Ma chronique d’il y a quinze jours, avait pour sujet le duel qui opposait les Ottomans aux Gaulois sur le traitement des effets du colonialisme ….. en Algérie. En fait, pour répondre à une loi votée par l’Assemblée Française criminalisant la négation du Génocide Arménien par l’Empire Ottoman, Erdogan n’a trouvé mieux que d’accuser la France d’avoir fait pire en Algérie et l’inviter à balayer devant sa porte d’abord. Votre serviteur s’étonnait en outre, du silence des autorités Algériennes devant toute cette cacophonie qui a culminé avec les cérémonies organisées par le Maire de Ankara et l’inauguration d’une stèle commémorative.
Mais, voilà. Même en retard, les responsables se réveillent. La presse aussi.
D’abord, la presse. Elle a été unanime pour remettre à l’ordre du jour les méfaits de l’Empire Ottoman en Algérie. Une réponse du berger à la bergère : «Vous n’êtes pas mieux lotis que les Français, vous avez fait pire!» Et l’on se met à remuer l’Histoire : Le dey a abandonné Alger. La flotte algérienne a été complètement détruite durant la guerre des Ottomans contre les Anglais et les Russes, juste avant le débarquement à Sidi-Ferruch etc….
Pour les autorités, c’est d’abord Soltani BOUGUERRA qui sitôt après avoir quitté l’alliance en y laissant ses ministres faut-il le préciser, s’envole à Ankara où il est reçu par Erdogan.
La réplique d’Ouyahia ne tarde pas. Saisissant à chaque fois l’occasion d’exprimer les positions du premier Ministre, lorsqu’il parle en tant que chef du parti, il n’a pas raté l’occasion d’épingler et BOUGUERRA et ERDOGAN.
« Je demande à la Turquie de cesser d’utiliser le sang des Algériens comme fond de commerce ! » A-t-il martelé à plusieurs reprises.
OUYAHIA en campagne, c’est naturel. Mais en campagne pour les législatives uniquement, ou même pour les présidentielle? En douter, ce n’est plus sûr, avec le pavé dans la marre qu’il vient de lancer « un quatrième mandat rendra-t-il service à l’Algérie?» C’est par cette surprenante question qu’il a répondu à une question de journaliste. Va-t-il se présenter candidat ? Il répète ce qu’il a déjà dit, il y a moins d’une année : «La présidence, c’est la rencontre d’un homme avec son destin!» On connaissait le technocrate, le docile commis de l’Etat, on découvre le poète.
Mais quel est l’objectif d’Ouyahia lorsqu’il rappelle à l’ordre, la Turquie? A notre humble avis, il est double : D’une part, clouer au pilori sans concurrent et ex-allié de Hamas qui a osé offrir ses services à Erdogan. Et d’autre part, lancer un message à la France pour un soutien futur dans le cadre des présidentielles. Il faut reconnaître que même s’il ne l’a pas fait sciemment – ce qui serait étonnant de la part d’un homme rompu aux arcanes de la politique et qui ne dit rien sans rien – c’est une grande bouée de sauvetage qu’il vient de lancer à la France en général et à Sarkosy en particulier.
Quant à BOUGUERRA, il n’a pu rester libre plus d’une semaine. En effet, sitôt divorcé avec l’alliance présidentielle, il offre sa main à la Turquie. Mais ceci rentre dans la stratégie à long terme de la mouvance. Le système Turc est cité tout azimut comme étant le modèle de gouvernement islamiste qui peut réussir dans les pays arabes. Tout le monde en parle et le cite comme référence. Alors, pourquoi pas le Hamas algérien, si cette démarche lui assure un soutien indéfectible de l’étranger?
Cette Turquie rejetée par l’UE qui bloque à travers surtout la France et l’Allemagne, son adhésion à la communauté, voudrait s’ériger en «parrain» d’un monde Arabe en ébullition. Ses positions de façade face à Israël surtout suite à l’attaque de la flottille destinée à Ghaza, alors que la Turquie demeure un des premiers partenaires économiques et commerciaux stratégique de l’entité sioniste, lui ont conféré un statut d’honneur auprès des Peuples Arabes qui voient en ce Pays et l’Iran, les seuls à avoir tenu tête à Israël et à soutenir les Palestiniens.
Ceci lui donne l’opportunité de s’ériger en « donneur de leçons » notamment face à la crise Syrienne où il se met en évidence dès les premiers jours, en hébergeant l’opposition et déclarant la guerre de positions avec le régime d’El Assad !
Voici pour la Turquie.
Plus près de nous, Le HMS de Feu NAHNAH, manipulé par un BOUGUERRA qui marche toujours avec deux fers au feu, veut rentabiliser cette situation créée par et le printemps arabe, la résurgence de l’islamisme dit «modéré» et le nouveau statut factice de la Turquie.
Il divorce de l’alliance à la veille des élections pour se redonner une virginité –qu’il n’a par ailleurs jamais eue, puisqu’il a fait partie de tous les gouvernements depuis sa création – et paraître dans l’habit de l’opposition. Mais le problème, c’est qu’il critique un Gouvernement où siègent trois Ministres de son Parti. La logique et la probité auraient voulu que ses Ministres démissionnent dès son désengagement de l’Alliance. Ce qui n’a malheureusement pas été le cas.
Par ailleurs, BOUGUERRA vient de dévoiler au grand jour, sa stratégie et les objectifs visés par son adhésion à l’alliance. Ce n’était juste que pour soutenir la Réconciliation Nationale. Du moment que cet objectif est atteint, il n’y a plus de raison de rester. Voilà. BOUGUERRA veut ratisser large et surtout chez les résidus de l’ex-FIS qui présentent un électorat conséquent. Voilà l’objectif du Hamas Algérien.
Quant à OUYAHIA, sa stratégie est moins «politicienne» En effet, s’il a eu le mérite de «dénoncer»
Les dégâts occasionnés par l’occupation Ottomane de l’Algérie et ce qu’à enduré le Peuple, rappelant sagement le rôle joué par la Turquie en tant que membre de l’OTAN et celui de son vote contre l’Algérie à l’ONU ; il a « omis » deux aspects essentiels : Le premier dans la forme, et on aurait préféré qu’il le fasse en tant que Premier Ministre pour marquer une position officielle de l’Etat Algérien et non pas en tant que responsable de Parti ce qui n’engage en fait que la position du Parti. Le second, c’est qu’il dédouane indirectement la France de ses crimes de guerre commis pendant 132 ans d’occupation. La recherche de l’appui de la puissance coloniale, s’il est légitime de la part d’un candidat, il ne doit pas se faire aux dépens de l’intérêt du Pays. Nous serions tentés de lui retourner sa réplique pour lui dire que lui non plus n’a le droit d’utiliser le sang des Algériens comme fond de commerce.
Et les autres tendances politiques dans tout ça?
Le FLN à travers Belkhadem boucle la boucle. Lui, ne s’occupe ni de l’Algérie ni de la Turquie, mais simplement de la France.
Il y a même Juppé qui assure devant l’Assemblée de son Pays qu’il a demandé à l’Algérie de fêter « modérément » le 50ème anniversaire de l’indépendance (sic) Comme si une fête peut-être célébrer « modérément » !
Finalement, toute la classe politique ne réagit qu’à l’occasion des élections. Il n’y a pas qu’Erdogan qui utilise le sang des Algériens comme fond de commerce. Tous, utilisent le sang des Algériens comme fond de commerce, qu’il s’agisse de celui du aux Ottomans que celui du à l’Armée Française !