Un clin d’œil d’ici bas à mon père

 Père, de là où tu es, je t’embrasse! 

Je sais, que cela te ferais plaisir que je t’interpelle de temps à autre, d’ici bas, et que je t’exprime à travers mon intrusion dans ton silence, combien que tu me manques et que tu es toujours dans mes pensées. Je sais  que tu ne vas pas aimer que je te dérange, comme jadis, de ton habituel sommeil où je trouvais plaisir à t’en déranger, pour te taquiner afin que nous causions, sous la lumière de ta chambre, de sujets dont tu connais la pesanteur et de ceux dont tu  ne connais rien .Je te dérangeais alors que tu voulais encore gratter quelques minutes dans les bras d’Orphée. Sache que tu manques à mes enfants qui ne te connaissent que dans les seuls photos, que le temps à blêmit.

Écoute  père, cela sera la dernière fois  où je te parlerai  que de toi et de moi , je te le promets .Les fois d’après, je t’évoquerais les autres et nous aborderons qu’autres sujets, auxquels tu es lié!

Rappelle toi père, que nous sommes tous nés quelque part , toi c’était dans un lieu où la nature hostile et la pauvreté s’étaient liguées pour que tu deviennes plus fort, si fort que ceux qui ont envahis notre pays, te payait doublement la force de tes bras. Ceux qui connaissaient ton père Tahar Lakhal, “le lion de Birou”, c’est-à-dire mon grand-père, savaient, que tu lui ressemblais de par ta musculature qui en convainquait plus d’un et que notre aïeul, Lakhal “Asbaa Adahar” avait bien servi dans la bataille de Mazagran contre les espagnol, et l’histoire le conte, comme moi je perpétue, la tradition en te remémorant et en les remémorant tous

Ceux qui t’ont connu, alors que tu étais jeune, confirment que tes 12 ans, tu les as passé à mélanger ta sueur à celle  des adultes dans les travaux des champs au service d’un maitre. Que tu combattais à ton age adulte

Tes 20ans t’ont éloigné des tiens parce que la bêtise humaine de la guerre s’est servie de ta jeunesse dans les dures conditions d’une Algérie occupée. Mais, dans une lenteur calculée, tu te préparais, tu te préparais et nul, ne pouvais cerner ce qu’en toi se manigançait  

Le destin n’a pas voulu que tu gardes celle que tu as tant aimée et lorsque le mal a triomphé d’elle tu nous as pris dans tes bras pour combler le vide de l’absente. Cette absence qui, à ce jour me torture. Cette absence, qui permit à certain que je ne citerais pas, de s’être vengé, contre l’innocence et le désarroi de notre peur.

Tu lui es resté fidèle, comme à tes convictions d’homme militant toujours prêt à battre le pavé contre les injustices et à dénoncer l’arbitraire .Cet arbitraire qui me répugne et contre lequel à mon tour, je me bats. Cet arbitraire, que j’ai connu de ton temps, et dont je m’efforce de combattre, pour te permettre là haut, d’être satisfait de ton fils, qui comme toi lutte ici bas, à sa manière l’injustice qui asphyxie.

Père, j’aime me rappeler ton regard rustre où tes yeux noirs clairs et rieurs soulignaient ton humour grinçant et ton amour de la vie, cette vie, qui en finissait avec toi, afin que tu rejoins, là où tu es, tous ceux que tu as aimés et d’autres que tu n’as pas connus.

Tes nombreux amis, lorsque je les rencontre, te recherche en moi parce que étrangement tu me léguais ton prénom, alors que le mien,  s’identifiait à celui de notre aïeul. Comme de ton vivant ma table est, comme la tienne, toujours ouverte à tous ceux qui poussent ta porte.

Voilà père, avant que la lumière se fasse plus faible à tes yeux, et que je disparaisse de ta vue je voulais te dire combien je t’aime, puisque je ne pouvais te le dire de vive voix avant, dans cet endroit.
Bon anniversaire père, aujourd’hui tu aurais 102 ans