Dans ma chronique, je pouvais parler du fils du terroriste qui a interpellé le Wali de Tipaza publiquement : «Je suis âgé de 23 ans, dit-il au wali devant l’assistance nombreuse. Je suis le fils d’un terroriste abattu par les forces de sécurité de l’Etat, toutes les portes me sont fermées, j’ai un diplôme de plombier, je vis dans la misère. Qu’est-ce que j’ai fait personnellement pour être rejeté par ces fonctionnaires de l’emploi, ajoute-t-il. Je ne me sens pas protégé par l’Etat»
Je pouvais parler également des cinq militants «pro-démocratie» dont un blogueur, qui ont été condamnés récemment à Abou Dhabi à des peines allant jusqu’à trois ans de prison, notamment pour avoir «insulté» les dirigeants des Emirats arabes unis, un pays pétrolier du Golfe épargné jusque-là, par le Printemps arabe.
Les sujets ne manquaient donc pas, mais la chronique n’a pourtant pas paru. Je peux invoquer moult alibis. Ma mère souffrante aurait été une excuse sentimentale à laquelle tous les lecteurs auraient compati. Mais la chronique n’a pas paru. Le chroniqueur aurait dû informer les lecteurs, il ne l’a pas fait. Première faute déontologique. Le journal aurait dû alors le faire et il ne l’a pas fait non plus. Deuxième niveau de la même erreur. J’aurais pu invoquer un voyage. Comme évoquer mon « ego sur dimensionné » qui aurait pu être manipulé par des « amitiés factices » aux dépens de la « dynamique de groupe« . L’essentiel, c’est qu’au bout, l’erreur demeure.
Cela fait bientôt trois ans que le journal active animé par une équipe de bénévoles, grâce à vous tous. Nous avons rencontré beaucoup de problèmes, des dérapages, mais cela est tout à fait naturel.
Pendant ces trois brèves années, j’ai eu un grand plaisir de découvrir des hommes et de les imaginer à travers leurs commentaires, à retrouver des amis perdus depuis longtemps, à nouer de nouvelles relations dont certaines très «complices»
Un lecteur – devenu ami – vient de me rappeler dans un message privé, une phrase que j’ai dite dans un de mes rares commentaires : « faire de BAI le miroir de l’intellectualité bel-abbésienne » C’est pour cela que je milite. Que je militais. Oser faire de l’information alors que l’on n’est pas formé pour, n’est pas chose aisée, je n’en disconviens pas. Des dérapages, il y en a eu. Certes, mais les initiatives demeuraient louables.
Le seul paramètre sur lequel, l’on doit demeurer intransigeant, c’est celui de s’opposer à la volonté de vouloir –délibérément ou pas – utiliser la tribune du journal à des fins autres que l’information et opter alors pour le dithyrambe, l’anathème et le plagiat. Mais comment faire quand on n’ est qu’un journal animé par de profanes bénévoles, agissant selon leur âme et conscience, dépourvus d’un chef d’orchestre pouvant assurer le respect de la ligne éditoriale? Vous me diriez qu’il y a une charte et que l’ensemble se doit de s’y conformer. Certes, combien l’ont lue ? Combien s’y réfèrent chaque fois que les situations l’exigent ?
Il est souvent difficile de faire la part des choses quand on a la responsabilité de « diffuser » de l’information, entre nos sentiments et notre obligation de réserve. C’est le degré de gestion de cette équation qui est le reflet de notre probité. Combien de fois, avons-nous constaté que même dans les médias les plus professionnels, des prises de position mues beaucoup plus par des intérêts étroits, au profit d’intérêts particuliers, voire par des objectifs purement personnels, prennent le pas sur l’information objective et impersonnelle.
