Tout le monde serait bien avisé de suivre le conseil d’Edward Saïd et ne pas poser l’opposition Orient Occident comme opposition binaire et point de départ et point d’arrivée de toute énonciation.
Le risque étant de proposer une représentation fantasmée qui ferait la part belle aux extrêmes; et d’obscurcir un peu plus le débat.Le risque d’être pris dans une interprétation préférentielle est grand, comme celui d’ignorer l’émergence d’une islamophobie rassemblée autour de son icône Oriana Fallaci, qui dans son livre « La rage et l’orgueil » énonçait doctement vouloir venir au secours des femmes musulmanes qui vivaient la pire condition au monde.
Devenue vers la fin de vie notoirement raciste et islamophobe, elle déniera au monde musulman toute inscription dans l’histoire et la culture et fera du musulman la nouvelle victime sacrificielle. L’outrance de ses propos lui a valu de servir d’étendard pour enrôler les Houellebecq, Finkielkraut, Zemmour, Menard et autres visages grimaçants, hostiles et haineux qui veulent bouter le « musulman » hors d’Europe.Leur discours est hélas devenu majoritaire et preuve de l’irresponsabilité des pseudo-intellectuels dans le débat public.
On assiste aujourd’hui au déploiement d’un cirque islamophobe qui prouve que le mauvais génie est bien sorti de sa bouteille un certain 11 septembre.
Les « Une » des magazines, sous couvert de pointer du doigt « l’islam radical » et « l’extrémisme », accoutument le lecteur/spectateur à créer un nouvel ennemi, une image d’un Autre incompatible avec le Vivre Ensemble devenu slogan encombrant et démonétisé- et à déclarer l’Islam comme idéologie fasciste car inspirée du seul Livre.
Que l’on songe un instant au manque de poids politique de l’islam en France qui ne compte officiellement aucun député, aucun maire de grande ville, aucun capitaine d’industrie et le sous-traitement médiatique des actes islamophobes pour en déduire que la menace envers la civilisation occidentale est largement fantasmée.Les méfaits d’un petit délinquant de banlieue le renvoient à une assignation à résidence ‘islamique’ quand tout dans sa vie aura
été reniement de la spiritualité du message de paix de l’islam. La construction d’un ennemi imaginaire est à l’oeuvre et notre propos n’est pas d’arbitrer entre islamophobie et islamophilie mais de rendre compte de cette obsession de l’Islam. Eu égard à la charge émotionnelle de ce thème, nous avions déploré le renfort volontaire d’un Kamel Daoud fourvoyé dans « l’essentialisation » de l’arabe atavique et rejoignant les pires poncifs de l’imaginaire
colonial.
Pour ne pas tomber dans le travers de la pensée étanche, prouvons notre capacité à contextualiser, expliquer et à accueillir les expressions plurielles, gages de la vigueur d’un débat démocratique.
Daoud se devait d’être conscient que la production écrite d’un texte finit par échapper à son auteur pour épouser les imaginaires de ses publics, surtout lorsque les cervelles ont été habituées à être en congruence avec des formatages épousant les lignes de fracture d’un choc de civilisation souhaité par les uns et les autres au détriment des plus nombreux .
L’islamophobie est devenue un fonds de commerce lucratif et une stratégie marketing cynique pour engranger les recettes et capturer les cervelles. Débarrassons-nous de ‘ces menottes de l’esprit’ recommandait Edward Saïd et ne cherchons pas à affirmer sur autrui aucune supériorité ni de couleur, ni de race. Le seul fardeau proclamait Frantz Fanon était celui d’être un humain!
El Hanif
Apparemment cette islamophobie galopante est un héritage de l’orientalisme (soi-disant savant de l’école coloniale). C’est donc une longue histoire et on dirait bien que l’histoire se répète. Edward Saïd lui-même disait que « L’orientaliste regardait l’Orient de haut ». Elle est donc aussi liée à un grand projet de domination par une idiologie de conquête dont le fin fond et de pouvoir éradiquer toute diversité culturelle au sein d’une même population.
Chose curieuse les islamophobes en France surtout n’ont jamais ressenti les différences ethniques comme une richesse culturelle échangeable. Pire encore Ils encouragent le processus d’uniformisation culturelle. C’est ce racisme culturel qui explique pourquoi les média .fr dans les débats public donnent toujours la parole à certains intellectuels musulmans qui ont perdu leur identité et jamais à d’autres qui pratiquent simplement leur religion en toute liberté.
L’islamophobie ne peut rien rapporter aux vrais problèmes de l’Europe ni même à l’Amérique de Donald Trump. Elle devrait donc s’éteindre et disparaître et la paix du monde serait assurée. Toutefois, si dans dix-vingt ans elle persistera, elle prouverait définitivement à toute la planète et son histoire que cette « Europe » veut nous asservir définitivement à un joug tyrannique postcolonial poursuivant ainsi l’héritage culturel laissé par la colonisation.
En définitive, peu importe « LE FOND DE L’AIR » qu’il soit islamophobe ou non. L’Islamophobie reste un discours occidental fait par des Occidentaux et pour des Occidentaux, et n’a donc pas une valeur universelle.
Salam !
Edward Said,le Palestino-américain à l’image de son demi-compatriote Mahmoud Sobh elPalespagnol, restent les icônes d’une diaspora très …phillistin(e) qui ne verra pas de sitôt une Palestine indépendante ayant récupéré ses territoires occupés par l’entité sioniste .Le premier qualifiera les écrivains algériens francophones d’écrivants n’ayant pas encore perdu leur statut d » »Indigénat » auprès des panthéons ;le second oubliera dans un déni qui prête à interprétation son accueil pendant une année sur la terre algérienne libérée par le sang du million de martyrs !
Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, la Ligue des droits de l’homme et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme ont saisi le juge des référés du tribunal de Paris à la parution de » » La rage et l’orgueil » »d’Oriana Fallaci. Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) pour obtenir l’interdiction du livre ; la Ligue des droits de l’homme et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) pour demander l’insertion d’un avertissement au lecteur en tête de l’ouvrage qui insisterait sur le fait qu’« il ne faut pas confondre islamistes et musulmans. » Les associations ont été déboutées pour vice de procédure…
La journaliste Oriana Fallaci faisait l’objet de poursuites pénales en Suisse pour propos discriminatoires à l’égard des musulmans ; l’office fédéral de la justice (OFJ) avait demandé en novembre 2002 à l’Italie de la poursuivre. C’est vrai aussi qu’elle mourût d’un cancer du poumon qu’elle affabulait… aux gaz toxiques inhalés pendant la guerre en Irak…alors qu’elle consumait au stade final son islamophobie en cigares Nat Sherman fourni par son buraliste attitré de New York !!! Quelle triste fin !
Même Finkielkraut écrira dans Le Point que « l’ouvrage est indéfendable » et que Fallaci « succombe à la tentation raciste ».Il l’achèvera en l’accusant d' »écrire avec des pataugas… »
Reprochera-t-on un jour aux Algériens d’avoir été plus palestiniens que les palestiniens ? Notre camarade Al Hanif doit connaître la réponse !