SOMMES NOUS ÉGAUX FACE AUX SÉISMES ?

Le séisme est la force majeure par excellence. Pour le considérer un évènement comme tel, et pour qu’il soit pris pour une cause exonératoire de responsabilité, toutes les lois exigent la réunion sine qua non de trois conditions : l’imprévisibilité, l’irresponsabilité, et la non imputabilité de cet évènement.

– Dans l’état actuel de la science, l’homme ne peut pas prévoir l’avènement du séisme qui reste un évènement chaotique majeur dont les effets dépendent de la magnitude. L’histoire retient comme l’un des plus dévastateur celui qui a frappé la ville de Lisbonne en 1775, qui a fait 70.000 morts sur une population de 275000 habitants et qui fut l’occasion d’un débat entre philosophes et religieux sur la théodicée (la justice de Dieu). Il fut aussi l’occasion d’une querelle devenue célèbre entre Voltaire et Rousseau concernant le bien et le mal, et si une catastrophe de cette nature peut ou non être considéré comme une sanction divine contre la perversion des hommes. Ces mêmes questionnements on se les pose même aujourd’hui à l’occasion d’une calamité, mais bien sûr, au temps des réseaux sociaux, ils ne se posent pas avec la même intelligence le même niveau intellectuel qui cara caractérisait la pensée de l’époque.

– Il est un fait inéluctable de la nature. Et donc il ne peut être imputer à l’homme. Du moins en principe. En effet certaines activités humaines souterraines peuvent provoquer des petits seimes qui eux-mêmes peuvent être sources de dégâts limités par rapport aux dégâts de grande ampleur causés par le séisme naturel. Ces séismes etant imputables à l’entreprise humaine, elle en assume la responsabilité et il ne peuvent par conséquence l’exonérer de la responsabilité.

– Enfin le seisme est au-dessus de la résistance des hommes qui ne peuvent empêcher son avènement. Ils ne peuvent que le subir.

Concernant ce dernier critère (l’irrésistibilité), un petit bémol tout de même :

Si en effet le séisme est un évènement naturel imprévisible, irrésistible et non imputable, il est possible néanmoins d’amoindrir très fortement ses effets dévastateurs. En mars 2022 un séisme de magnitude 7,4 a frappé le Japon, faisant 4 morts, une centaine de blessés et très peu de dégâts matériels notables. Presque une année après, un autre séisme presque de magnitude égale vient de frapper le nord de la Syrie et le sud de la Turquie, faisant un bilan provisoire après 4 jours de 20.000 morts, des dizaines de milliers de blessés et des cartiers complètement rasés.

Cette comparaison entre le Japon, la Syrie et la Turquie est éloquente. Elle prouve que si l’homme ne peut pas prévoir quand un séisme va frapper, en revanche il est capable (quand il est intelligent, responsable, soucieux parce que constable des vies auxquelles il est chargé d’assurer la sécurité) de limiter ses dégâts. Quand on voit les tours japonaises qui vacillent et qui résistent au tremblement les plus forts et qu’on voit les bâtiments turques qui s’effondrent comme des châteaux de carte, on mesure la différence des deux sociétés face à l’inéluctable. Si en Turquie et en Syrie, les mêmes normes antisismiques avaient été observées de la même manière qu’au Japon, beaucoup de mal aurait été épargné. Mais hélas.

Pourvu que la nature ne nous affligé pas. Nous aussi nous sommes des anti-japonais, pires que les Turques. Beaucoup de nos édifices, confiés à des opérateurs vicieux durant la période de la grande corruption, ne sont en réalité que des sarcophages. On habite nos tombes.

Le séisme qui a frappé Boumerdes en mai 2003 fut l’occasion de révéler notre génie pour lutter contre cette catastrophe. En réaction, et août 2003, le président Bouteflika a promulgue une ordonnance rendant l’assurance-habitation obligatoire. Drôle de manière de conjurer le sort et de faire face à la fatalité. Le chef de l’État d’alors avait imposé l’assurance pour faire supporter les conséquences aux victimes au même temps que soir le regard de dieu les charognards baissaient en carton. Ni cette obligation n’est observée, ni les normes légales de construction ne le sont non plus. Rabi yetar wekhlas.