BEL-ABBES INFO

Le premier journal électronique de la wilaya de Sidi Bel-Abbes

«TRIBULATIONS D’UN BELABBESIEN A BEL-ABBES »

ByDjillali C.

Juin 13, 2013

pour_djilaliAlors que je me creusais les méninges pour trouver comment passer le reste du temps de ces trois jours de congé pris, le hasard faisant souvent bien les choses, quelle ne fut ma surprise de constater aujourd’hui, alors que j’accompagnais mon fils à l’examen du BEM, que le CEM que choisit le Wali pour le lancement de l’opération, fut celui auquel a été affecté mon descendant : Belbachir Cheikh. Première remarque : cela nous change un peu des habitudes de voir toujours les établissements réputés huppés qui bénéficient généralement de ces évènements, genre Ibn Zeidoun, Malek Haddad et autres Belkhodja. Le CEM Cheikh Belbachir, est situé en pleine agglomération de Sidi-Djillali, au cœur de la cité «les Mimosas»

A 7h 30, j’étais déjà dans les lieux : «Il faut que tu aies le temps de localiser ta salle » je disais au fiston qui s’interrogeait sur ma prudence temporelle. Une fois mon fils rentré, alors que je m’apprêtais à quitter les lieux, je fus accosté par mon ami et collègue, Benkhelouf. Après les salamalecs d’usage, il m’apprit la nouvelle. Je me dis alors : « je n’ai jamais couvert une visite de Wali, pourquoi pas aujourd’hui.» Avec la complicité de mon collègue, je fis irruption, surpris que personne ne prêta attention à ma présence, alors que je n’avais ni badge d’officiel ni celui de presse.

A l’intérieur de la Cour, le chef du centre se démenait comme un diable stressé par deux problèmes à la fois : Veiller à canaliser les 400 élèves vers leurs classes respectives, affecter les surveillants, et préparer la visite du Wali. Les élèves agglutinés autour du seul tableau qui indiquait les affectations par salle, ne savaient pas – par stress ou juste par incompréhension – trouver leur salle. Je fus plusieurs fois abordé par des jeunes désorientés qui, convocation en main, demandaient leur salle d’examen. Le désarroi était tel que personne n’a fait attention au bac de bonbons, posé bien en vue à l’entrée. Personne n’y toucha.

Ce n’est qu’à 8h05 que le calme commençait à revenir, et c’est le moment que choisit le Wali pour arriver. La délégation qui l’accompagnait n’était pas dense : juste le directeur de l’éducation, le nouveau chef de sûreté, le chef de Daïra et le PAPC.

Deux salles après, la délégation se dirigea vers des lieux censés être un projet devant servir à la construction d’un demi-pensionnat. Dès notre arrivée sur les lieux, il était déjà pénible d’y accéder de par les gravats et détritus abandonnés fermant hermétiquement le passage, sans compter le risque de blessures qu’encourraient les enfants qui s’aventureraient lors des récréations, à venir jouer jusqu’ici.

A partir de cet instant, on oublia carrément l’objet de la visite, tant les insuffisances constatées sur place étaient chicanières. Le projet qui donnait l’air d’avoir été terminé, était en réalité abandonné. Ce qui devait servir de cantine était juste une construction inachevée, l’encadrement des portes non finis, des fenêtres existantes, ni commodités, ni électricité, ni eau… Enfin, rien. L’air surpris, contenant péniblement son gêne, le Wali ne put que lancer «Mais que fait le DLEP?» Se retournant vers un de ses collaborateurs : «prenez-note. L’inauguration aura lieu le 5 juillet. Comme ça, chacun assumera ses responsabilités » Certainement déstabilisé par l’ampleur de la constatation, je ne sus comment, se retournant vers le PAPC, il lance «Où en êtes-vous avec la réhabilitation du jardin Public ? Je vous ai envoyé au jardin d’essai, pour que vous en inspiriez» «Et le Gazon du Bd la Macta ?» «On n’a pas d’argent, M. Le Wali» «Mais a-t-on besoin de l’inscription d’une enveloppe pour acheter les grains de gazon ? » «Et le comité de la société civile. Je vous avais demandé de constituer un comité composé de riverains, notables et journalistes et discuter avec eux sur l’aspect des aménagements de la ville» « …… »

La discussion fut close par un inattendu : « Non vraiment, je ne suis pas satisfait!»

Venu lancer l’examen du BEM, dans une ambiance qu’il supposait certainement bon enfant, il se retrouva avec des problèmes de gestion qui lui rappellent que décidément, il y avait encore beaucoup de choses à faire.

