de loyauté envers les valeurs auxquelles elle s’attache”.

Pour sa part, le général major en retraite, Abdeslam Bouchouareb, a signalé, dans son intervention, que des écrivains français reconnaissent que “la France coloniale a tué 4 millions d’algériens entre 1830 et 1872”, ajoutant que le nombre des martyrs de la Révolution du premier novembre 1954 est estimé à 1 million 500 mille chahids, soit un bilan de 557 chahids tués par jour, “un chiffre qui n’a été enregistré dans aucune autre colonisation et qui fait du colonialisme français en Algérie le plus odieux dans l’histoire”.

L’intervenant a également affirmé que la révolution de l’Emir Abdelkader représente le détonateur de toutes les révolutions qui l’ont succédée à commencer par celle de Zaatchas à Bouamama et à El Mokrani jusqu’à la Révolution du 1er novembre, où les moudjahidines qui avaient passé des années dans les maquis s’étaient inspirées de la détermination de l’Emir à combattre l’occupant français depuis l’âge de 17 ans.

Le professeur Said Benabdallah a traité, pour sa part, des circonstances de la guerre de libération où il fut officier dans la sixième zone de la wilaya V historique, rappelant les énormes sacrifices consentis par le peuple algérien pour son indépendance.

M. Mustapha Sahraoui, chef de la section de la Fondation Emir Abdelkader à saida a entretenu l’assistance de la participation des tribus de cette wilaya à l’effort de guerre de l’Emir Abdelkader, qui utilisait Saida comme base arrière