Le juge d’instruction prés le tribunal de Sidi Bel Abbés a placé, lundi 18 juillet, six policiers accusés de bavure policière sous mandat de dépôt, apprend-on de source judicaire.
Un commissaire, un officier, deux inspecteurs de police et deux agents de l’ordre public (AOP) ont été placés en détention préventive dans le cadre de l’affaire Bachir Mohamed, un père de famille de 33 ans décédé le 11 juillet dernier après avoir été tabassé par la police à Ain Témouchent.
Ils ont été déférés devant le parquet de Sidi Bel Abbés en application du principe du privilège de juridiction, « étant donné que plusieurs mis en cause disposent de la qualité d’officier de police judicaire », selon une source judicaire.
Aussitôt l’inculpation connue, les langues ont commencé à se délier à Témouchent où la satisfaction a été grande de savoir que malgré les tentatives menées par la police pour camoufler l’affaire ont été vaines.
On pense en particulier au flou des déclarations à la presse alors que dès le départ le procureur de la république adjoint avait déjà retenu l’accusation de coups et blessures volontaires (CBV) et pris l’initiative de mener une enquête personnellement, cela une fois qu’il avait reçu un certificat médical rapportant que Bachir Mohamed avait été victime de violence.
En effet, le chirurgien qui l’avait opéré avait du soustraire la rate et l’appendicite totalement mis en bouillie et non pas malade. Ce sont cependant les coups de godasses portés au foie qui ont causé le plus de dommages à Mohamed.
Avant qu’il ne sombre dans le coma, il a soufflé dans un murmure à son épouse que c’était un certain officier Jamal et ses adjoints qui l’avaient mis en piteux état.
En outre, selon d’autres sources, il semblerait que la caméra de surveillance de la caisse de retraite face à la radio locale ait enregistré le violent tabassage des manifestants par la police.
On rapporte également que la victime après son arrestation, le 3 juillet, et suite aux coups qui lui ont été porté, a horriblement souffert pendant six longues heures au poste de police alors qu’il était menotté.
Son compagnon de cellule a hurlé tant qu’il a pu pour alerter les policiers sans que l’on se soit soucié de quoi que ce soit. Il a fallut que la relève arrive pour qu’enfin on vienne voir. Immédiatement transporté aux urgences médicales sous bonne escorte, Mohamed est resté sept heures sur la table d’opération.
Le procureur adjoint avait dès ce moment retenu l’accusation CBV, une accusation contre laquelle la police a présenté un dossier accusant Mohamed de tous les délits possibles, le déclarant même en état de fuite, ce qui a fait sursauter les magistrats lorsqu’ils ont pris connaissance de ce dossier.
A sa mort le 12 juillet, et au vu du rapport d’autopsie établi à Oran où Mohamed avait été évacué le 4 juillet après être tombé dans le coma, l’accusation a enfin pris forme. Mais il a fallu attendre pour cela plus de cinq jours après la mort de Mohamed Bachir pour que tout s’éclaire. «Ah, si c’était arrivé en Kabylie, cela aurait été autre chose ! », un commentaire qui en dit long, est sur toutes les lèvres à Témouchent
M. Kali et M. Abdelkrim
EL Watan