Moi, votre serviteur qui accompagne pour la première fois un Wali en visite, j’ai du réaliser que j’avais parfaitement raison, quand je disais qu’Il a toujours fallu en Algérie que ce n’est que lorsque c’est le premier responsable qui se déplace, qui prend en charge le problème que ce dernier est susceptible de trouver sa solution. Ce qui n’est pas normal chez nous, c’est cela. La gouvernance, c’est que chacun à son niveau fasse son boulot. Car, en fin de compte, ce projet de demi-pensionnat qui dure plus de trois ans risque de se concrétiser dans moins d’un mois, parce que le Wali l’a décidé. C’est cela qui n’est pas normal. Alors que logiquement quand le premier responsable (Wali, Ministre ou Président) remarque que le travail n’a pas été fait, il prend les sanctions et ne se contente pas de régler le problème. Car faire le travail des autres ne pourra jamais constituer la solution. «Le management ce n’est savoir faire, c’est savoir faire faire» a dit celui qui fut considéré à une certaine époque comme le Gourou du Management, Peter Drucker.

A 9 heures, j’étais déjà libre. Que faire ? Après une pause-café près du campus, véritable désert en ce moment de la journée, une lecture en diagonale de la presse, je me résolus à aller voir le Directeur de l’environnement au sujet d’un projet que BAI a en gestation. La belle bâtisse, certainement fraîchement occupée à voir le plastique entourant encore les sièges et bancs de salle d’attente, qui abrite cette administration, renseigne un tant soit peu sur l’importance du sujet qu’elle est censée représenter. La propreté y règne et c’est déjà un bon signe. Il n’y a pas foule. Le contraire m’aurait étonné, car que peut prétendre le contribuable auprès de la direction de l’environnement ? Manque de pot, le directeur est absent.

En quittant la bâtisse, je remarque un autre édifice mitoyen réalisé de la même architecture, la même forme et le même « verre ». Sur le fronton il est écrit «maison de l’environnement » C’est quoi, ça ? Pour avoir le cœur net, je poussais la porte vitrée et y entre. Silence de mort, lumières éteintes. Pénombre. Sorti de je ne sais où ; surgit devant moi, un appariteur : « Oui, Khayi ! » «Je voudrais voir le responsable » «Qui dois-je annoncer ? » «Un journaliste.» Il monte quatre à quatre les étages et en un temps deux mouvements, il était encore devant moi. «Elle vous attend » Elle, c’est la coordinatrice de la Maison. Elle m’accueille dans son bureau dont l’espace est inversement proportionnel à la silhouette frêle de l’occupante, l’air d’être ravie que l’on s’intéresse à ce qu’elle fait. Jeune, diplômée en biologie, elle a été recrutée dans le cadre du pré-emploi au niveau de la Direction voisine et insérée dès l’ouverture de la maison, il y a à peine un mois. Elle me dit qu’à défaut de budget, elle a financé de sa poche, la journée d’ouverture, où elle a invité des enfants, et réalisé une exposition de plantes assurée par un pépiniériste de la ville.

Tout de go, je lui lance : « C’est quoi, la Maison de l’environnement ? » C’est une structure de la Conservation nationale de formation et de sensibilisation à l’environnement, dont le siège est à Alger et qui est une entreprise à caractère commercial (EPIC) Notez l’ésotérisme de la dénomination, qui sonne carrément erroné avec « à caractère commercial ». Depuis quand la sensibilisation est source de profit?

« Quel est votre programme pour cette année ? »

« Nous commençons à peine, nous attendons le budget et le programme. On nous a encore rien envoyé, mis à part les tarifs de location des salles »

« Vous avez des salles à louer ? »

« Oui. Nous avons également des halls d’exposition »

« On peut faire le tour de propriété ?

« Bien sûr ! Allons-y »

Effectivement, le bâtiment est bien équipé : Des salles de réunion, des salles de conférences de 50 personnes minimum dotées de tous les moyens pédagogiques (tableaux, data-show…) des halls d’exposition etc….

Mais pourquoi louer tout ça? La maison n’est-elle pas capable d’organiser des manifestations concernant l’environnement ? Et si j’ai un projet relatif à la sensibilisation sur l’environnement, dois-je également louer la salle? Pourtant, c’est l’objet de l’existence de cet organisme. Sincèrement paradoxal !

« Notre objectif est de créer des « clubs verts » dans les écoles, lycées et centres de formation » C’est, je crois, le plus important de ce que j’ai retenu de cette visite ! Pourvu que cela se réalise !

Dommage, car la jeune coordonnatrice est pleine de volonté, d’abnégation et d’envie de bien faire. Mais il semble que la tutelle est trop occupée à autre chose qu’à dynamiser une  » Maison de l’environnement » de la province.