L’information prend ses proportions les plus dépravées quand elle cible des personnes ; cela s’apparente à un «règlement de comptes»
Les scandales à répétition de l’Université Djillali Liabes, ont été couverts par BAI avec un professionnalisme digne d’éloges. Aucune allusion à des personnes, aucune diffamation. Le journal s’est contenté de mettre à la disposition du lecteur une information se basant exclusivement sur des documents, laissant le lecteur seul juge. Ce fut, à mon humble avis, un exemple d’objectivité.
Mais combien de fois a-t-on le droit de se juger par rapport à ce qui s’écrit et de chercher à se positionner? De quel droit peut-on à titre personnel, s’ériger en censeur des autres parce que l’on pense que cela enfreint ce que nous considérons comme éthique? A chacun de la voir, cette éthique, à partir du moment où l’arbitre n’y est pas. Et c’est là où le problème surgit.
L’espace audio visuel de la ville est vaste. Il ne demande qu’à être occupé. Deux journaux virtuels, ce n’est pas suffisant pour justifier une «concurrence» parfois malsaine, alors que la complémentarité doit primer. Le Bel-abbésien voudrait la plus belle information, pas le plus beau journal. Quand quelqu’un -au lieu de poser la question – utilise une autre tribune pour faire un appel à un absent, celui-ci aurait dû d’abord s’enquérir des motivations. Peut-on reprocher une absence à un événement dont on n’est pas informé ? Encore eût-il fallu qu’il le sache! A moins de jouer aux devins, cela me semble relever du domaine de l’impossible! On ne badine pas avec l’information. Autant l’anathème est destructif pour un journal, autant le dithyrambe est viral. Les caresses dans le sens du poil, ne peuvent à elles seules, garantir le succès, même si tout flatteur vit aux dépens de celui qui est flatté.
Mais tout n’est pas noir. Combien de fois ne sommes-nous pas intervenus auprès de tel hébergeur internet ou propriétaire DNS pour lui rappeler l’inobservation de l’éthique et déontologie journalistiques par tels blog ou forum. Devrions-nous le faire aussi pour la presse écrite ?
Remarquer que des articles de BAI soient repris y compris avec leur photo de légende, de surcroît, sans la formule usitée « avec l’aimable autorisation de BAI » nous procure une grande fierté et nous stimule positivement. Même si les fondateurs ont un grand mérite, le journal n’appartient qu’aux lecteurs !
Telle est notre vision : ni dithyrambe, ni anathème, ni plagiat.
djillali@bel-abbes.info
Bonjour Mr Djillali C.,
Ainsi, si je comprends bien votre papier de ce jour, vous culpabilisez gravement à l’idée d’avoir raté votre rendez-vous du jeudi, et vous vous inquiétez tout autant de n’avoir pas eu en écho de réaction de la part de vos lecteurs à cette absence (une de plus?)plus ou moins remarquée!!!
Ne soyez surtout pas offensé si vos lecteurs n’ont pas relevé votre « manquement » à ces retrouvailles hebdomadaires.
Nous comprenons aisément qu’il arrive aussi aux chroniqueurs de marquer de temps en temps la pause, non pas par manque de sujets propices aux commentaires et le plus souvent à l’indignation, mais c’est surtout parce que ce sont les mots qui manquent le plus souvent pour le dire.
Mais vous-même, avez vous pensé au silence de vos lecteurs et à leur déprime en parcourant les informations peu réjouissantes de leur quotidien ?
Que dire, dans notre culture qui nous a tant inculqué la célébration de la vie et le respect de la mort, d’apprendre qu’un jeune de 26 ans s’est pendu à Sidi Lahcen ?
Que dire, dans les conditions difficiles d’études rencontrées par nos étudiants, d’apprendre qu’un jeune Baki s’est vu dépossédé de son accès au cycle supérieur,quelques jours à peine après avoir fêté son succès à cet examen?
Que dire à l’idée de penser que dans les deux cas précédemment évoqués, nous avons peut-être définitivement perdu pour la société un grand scientifique, un grand médecin, un grand artiste, ou bien tout simplement un excellent artisan???
