Il est 9 heures du matin de ce deuxième mercredi du mois de décembre, une foule compacte est rassemblée dans une cour du stade « Adda Boudjellal». Tout ce bas monde a été contrôlé sur les routes soit par les gendarmes ou par les policiers. Ils ont tous commis des « infractions au code de la route », donc ils sont considérés comme des contrevenants.Ils doivent répondre de leur délit devant une commission composée par des représentants de la Daïra, la police,la gendarmerie nationale, la direction des transports et le syndicat des transporteurs. La liste est affichée à une fenêtre pour que l’on puisse localiser son numéro de passage car on fait passer les «contrevenants » par groupe de 10 personnes pour avoir droit à une chaise durant un court moment avant de comparaitre devant l’honorable commission pour moins d’une minute.
Quelles sont les prérogatives et le cadre juridique de cette commission qui est censée écouter quelques 300 personnes en l’espace d’une matinée. Difficile de le savoir car sur la pratique beaucoup de mis en cause, n’ont même pas eu le temps de placer un mot pour se défendre si c’est réellement un espace destiné à plaider une cause. Visiblement, la dite commission n’est là que pour fixer la durée du retrait du permis de conduire à la base du rapport établi par la police ou la gendarmerie suite à l’infraction commise sur la route. L’auteur de l’infraction a beau crié « à la hogra », pour les membres de la commission, les propos inscrits sur le rapport de l’agent de l’ordre ayant décidé le retrait du document sont les plus proches de la vérité.« Au cas où tu es victime d’une hogra, rabi wkilhoum », c’est tout ce qu’on répond et on colle la sentence. Votre serviteur, a eu la chance de se glisser dans la peau d’un citoyen appelé à comparaitre devant la commission des retraits des permis de conduire pour tenter en premier lieu de ressentir un état d’esprit qui est incompris par ceux qui ont la possibilité d’intervenir avant que ce document n’atterrisse devant la commission.
Qui ne commet pas d’infractions au code de la route en répondant à un appel au téléphone, en oubliant d’accrocher sa ceinture de sécurité ou dépasser la vitesse limitée. Les policiers, les gendarmes, les entrepreneurs,les hommes d’affaires, les élus, les responsables n’ont jamais commis d’infractions eux qui sont tout le temps sur les routes. En tout cas, en cette matinée du mercredi, nous n’avons rencontré que des légumiers, des taxieurs, des retraités, des jeunes de l’ANSEJ … Nous avons eu toutes les peines du monde à reconnaitre dans la liste, ou parmi la foule, une personne qui aurait un nom qui résonne dans les milieux de l’argent et du pouvoir.
M Delli