Le Lac de Sidi Mohamed Ben Ali: SAUVETAGE EN VUE?

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                  Il y a quelques jours M. Abdelkrim, du quotidien national El Watan, reprend le problème du Lac Sidi M’Hamed Ben Ali attribuant au nouveau Chef de l’Exécutif une déclaration dans laquelle il aurait admis que le plan d’aménagement de ce plan d’eau est « inapproprié ». Force est d’admettre que c’est là une claire vision qui nous laisse penser que notre nouveau Wali  est possesseur d’une saine culture environnementale. La nouvelle a vite fait le tour des chaumières et les prémices, annonciatrices d’une embellie environnementale commencent à se faire l’écho au sein de la société civile.

Déjà, à l’époque où l’on avait su que des travaux allaient être entrepris sur ce site, des réactions de désapprobations motivées ont commencé à paraitre sur le Net. Une voix s’est élevée avec sagesse et a utilisé Belabbes.info et la Voix de l’Oranie à deux reprises pour lancer un cri de cœur qui n’a fait ni réfléchir ni infléchir l’ancien Wali encore moins lui faire bouger le petit doigt pour élargir la concertation aux citoyens versés sur le sujet, lui qui s’est engagé à « laisser derrière lui une ville pour cent ans » que les encenseurs et les thuriféraires ont repris à la lettre et à l’unisson. Les travaux sont quand même lancés et le massacre en est le bouquet final.

Puisqu’ils restent d’une brulante actualité nous reproduisons ci-dessous ces deux textes, dans l’ordre de leur parution, et signé par notre sage et grand frère, dans toutes les acceptions de cette épithète, Abdelhamid ABDEDDAÏM.

 senni@bel-abbes.info 

   

                                   1.     LE LAC DE SIDI M’HAMED BEN ALI… ET LE RESTE

                                                               Par Abdelhamid ABDEDDAÏM

« Un problème livré à lui-même se dessèche ou pourrit. Mais fertilisez un problème à l’aide d’une solution et vous allez en faire des dizaines »  de « Un tintement tonitruant » in Salem op cit. Norman Frederick SIMSON (né en 1919).

« Nul ne fait injure à personne en usant honnêtement de sa raison ». Boccace. (1313-1375) in Le Décaméron (1350-1353).

Restons dans le rêve éveillé pour nous soustraire aux cauchemars angoissants du court terme qui succombent à l’attraction de l’immédiat. Vouloir marquer son temps ne se fait pas dans la précipitation. Pour réaliser le lac de Sidi M’Hamed Ben Ali, il a fallu aux élus de la Commune de Sidi-Bel-Abbès beaucoup de débats et de réflexion. Il a été réalisé à la pelle et à la pioche, de longues années durant, en respectant les dénivellations du relief et ce dans le but de contenir les crues de la Mékerra qui avait, auparavant, causé des dégâts considérables par ses inondations moult fois répétées. Le barrage de l’Oued Sarno, un modèle du genre a complété la vision d’ensemble consistant à créer une réserve d’eau pour la ville de Sidi-Bel-Abbès, comptant à l’époque 30 000 âmes.

Avec une population actuelle d’environ 220 000 habitants intra-muros, voire 500 000 à l’horizon 2050, il aurait été judicieux  de procéder à une étude d’impact pour l’extension du lac à la fois pour augmenter les sources en eau de la ville et l’élargir dans un but écologique l’inscrivant, ad vitam æternam ou, à tout le moins, dans une longue durée, dans le répertoire mondial des zones humides. Le financement de cette extension pourrait même être assuré par une organisation internationale. Voila un projet ambitieux qui ferait de son inspirateur ce que fut Eiffel par la Tour parisienne attirant aujourd’hui, bon an  mal an,  dix millions de touristes  chaque saison.