Que dire encore, en tant que lecteur, de tous ces scandales qui agitent la jeune université de la ville et ont suscité la forte et légitime indignation, et dont nous connaissons les sanctions peu ou prou convaincantes qui ont été prises?
Que dire,par delà ces faits hautement délictuels qui ont été traité avec plus ou moins de bonheur, dès lors qu’on constate amèrement que notre société trouve plus généralement confrontée à une grave crise morale qui perdure et qui reste propice aux » parrains et filleuls » ,à la compromission et à la prolifération les corrupteurs et des corrompus potentiels, et contre lesquels il faut le reconnaître nous n’avons pas de grands recours?
Que dire aussi des pharmacies, des stations d’essences, ou de citoyens lâchement ou sauvagement agressés?
Voyez-vous, cher Djillali C.,ce ne sont pas les sujets de commentaires qui manquent, et ce n’est pas parce que nous gardons le silence que nous n’en pensons pas moins !
De ce point de vue, soyez assuré de toute notre indulgence.Et à une de vos prochaines chroniques!
Bien à vous.
Dithyrambe? Pourquoi pas, si c’est pour louer sincèrement les belles initiatives et pour encourager les bonnes volontés? Anathème? Pourquoi pas aussi, si c’est pour condamner énergiquement la médiocrité, le laxisme, le népotisme, la corruption, etc. Par contre, au plagiat on dira toujours NON! Un plagiaire qui, par paresse ou par incapacité, recopie servilement les écrits des autres, doit être dénoncé sans hésitation aucune. Et cela ne nous empêchera pas bien sûr de reprendre (entre guillemets toujours) la réflexion positive ou la bonne parole des autres… en citant l’auteur, cela va de soi.
Bonjour Madame ABASSIA, Bonjour Monsieur ABDELWAHID.
Merci pour vos contributions.
Monsieur ABDELWAHID, je suis entièrement d’accord avec vous pour louer les initiatives et les encourager, mais pas au-delà de limite de la dithyrambe que se manifeste par des « caresses dans le sens du poil » pour obtenir les grâces de la personne flattée. D’accord avec vous pour les dénonciations mais dans la limite de l’anathème qui consiste à jeter l’opprobre et la diffamation, juste pour nuire….
D’autant plus que nous ne sommes que des amateurs en matière d’information. Merci encore.
Madame ABASSIA,merci beaucoup pour vous encouragements qui constituent un stimulus pour nous.
Nous sommes tout à fait d’accord, Monsieur Djillali: ni flatterie ni calomnie et nos propos ne seront donc ni trompeurs ni mensongers.
Certes, en matière d’information, nous ne sommes que des amateurs mais avec le journalisme, on est à bonne école et si on a une grande soif d’apprendre, on peut finir par devenir un petit «pro». Bon courage à toute l’équipe!
Bonsoir Mr Djillali
C’est par un hasard de navigation sur Internet que j’ai découvert votre journal numérique et depuis, je ne cesse de le lire car il est devenu une fierté de notre coquette ville. Je l’ai aussi recommandé à mes proches.
Le contenu de cet article m’a vraiment plu et suis d’accord avec vous. Les 3 mots clé du titre expriment exactement comment la participation écrite de tout un chacun doit se faire. Encore plus quand cela provient d’un journaliste. Pas de langue de bois!
C’est vrai aussi que quand la démocratisation de l’expression se développe, elle ne se fait pas sans dérapage. Il faut mettre cela sur le dos de l’inexpérience.
Nous apprenons tous, petit à petit, à utiliser à bon escient, cette démocratie. Ce n’est pas facile dans un pays où s’exprimer librement a toujours été tabou. Comme a dit Mr. Djahout (Allah yarhmeh) »Tu parles, tu meurs; tu te tais, tu meurs, alors parle et meurs! » Au moins l’honneur et la dignité de la personne est préservée.
Quant au plagiat, c’est encore un autre problème plus grave sur lequel on pourrait écrire longuement.
Bon courage!