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Dernier épisode d’un grand échec: Le fermier Lairedj humilié et la mémoire de son père vétéran de la révolution souillée

ByDjillali T.

Fév 11, 2024

Le fermier Lairedj AEK a été expulsé de sa ferme en compagnie de ses vaches laitières, unique source de vie, de la façon la plus humiliante et la plus cruelle qu’elle soit à l’âge de 70 ans, par les forces publiques, cette fin de décembre 2023, à la suite d’une décision de justice prononcée sur la base de documents datés de 1987 (décision d’exploitation), délivrés par les services de la direction de l’agricultures, alors que Lairedj occupe cette ferme coloniale depuis 1963. Soixante longues années, jour pour jour, depuis 1963 à son expulsion en décembre 2023. La ferme appartenait au colon français Mr Moraine. 

Un investissement tombé à l’eau, pendant que le président de la république Mr Abdelmadjid Tebboune mène une bataille charnière pour encourager les investisseurs et promouvoir l’investissement afin de créer des richesses, notamment une autosuffisance en lait, produits laitiers et viande rouge, et dont le wali Chibani Samir veille avec acharnement à la réussite de ce grand projet national. 

La mémoire d’un moudjahid souillée

En 1963, le gouvernement algérien prend les fermes abandonnées par les colons français. Il permet aux petits fermiers de conserver leurs terres et en distribue un certain nombre à des vétérans de la guerre (dont Lairedj Atia en fait un avec honneur), pendant que d’autres fermes ont été transformés en terres d’état. Lairedj Atia, étant moudjahid a bénéficié de cette procédure qui lui a permis d’occuper la ferme du colon français Mr moraine, spontanément par la suite porté le nom  » ferme Atia » et connue comme telle par le commun des habitant de la commune de Boukhanefis. 

La ferme est située au milieu des terre agricoles du domaine Djemil Youcef, où Lairedj Atia, le Moudjahid commença a travaillé comme fellah, sans jamais être dérangé ni persécuté par aucune autorité. Étant illettré, Atia n’a jamais pensé demander des papiers pour rendre en règle son occupation de la ferme. aujourd’hui qu’il n’est plus là, sa mémoire a été sérieusement souillée, par le fait de ne plus reconnaître ses sacrifices pour contribuer à la libération de l’Algérie et pour que nous autres jouissant de cette liberté.

Naissance d’une ferme

 Décidé de s’y installer d’une manière définitive, le Moudjahid, étant libre et ayant le mérite de participer à cette liberté difficilement arrachée après de nombreux sacrifices, entame les premiers travaux d’extension de la ferme sans pouvoir les achever. Après son décès, la responsabilité est « tombée » sur son fils aîné Lairedj AEK, qui prend la charge d’investir progressivement dans cette ferme, en construisant des hangars, des écuries, des enclos, aménageant aussi des pistes d’accès à la ferme et creusant un puit et prendre soins de ses frères et sœurs. 

Un investissement qui lui a couté des sommes d’argents conséquentes. La décennie noir, Lairedj AEK l’a bien vécu dans cette ferme de fortune, prenant une arme entant que volontaire, se constituant un rempart pour la stabilité du pays contre le terrorisme. Le père Moudjahid et le fils volontaire ont gagné chacun une guerre et une bataille en gageant leurs vies et celle de toute la famille, malheureusement, la paix trouve toujours du mal à s’installé dans leurs demeures !

Reconversion des terres en EAI et EAC en 1987

Étant donné que le père était fellah, une parcelle lui a était attribué dans le domaine Djemil Youcef dans le cadre de l’EAC, revenue par la suite de son décès aux héritiers, mais plus loin de peu de la ferme sujette de conflit, et d’autres fellahs, du même domaine, ses collègues, ont bénéficié dans le cadre de la même procédure, de terres où se trouve la ferme. Et ainsi, la ferme se trouva automatiquement au milieu des parcelles de l’autre groupe de l’EAC. Mais comme ces employés connaissaient bien l’Airedj depuis bien avant l’indépendance, jamais on ne lui a soufflé quoique ce soit sur la position de la ferme, jusqu’au décès d’un membre du groupe en 2021. Les héritiers ont brandi le droit d’exploitation de la ferme, étant donné sa position sur leur parcelle. 

Incompétence caractérisée

Une erreur monumentale commise par la direction des services de l’agriculture et la direction des biens de l’état, qui n’ont procédé à aucune enquête préalable, pas la moindre. On pouvait facilement éviter ce conflit en inversant l’airedj avec un membre du groupe de l’EAC, et ainsi Lairedj préserve sa ferme sans le recours à tout ce grabuge qui a duré plus d’un demi siècle, mettant en évidence toute une gestion depuis des années des services de la DSA, de ceux de l’ONTA, de la direction des biens de l’état ainsi que de l’APC de Boukhanefis, entachant par ailleurs sérieusement les autorités locales de négligence. 

