Chronique de jeudi : «LE FOOT PERD-T-IL SON STATUT D’OPIUM?»

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Le sport en général et le football en particulier ont toujours constitué des éléments incontournables dans la gestion du climat social des sociétés contemporaines.
Hitler le premier, a instrumentalisé les jeux olympiques de Berlin juste avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, pour titiller la fibre nationaliste des «Ariens» et le nazisme naissant. Depuis, les évènements sportifs se succédaient en fonction des «situations politiques» Il y eut les différentes organisations des «coupes du monde du football», les jeux olympiques devenaient un baromètre de prestige des mégalopoles telles Rio, Barcelone, Londres, Los Angeles, Moscou, Tokyo etc..
A une échelle plus réduite dans les Pays du sud connus par leur sous-développement et leurs régimes dictatoriaux, l’organisation des Jeux Méditerranéens devenait un pari lourd à gagner pour faire «oublier» aux Peuples, toutes leurs misères. Qui ne souvient de ceux d’Alger en 1975, et le match de la finale Algérie-France qui a ressemblé à une seconde guerre d’indépendance. Même feu Houari Boumédiène aurait donné des instructions fermes aux joueurs et staffs que c’était le seul match à ne pas perdre !
Dans ce cadre, il faut reconnaître que le football se taille la part du lion tant son aura au sein des masses est considérable. D’ailleurs, parmi toutes les fédérations sportives internationales, seul BLATTER est reçu partout avec un statut égal où supérieur à un Chef d’Etat !
Le Brésil n’a survécu aux réactions des peuples des favélas que grâce à la magie des Pelé, Garrincha, Revelino, Ronaldo et aujourd’hui, Neymar et compagnie.
L’Espagne n’a pas vu venir la crise économique qui a failli même installer le chaos dans le Pays, grâce à Cassillas qui a brandi la superbe Coupe du Monde en Afrique du Sud. La fête a été longue, malgré le chômage et les vicissitudes de la vie quotidienne.
Une guerre a même éclaté dans les années 60, entre deux pays latino-américains suite à un match de football.
Plus près de nous, les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 auront été le summum de l’instrumentalisation du football par les dictatures. En effet, les 3 matches ayant opposé l’Algérie à l’Égypte étaient un ingrédient indispensable à la gestion des contestations populaires dans les deux Pays et aux revendications de libertés populaires.
Le match du Caire aura été un véritable acte militaire : «caillassage,» insultes, chasse aux Algériens, presse hystérique. La réponse d’Alger aura été fulgurante : attaque des biens égyptiens et notamment Djezzy qui aura vu beaucoup d’opérateurs économiques résilier leur abonnement au profit des concurrents.
Même le Handball n’y a pas échappé quand la finale de la Coupe d’Afrique au Caire a mis en confrontation les équipes des deux Pays et où le fils de Moubarek, héritier naturel du trône, narguait publiquement les Algériens.
Le match d’appui d’Oum Dorman atteint le sommet de l’instrumentalisation : Insultes et menaces d’un côté, pont aérien de l’autre. 3000 supporters furent acheminés en 24heures, opération qui suscita des sueurs froides dans les états-majors Israéliens. Beaucoup d’observateurs avaient affirmé que si l’Égypte s’était qualifiée à la coupe du monde, Moubarek ne sera point tombé et Gamel le fils aurait pu facilement hériter de la Présidence. Les secrets des la manipulation n’ont pas tous été divulgués puisque jusqu’à ce jour, les révélations continuent. Choubeir, le journaliste vient d’avouer en direct dans une chaîne privée égyptienne, où il anime une émission régulière, qu’il a fait l’objet de fortes pressions et de menaces d’emprisonnement s’il ne confectionnait pas une émission sur mesure attaquant l’Algérie et qu’il a été obligé de le faire.

Il apparaît donc clair que l’instrumentalisation du football au profit de la chose politique est un secret de Polichinelle. Mais elle prend d’autres dimensions avec le scandale naissant de l’octroi du tournoi de 2022 au Qatar. Hériter de l’organisation d’un mondial est devenu un prestige supérieur à toute autre manifestation. Le micro-Etat du Golfe qui veut paraître comme une puissance, ne lésine sur aucun moyen notamment dans le domaine du sport. L’argent coule à flots et les grands bénéficiaires se trouvent être les clubs européens (PSG, Barcelone, Man City….) ainsi que les corrompus de la FIFA et ils sont nombreux !

L’organisation du Mondial est devenue un évènement tellement important que les candidats malheureux et notamment L’Angleterre, ne lésinent sur aucun moyen pour discréditer le Qatar. Et à voir les résultats obtenus jusqu’à aujourd’hui, grâce à la crédibilité d’un journal comme «The sun» laissent croire que l’Émirat est en voie de se voir dépourvu de cette aubaine. L’enquête a démarré et pour la première fois, BLATTER par le d’un possible nouveau vote si l’enquête aboutit. Ce serait un fait inédit qui consacrerait l’ampleur de la gangrène de la FIFA en matière de corruption.
Cependant, le Monde évolue et on assiste à un retour de manivelle inattendu. Comment pouvait-on imaginer un jour que les brésiliens pouvaient manifester contre l’organisation de la Coupe du Monde ? Et pourtant, c’est ce qui se passe. Depuis l’annonce de la candidature du Pays de la Samba, les protestations et les manifestations ne se sont pas arrêtées. Pire, elles s’accentuent au fur et à mesure que le rendez-vous s’approche.
A quelques jours du premier match, les grandes agglomérations telles Rio et Sao Paulo connaissent des manifestations géantes et des grèves paralysant toutes les activités et mettant en danger réel, la réussite de cet évènement planétaire. Les embouteillages deviennent un calvaire suite de la grève du métro qui perdure. Les Brésiliens disent qu’ils ont marre de la Coupe du Monde ! Ils veulent des écoles et des hôpitaux ! Ils veulent une vie décente. Ils veulent en finir avec les favélas et leur misère. « Bienvenue à l’Algérie, pas à la FIFA! » pouvait-on lire dans une pancarte brandie par les manifestants lors d’un entraînement de l’équipe nationale.
Quel retournement de situation ! Qui aurait pensé qu’un jour, les Brésiliens pouvait remettre en cause le caractère « sacré » du football ? Et pourtant !
Ce qui se passe au Brésil doit donner à réfléchir à tous ces Dirigeants qui considèrent le football comme un anesthésiant des Peuples. Les brésiliens viennent de lancer un avertissement ferme à l’ensemble des Dirigeants des Pays qui continuent à croire qu’une victoire de leur équipe nationale peut faire oublier toutes les misères que leurs Peuples pâtissent.
Chez nous on continue la surenchère et les actes ostentatoires faisant valoir des salaires de 300 millions pour des joueurs qui n’ont même pas pu prétendre à une sélection en équipe nationale, ni même en ligue 2 d’un championnat européen moyen. Ces « insultes » envers un Peuple dont la majorité se traumatise pour pouvoir passer un Ramadan décent risquent de se traduire par plus violent que celui du Peuple du Pays de la Samba.
Tous comme les Brésiliens, les autres Peuples se réveilleront et un jour diront basta ! On a assez de foot mercantile! On veut « notre foot » On veut l’éducation, le transport, la santé et le travail !

djillali@bel-abbes.info.

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