Formaté moralement et religieusement, l’homme a tendance à préférer la vertu au vice. Mais le fait est que de tout temps et dans toutes les sociétés se sont les hommes vicieux et aventuriers qui font les richesses de leurs nations et non les hommes vertueux. Dans la « Fable des abeilles », le jeune Bernard Mandeville avait, dès le 17 siècle, resumé dans une formule lumineuse une réalité que la morale chrétienne dominante à son époque ne voulait pas voir : « le vice individuel fait la vertu publique », écrivait-il.
Cette realité est incontestable aussi bien à l’intérieur de chaque société humaine qu’entre les sociétés les une à l’égard des autres. Ce sont en effet les sociétés vicieuses qui font le progrès de l’humanité et non les sociétés vertueuses, conservatrices et nihilistes.
On ne peut raisonnablement nier que l’humanité doit sa richesse, ses progrès scientifiques, technologiques et culturels au monde occidental, le plus corrompu de tous, celui de l’égoïsme, de l’individualisme, de l’usure, de la luxure, des plaisirs rois, de la laïcité et de l’athéisme, celui qui doit sa force à l’esclavagisme, au colonialisme, à l’ingérence, à l’exploitation des sociétés les plus faibles, aux guerres qu’il provoque ailleurs et au commerce des armes et de la mort. C’est dans ce monde de l’argent roi et de l’individualisme érigé en dogme que les meilleurs esprits, les esprits les plus inventifs, les plus entreprenant s’installent, non pour les vertus qu’il impose mais pour les vices qu’il autorise. Ce model qui a fait preuve de son efficacité alors que ses contraires ont fait preuve de leur échec, est celui qui dominent aujourd’hui partout dans le monde, y compris dans l’ancienne URSS et y compris dans la Chine qui n’est parvenue à sortir du sous-développement qu’on l’adoptant comme modèle économique à la place du catastrophique système communiste éculé.
Le monde aurait-il été ce qu’il est si toutes les sociétés du monde étaient des sociétés faites sur le modèle de la morale ou celui de la religion dominante? La société talibane est-elle apte à produire les GAFAM, les big-pharma. Peut-elle débarquer sur Mars ou sonder l’univers infini? On peut ne pas l’aimer pour ses abus, mais l’humanité doit au diable américain plus qu’elle ne doit aux anges d’Arabie. Cherchez dans ses pays un Elon Musk ou un Zuckerberg, vous n’en trouverez pas de traces.
Certains d’entre-nous regrettent déjà le temps des Tahkout, Khalifa et compagnie. Ils disent qu’en leur temps la vie était plus belle, plus facile et plus accessible. Que les rêves étaient de leur temps à portée de mains et que cela n’est plus possible au temps des Rezig qui nous imposent les vertus d’un État paternaliste et protecteur. Ont-ils raison de le penser? Difficile de leur en vouloir quand on voit que de nos jours il devient impossible à l’extrême majorité des algériens d’acquérir une voiture bas de gamme et que pour s’acheter un billet d’avion il faut que l’État intervienne pour réduire son prix de moitié alors qu’il fut un temps non lointain ou, grâce aux vicieux les voitures les meilleures se vendaient dans les showroom de quartiers et ou il était aussi facile de prendre un avion que de prendre un autobus.