Le pire est que depuis bien avant ce temps, Lairedj AEK avait saisi à plusieurs reprises le ministre, venu ce mois de décembre 2023 en visite à sidi bel abbés, les autorités locales, la direction des services agricoles, l’office nationale des terres agricoles et ceux de la direction des biens de l’état, mais aucune ouïe ne semblait lui prêter la moindre attention. Aucune réaction pour au moins remédier à une erreur interne qui date depuis plus d’un demi siècle.

Un problème interne

Ce qui est étrange, ce conflit sur un bien appartenant à l’état est entre deux fellahs, ayant un même ministère, un même statut et des mêmes lois. Le directeur des services agricoles et celui des biens de l’état, successivement représentant du ministère de l’agriculture et du développement rural et l’autre seul garant des biens de l’état, détiennent la faculté et possède l’entière responsabilité de la gestion, notamment l’activité de l’élevage de bétails qui concerne justement le cas de Lairedj AEK. Mais quand la solution tarde à venir pour déférentes raisons, notamment par l’incompétence et l’incompréhension des textes, le conflit qui était au début interne finira par sortir à la recherche d’autres alternatives et d’autres voies, notamment dans les couloirs de la justice. 

Un problème en cache d’autres !

Cette situation est bien loin d’être définitivement résolue. La décision de justice prononcée au nom de l’un du groupe composé de 07 fellahs a provoqué une colère chez les autres membres, qui se sont regroupés faisant une descente à la ferme pour réclamer leur part, étant donné la position de la ferme au milieu des 07 parcelles.  Selon des sources formelles, les disputes, jusque là, verbales deviennent quotidiennes. Si la lenteur des autorités concernées persiste encore dans le temps à procéder à une véritable enquête pour éteindre cette étincelle, le feu sera certainement imprévisible.   

La direction des biens de l’état destitué de ses biens ?

D’un point de vue juridique, sur avis des experts consultés sur ce cas et d’autres similaires : une décision de justice n’est annulée que par une autre décision émanant de la même institution. Ainsi, cette ferme étant un bien public c’est trouvée mystérieusement un bien particulier revenant à la partie plaignante et la direction des biens de l’état systématiquement destituée de ce bien qui lui appartient de source. Ce cas est bien loin d’être unique. Ainsi pour récupérer tous ses biens, la direction des biens de l’état devraient tenter des dizaines sinon des centaines de procédures devant la justice et payer des sommes colossales  » inutiles » pour récupérer propres ses biens qu’elle s’est fait destituer sans le savoir.

Ce qui est extraordinaire, quand la DSA, l’ONTA et surtout la direction des biens de l’état ont été appelé pour prendre part devant la justice sur la gestion de ce conflit entre deux fellahs sur un bien de l’état, il faut le préciser, leurs présences est perçue totalement incompréhensible : sont-ils juste des témoins devant un problème qui les concerne de fond en comble, pour certifier  » inconsciemment » que ce bien  » étatique » est la propriété d’une partie dans le conflit pour devenir un bien privé ?… Étrange, cette gestion des biens de l’état !

Le dernier cri du fermier au wali Chibani Samir

Le fermier Lairedj AEK est maintenant dehors, à l’air libre avec ses vaches dans le froid, ne pouvant ni tenir ni lâcher à cette source unique de subsistance qu’il côtoie depuis plus de 60 ans. Cette situation accablante incommensurable use affreusement sa force, son courage et sa patience à tenir à ce projet d’investissement qui date depuis 1963, avec lequel, il a contribué depuis toutes ces longues années au développement de ce secteur névralgique. Ni les promesses de toutes ces directions n’ont été tenues, ni les instructions fermes de Mr le wali n’ont été respectées.

Devant ce choix cornélien, Lairedj continue à tenir à l’espoir que justice soit rendue un jour, au vu de sa présence dans la ferme depuis 1963 en prenant en compte qu’il est aussi héritier d’un membre d’une EAC dans le même domaine et de surcroît un Moudjahid, et non sur le vu de documents datés de 1987.  » Monsieur le wali, SVP, mettez fin à mes souffrances, à 70 ans, je n’ai plus la force de tenir vu mon diabète et ma tension », a tenu à dire pour la dernière fois le fermier au premier responsable de la wilaya.

Djillali Toumi