Après la sieste de l’après-midi, la soirée passée à décortiquer non pas les sujets du BEM de la journée, mais plutôt le match Benin-Algérie, les prouesses de Slimani et le professionnalisme rigoureux de Medjani, le lendemain, je dus accompagner un ami à la mairie pour une légalisation. Comme il connaissait quelqu’un, cela n’a pas duré, mais juste à la sortie des bureaux, il remarque qu’un seul document sur les deux a été légalisé. Il revient, et demande la légalisation du second. « Ah ! Non, celui-là on ne le légalise pas. «Pourquoi.» (….) Il va voir le chef du bureau. Celui-ci répond : «Je suis nouveau, je vais vérifier avec le chef de service » Deux secondes après, il rebrousse chemin et confirme : «on ne le légalise pas » Mais je ne comprends pas : «la légalisation, c’est juste pour confirmer les signatures, pas le contenu» Rien à faire !

Hors de lui, mon ami voulait voir le PAPC. Je lui suggérais naïvement : « Et si avant, on essayait une annexe ? » Il marche. On prend le véhicule et direction une annexe de la périphérie de la ville. On entre. Il n’y avait presque personne. Les locaux étaient neufs, bien entretenus et propres. Il ne manque que la climatisation et on se croirait ailleurs, d’autant plus que l’accueil était franchement au-delà des espérances. Et là, surprise. Lorsque mon ami, remit ses papiers, ils furent aussitôt légalisés. L’ensemble de l’opération, n’a pas duré cinq minutes. Je tançais mon ami : « Tu vois, tu n’as eu besoin de personne ! »

Alors, c’est le personnel de l’APC de la ville qui fait dans le zèle ou c’est l’annexe qui enfreint les directives? Moi, personnellement, je ne saurais y répondre. Ce qui est sur, c’est qu’il y a un anachronisme certain et grave.

C’était assez rempli pour ce lundi, même si le tour fait en ville ne m’apprit rien de ce que j’aurai pu oublier. Monotonie, circulation stressante, embouteillages et bouffe partout. Cela augure bien l’approche du mois de consommation, le Ramadhan.

Le mardi a été partagé entre le crime de Sidi-Lahcène et les habitants de Oued Sbaa qui profitant de la visite du Wali, reviennent à la charge contre leur Maire. A voir ce que font les habitants depuis son élection, l’on se demande comment a-t-il fait pour être élu !

Ah ! Il a eu aussi la nouvelle concernant l’état de santé du Président. Depuis plus de 50 jours qu’il est malade ce n’est qu’aujourd’hui, qu’on daigne lui rendre visite, ce n’est pas très respectueux, il me semble.

djillali@bel-abbes.info

N.B. Toute ma gratitude à mon Ami Slim qui a accepté de faire plaisir aux lecteurs en illustrant la chronique. Merci, Mnawwar.

8 thoughts on “«TRIBULATIONS D’UN BELABBESIEN A BEL-ABBES »”
  1. Eh Bien Mr Djillali C.  » L’adversité élève les caractères qu’elle ne dégrade pas. »

    1-/ Tout d’abord, ce qui est a attiré mon attention c’est cette phrase « les établissements réputés huppés », voyez-vous, je n’ai pas bien saisi le sens de ‘Huppé… ???!!!!! Est ce que vous croyez vraiment qu’il y a des établissements privilégiés par rapport d’autres….. ???? Ou bien vous parlez de la composante humaine de ces établissements…. ???

    2-/ Ravie que Monsieur le Wali ait envoyé des personnes pour s’inspirer de la biodiversité et de l’aménagement du Jardin d’Essai à Alger, ça prouve qu’il lit les commentaires de BAI…!!! C’est un bon point pour Mr le Wali…..!

    3-/ Où est passé l’argent du projet du ‘’réaménagement’’ catastrophique du Bd de la Macta…??? Sinon demandez à tous ceux qui ont pris une Chkara dans le cadre de ‘Koul w Wakel, d’en rendre au moins la moitié à défaut de toute la cagnotte…. !!

    4-/ Effectivement, la bonne gouvernance…..c’est aussi, que chacun fasse son boulot……. sinon ….Oust ! Dehors……C’est l’absence de sanctions qui engendre ce genre de situation et de pourrissement……! Un autre cercle infernal…..celui des lobbies, du Beni3amisme, du clanisme…etc… !

    5-/ Le directeur de l’environnement était sûrement sur le terrain ou assistait à une réunion extraordinaire…… !!?