Les installations sportives et récréatives vont totalement à l’opposé de la vocation du lac et spécialement dans cette décennie que l’ONU a destinée à l’écologie. Comment peut-on accepter de sous – utiliser des installations sportives en plein centre-ville, voire même les abandonner comme tel est le cas pour les courts de tennis pour aller en implanter d’autres autour d’un lac que le bon sens nous dicte de protéger et ce à quelque deux kilomètres de la ville pour ne le destiner en définitive qu’aux seuls promeneurs  véhiculés imposant de ce fait la mise en place de parkings encombrant encore le site, sans omettre l’armada de « Karsan » qui ne manqueraient pas d’en faire une destination juteuse à même de donner certaines idées à ceux qui n’en ont pas. Ajoutons les concerts de « Raï » et je ne sais quoi d’autre. Le comble de l’aberration serait atteint par je ne sais quel concert qui métastaserait irrémédiablement une nature fragile par essence.

Je crois pouvoir dire sans risque d’erreur que la première année d’expérience après les travaux suffirait pour évaluer les dommages et les dégâts causés à l’environnement. Alors aucun replâtrage ne sera possible quels que soient l’énergie et les moyens qui seront déployés.

J’ai fait allusion par ailleurs à l’extension du lac qui pourrait être une source – sans jeu de mots – d’emploi considérable dans la pisciculture et dans le domaine forestier. Non aux gradins ! Non à l’embarcadère ! Non à la kheïma ! Non aux installations sportives ! En revanche, oui à la faune et la flore qui ont besoin, plus que jamais, de quiétude et d’être vigilamment prémunis contre les prédateurs que des calculs bassement mesquins ne font reculer devant rien. La quiétude, elle, nous fait chuchoter suavement le poème de Lamartine concernant le Lac du Bourget, véritable anthologie de la poésie romantique à l’époque des Lumières :

Ố temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :

Laissez-nous  savourer  les rapides  délices

Des plus beaux de nos jours.

J’ose même tenter de dire que l’on nous envie ce lac que nous avons savouré comme havre de paix car caractérisé par le charme et la douceur dont on pouvait jouir dans la solitude, loin du monde bruyant de la cité.

Mais enfin, pourquoi, pour faire bien, vouloir transposer la ville dans une nature paisible ? Comme il était, notre lac faisait le délice d’une population qui n’en demandait pas plus, sinon plus grand dans ses structures originelles.

Ah ! Si je pouvais avoir le don que les artistes peuvent exprimer sur des toiles où les déclinaisons des couleurs figent l’instant et l’immortalisent dans un silence éternel. Pour dompter la nature, il faut s’y glisser, sans brouhaha, sans vacarme et sans tapage. C’est l’endroit propice à l’éclosion de la fauvette ou de la carpe en symbiose avec une nature intacte.

J’en appelle aux élus de l’APW pour freiner ces initiatives intempestives qui contreviennent aux directives en matière de développement. Quant au boulevard  d’excellence on aurait voulu le voir remis aux entrepreneurs optant pour de nouvelles technologies de l’information et autres secteurs tels le solaire, l’éolien, les technologies de pointe, des structures de sous-traitance de bonne facture etc. Ce vaste sujet fera l’objet d’une prochaine réflexion. Affecter des terrains de cette importance à des industriels du secteur manufacturier de bouts de chaînes  ne peut être appelé « excellence ».

L’excellence qualitative, dans le choix des investissements dans le cadre d’une stratégie industrielle mûrement réfléchie, pas pour un Boulevard aux épithètes pompeuses sans contenu attractif pour l’avenir, eu égard à une concurrence impitoyable pour les « faire semblant », nous impose une concurrence qui ne se contente pas uniquement de vitrines narcissiques.

Rappelons que nous allons vers des lendemains très difficiles pour le Pays ; préparons-nous avec le couronnement des efforts de toutes les élites et le conseil de spécialistes avertis dans les domaines de l’industrie du futur. La moindre hésitation dans la réflexion sur la préparation de l’avenir de la cité et du Pays sera fatale. Ce que les pays du Sud-est asiatique ont entamé avec ferme conviction semble réussir : pourquoi ne le ferions-nous pas nous ? Notre Pays n’est pas plus démuni que d’autres, au contraire il détient nombre d’atouts qu’ils n’ont pas.