    6-/ La maison de l’environnement… !! C’est bon de savoir qu’elle n’est plus hantée par des fantômes…mais votre question est superbe : Depuis quand la sensibilisation est source de profit….? Il faut bien commencer un jour…….Disons qu’on peut ’ toujours joindre l’utile à l’agréable’…..pour la bonne cause… !!!

    7-/ Quant à tout ce qui se rapporte à la Mairie et l’administration d’une manière générale….je résume le tout……… en saluant l’âne de la CNAS !!! D’ailleurs, je me demande ce qu’il est devenu depuis le temps…. ? Ne me dites surtout pas qu’il a été mis en prison… ?

    Bravo Slim pour cette illustration qui veut tout dire…!

  2. Slim est non seulement un bédéïste hors pair post Indépendance mais est resté pour plusieurs générations un témoin de son temps…..

    Et je n’affabulerais pas en affirmant que Slim a focalisé à lui seul la panacée du déficit en information que la langue de bois des partisans de l’unicité et de la suffisance structurelle faisait perdurer car ils n’appartenaient pas à la….. civilisation écrite et symbolique.
    Les non-dits et non écrits de Slim Mérabtène sur la BD étaient aussi limpides que l’eau de Chanzy dans l’intelligence des lettrés du peuple.C’est pour cela qu’il faisait peur au système avec un petit s tant il avait réussi comme les ethnolinguistes et psychologues du langage tels De Saussure et Bruner à reporter sur la BD le ressenti de tout un peuple ballotté entre la modernité d’importation et un patrimoine phylogénétique qu’il était impossible de réprimer même par la force d’institutions bananières…
    Slim n’a pas été seulement un géant de la BD en Algérie mais il a failli pallier à la catatonie d’une presse nationale en attirant le lectorat si on lui avait permanisé le « Bon à tirer »….dans toutes les librairies d’Algérie et de ….Navarre !
    Folk-reporter ,psychothérapeute de groupes,écrivain behaviouriste made in Algéria, Slim mériterait une médaille « El Athir » pour avoir réussi une certaine décennie à concilier l’autodérision et auto-dépréciation de l’Algérien lambda et alphabétisé avec cette fierté consanguine d’un Bouzid qui ne voulait rester que lui-même même au prix de quelques coups de matrag…!

    Hommage à une icône de la Révolution culturelle qui faillit avoir lieu les années 1970 !!!

    1. je trouve l’occasion de te saluer grand frere Mèmoria ,et rendre un grand homage à SLIM qui a gratifiè de belles « choses » durant des annèes! salutations khayi!

  3. Bonjour,
    A chacun sa façon de rendre hommage à la bande dessinée algérienne. Menouar Merabtene dit Slim, (le Belabbésien)est incontestablement le père de la BD algérienne. Il représente toutes les générations depuis l’indépendance. Il y’a aussi Ahmed Haroun père du personnage M’quidèche et Mohamed Mazari dit Maz , Mansour Amouri et autres grands bédéistes.
    Slim a traversé avec « Zid y’a bouzid » et « walou »toute l’Algérie joyeuse et amère .Bouzid un habitant du « DOUAR » de 19 habitants dont 18 étaient pauvres ! C’est son best of. Même Pendant le règne de la langue de bois il n’a pas servi de la mousse au chocolat avec des langues de chats. Bravo.

    Djillali C lui consacre ici toutes ses tribulations tout en illustrant la page chronique du jeudi. SMILEY lui a préféré mettre le Gatt au premier plan « témoin oculaire » de la vie difficile mais engagée du couple Bouzid wa Zina !
    Pour ma part ! J’étais tout content étant gamin de pouvoir « lire » comme les autres la BD de RICHA de Mansour AMOURI qui fut mon premier BD-DZ acheté de mon « argent de poche » ! Au style humoristique et réaliste. Richa qui n’était pas riche mais sympathique « grosse-s’mina » assez même pour provoquer des tsounamis dans des plages pour riches ! Aujourd’hui !? Il faudrait être « Manga » pour comprendre la BD.
    Merci Slim et tous les autres pour « services rendus » à plusieurs générations. Merci.

  4. Une vraie chronique quotidienne que vient de nous la dècrire notre ami Djillali! ce qui est facile devient difficile ;le contraire aussi! ce qui m’a attirè l’attention c’est le papier à lègaliser!!!j’en ai vècu une situation pareille!! enfin je souhaite une bonne reussite à ton fils ainsi qu’à tous nos enfants!

  5. Bonjour Djilali.

    Tu n’as pas trouvé le directeur de l’environnement dans son bureau? Il fallait revenir le lendemain. Bonne soirée.

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