J’en veux à tout le monde et aucun en particulier, le manque d’échange intergénérationnel en est pour une part et l’absence de réflexion, de vision et de planification en sont certainement pour l’essentiel dans la crise que nous traversons. Il est malheureux que les gestionnaires ne l’aient pas prévue. La solution ne peut-être que l’implication beaucoup plus  d’Etat. Le laisser-faire et le laisser-aller prônés par l’Ecole de Ricardo et d’Adam Smith ne sont pas le paradigme qui conviendrait à notre Pays du fait de son background industriel insuffisant. La multiplication des partis-satellites dans la phase actuelle de notre société est un facteur plus aggravant dans la recherche de moyens de sortie de crise. Il n’y a qu’à voir leur nombre dans les phares tels que la Chine et les USA pour ne citer que ceux-là.

Voici les réflexions d’un insomniaque qui livre un point de vue sur quelques aspects de la situation locale et celle du Pays sans aucune prétention d’en faire la sentence tranchée ou unique brocardée à l’envi. « Le rêve est une source de lumière dans un monde troublé » écrivait Jeremy RIFKIN, auteur américain, conseiller de Romano PRODI à la Commission Européenne, cité par Christopher CALDWELL.

C’est parce que nous sommes fiers d’être les héritiers d’une Guerre de Libération, révolutionnaire et universelle que nous sommes tenus de maîtriser notre destin ; nous n’avons le droit ni  d’hésiter ni de renoncer ; la rente est passagère. Il n’y a que dans la permanence de l’effort que se trouvera le salut.

                      2.    Sur le débat autour du devenir du lac de Sidi M’Hamed Ben Ali (Sidi-Bel-Abbès).

« SI  LA NATURE N’EST PAS CONTRE NOUS, ELLE N’EST PAS POUR NOUS. »   (Herman Melville). 1819-1891.

Par Abdeddaïm Abdelhamid.

De fil en aiguille, de rêve en utopie, du dialogue au débat, l’homme a constamment repoussé les frontières de l’extrême. Nous, qui avions vécu la colonisation dans notre chair par ses divers aspects : acculturation, bannissement, enfumades, expropriations, exclusion etc. ne pouvons nier dans cette grisaille profonde de l’Histoire que quelques hommes, d’une autre culture, soit par humanisme, soit par mysticisme nous ont légué une œuvre merveilleuse qu’il est dommageable de ternir, de détruire voire même d’immoler par absence de lucidité. J’évoque en ceci la réalisation du lac de Sidi M’Hamed Ben Ali qui semble ne pas être appréciée à sa juste mesure tant elle est simplement extraordinaire et reste, plus que jamais d’actualité dans sa dimension écologique.

Le développement durable, discipline qui rythme l’air du temps, nous impose-de suite- d’être les continuateurs au lieu de nous ériger en fossoyeurs forcenés mus par l’inculture et l’absence de vision futuriste. Bien que la vertu ne soit pas héréditaire, rien ne nous interdit de continuer l’œuvre entamée en imaginant l’extension du lac de quelques hectares judicieusement choisis en vue d’une extension harmonieuse liant passé et présent pour une projection futuriste. Les générations montantes nous en sauraient gré à juste titre : nous serions pour elles des entrepreneurs lucides d’un rêve avec passage de témoins dont la pérennité sera assurée par l’effet d’inertie.

Malheureusement, nous n’en sommes pas là encore et courons l’extrême danger de ne jamais y être. En effet, les projets en cours de réalisation autour du lac sont les signes avant-coureurs qui compromettront à jamais l’espoir de concrétiser un rêve plus ambitieux : son architecte aurait mérité d’inscrire cette œuvre pour la postérité au même titre que Eiffel ou Ferdinand de Lesseps, inscrits à jamais dans le registre universel des Pionniers. Il n’est qu’à penser à ces donateurs qui avaient légué leurs biens fonciers à la commune de Bel-Abbès exigeants que leurs usufruits soient destinés tantôt pour la Mekerra, tantôt pour l’entretien des routes et que sais-je encore ? Les bien Habous dans notre environnement culturel et religieux étaient consacrés à cet aspect. Les biens fonciers finirent dans les gueules des prédateurs et, ceux Habous ont énormément déserté nos mœurs.

Aimer Sidi-Bel-Abbès, c’est créer un lien intergénérationnel entre enfants de cette cité en faisant en faisant du lac de Sidi M’Hamed Ben Ali un lac sacré. Et, pour l’Histoire, les Béni Amer ne seraient pas uniquement de vaillants guerriers mais pourraient se muer en vaillants bâtisseurs

Dans l’espoir qu’une association prenne en charge la préservation du lac dans son état naturel, il est même permis de penser que, par son extension, un aspect socio-économique n’est pas à négliger  par la création de fermes spécialisées dans l’aquaculture et ses dérivés. Sidi-Bel-Abbès doit obligatoirement élargir son horizon dans une stratégie de développement réfléchie. Tous les atouts sont pour elle. Il reste que la volonté suive. Notre ville ne peut plus se contenter de parer au plus pressé par la création d’emplois sans ancrage dans le réel. Les pérenniser c’est non seulement une obligation mais également un impérieux devoir. De là, la nécessité de mettre en place une stratégie de développement à long terme et qui tienne compte de la vocation naturelle de la région orientée vers l’agropastoralisme et ses dérivés. Continuer de voguer au gré des vents c’est s’engager dans un avenir incertain, l’impitoyable compétition mondialisée ne nous le pardonnera pas.

 

2 Replies to “Le Lac de Sidi Mohamed Ben Ali: SAUVETAGE EN VUE?”

  1. Sabah-el-kheïr aâlikom Chers lecteurs, pardonner mon intrusion,de mon enfance puisque vous parlez du (Lac) n’était que ce qu’on appeler (el merja), on a grandi autour et parfois c’était dangereux de s’aventurer dans le Lac étant donné qu’il était vaseux et qu’on ne pouvait s’aventurer que quelque mètres.Aujourd’hui on veut nous faire croire que c’est un Lac digne de ce nom on a goudronner tout autour et les (citoyens) l’ont rendu une station de lavage de voitures,on voit des gargotiers ici et là, or le principal est ailleurs par exemple s’occuper de l’infrastructure de la ville ou tombe en friche,immeubles lézardés,des bouches d’égoûts cassées,trotoirs défoncés,des fils électriques qui pendouillent,les façades d’immeubles font pitiées pas de rafraichissements,les souks informels, des odeurs nauséabondes à travers les ruelles, parkings suvages avec des malotrus qui vous soutir quelques pièces de dinars sinon gars aux dégats de la carrosserie de votre voiture,polices absents quand il le faut, vols à l’étalages,viols, agressions,les tribunaux remplis à rabord, pas d’éducations c’est l’aisser à la dérive, quand à l’administration circulez y’a rien à voir,plus personnes aux bureaux, et vous on veut nous faire croire qu’on ferai le Lac un havre de paix on fait tout faux, j’ai comme l’impression qu’on tricote à l’envers et ça n’est pas fini qui vivra, verra dixi.

  2. le sort de ce lac était connu tot ou tards la ville l’aura dévoré…
    le probléme etait soulevé lorsque les gens ont établie une cloture..
    cette cloture va a l’avenir constitué un precedent comme celui de parc d’attraction…le lac sera privatisé…
    On est pas contre qu’un algerien acherta un lac comme aux états unis
    mais lasbas le propriétaire marche sur deux pieds..d’une part il offre
    un investissement de qualité et ensuite il crée une fondation pour fournir des aides pour la rechrche le developpement et l’activité publique..regardez par exemple l’action du grand distributeur mondial Walmart ….
    On doit donc prendre en charge ce joyeux de la nature et le metre entre les mains du ministère des sports et des activites en pleine en aire comme au temps des belles années 70. et ou le milieu soit pour les jeunes entre 10 et 26 ans…les agés les vicieux ceux qui veulent du plaisir peuvent aller se cacher ailleurs et excercer leurs besognes….On voudra pas que ce lieu deviendra un lieu de débauche…bien que la furie de l’eau soit toujours au rendez vous..en une seule nuit toute la plage de Tergat fut relever du sable et jeter en mer…
    ceux qui veulent du plaisir ils ont Porsay pour se retirer..en attendant ce lac sera donné en propriété au ministère de la jeunesse et de activites en pleine aire qui va prendre en charge les éleves et etudiants l’apres midi apres la sortie de l’école….le meilleur systéme qui soit decouvert et appliqué c’est le systeme français apres la révolution..y’a pas autre model ..on puise dans l’experience des autres nations…

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