LA MÉMOIRE OUBLIÉE

Stefan Żywotko, Polonais né le 9 janvier 1920 à Lwow a été un entraîneur de football.
Il détient le plus haut diplôme d’entraîneur de football délivré en Pologne, le 1er degré. Il l’a acquis en 1964. «Sitôt ma carrière de footballeur terminée en 1952, à 32 ans, j’ai passé le diplôme d’instructeur de football, le plus bas des diplômes. Il m’a fallu douze ans pour avoir le diplôme le plus élevé car, à l’époque, c’était du sérieux ».
Les premiers jours furent difficiles, il se contentait d’observer le travail, car il était handicapé par le fait qu’il ne connaissait ni le kabyle, ni l’arabe, ni le français. Durant plusieurs semaines, il se présentait aux entraînements avec un dictionnaire polonais-français. Pour formuler une observation, il feuilletait pour trouver les mots adéquats. C’est ainsi, qu’il assimila avec le temps les expressions les plus importantes et les plus usitées.
Il faut dire qu’il s’est trouvé un très bon professeur de français : le chauffeur qu’on lui avait affecté. «Il s’appelait Nasser et, chaque matin, il m’apprenait quelques mots. C’est vrai que j’ai assimilé la langue à force de parler avec tout le monde, mais je lui dois beaucoup, lui tout particulièrement». Les dirigeants avaient une grande qualité : ils écoutaient attentivement tous les conseils prodigués par Stefan.
Ainsi commença avec la JSK, une formidable aventure de plus de 13 ans, marquée par son duo d’entraîneur avec Mahieddine Khalef.
Il ne se contenta pas seulement de l’entraîner, il inculqua à la JSK une culture de la gagne à l’européenne, lui permit de gagner ses premiers trophées internationaux. Et fit progresser par la même, le football algérien de club. Avec la JSK, à l’époque JET, il remporta sept titres de Champion d’Algérie de football, une Coupe d’Algérie de football ainsi que deux Coupes d’Afrique des clubs champions, et la Coupe de la Fraternité.
Il quittera le club surnommé le «Jumbo Jet», en décembre 1991 date du dernier titre de champion d’Afrique des clubs.
Pourtant, lors de la cérémonie organisée récemment par l’association Sport et Culture de la wilaya de Tizi Ouzou, où un hommage a été rendu aux fondateurs et anciens de la JS Kabylie, son nom n’a même pas été évoqué. Ce qui a contraint l’ambassadeur de Pologne, – son Excellence Witold Spiydowicz – à réagir dans une lettre adressée aux organisateurs à travers la presse :
« Permettez-moi de vous rappeler une figure mythique du football polonais en la personne de Stefan Zywotko, né en 1920 en Pologne, ayant fait sa carrière de footballeur dans une équipe de sa ville natale, mais la meilleure partie de sa carrière c’est en Algérie qu’il l’a eue puisqu’il a marqué l’histoire du football algérien avec l’équipe de la JS Kabylie, en l’entraînant pendant 14 ans (1977-1991), période durant laquelle il a remporté 7 fois le championnat national, deux fois la Coupe d’Afrique des clubs, et en 1986 la Coupe d’Algérie.
Nous aurions souhaité que le nom de cet entraîneur qui est considéré comme l’un des fondateurs de cette équipe soit évoqué pendant cette cérémonie, mais il n’est toujours pas trop tard pour porter ces informations à la connaissance des lecteurs et admirateurs du football algérien, particulièrement de l’équipe de la JS Kabylie où son empreinte est restée à ce jour.»

Alors que cet illustre personnage qui a tout donné à la JSK et au football national, qui est à sa 97ème année aurait pu être invité à Tizi-Ouzou même, ce qui aurait pu lui offrir une seconde jeunesse! Je suis certain que les organisateurs ne l’on pas fait sciemment. Mais l’oubli est du à quoi ? Ne met-il pas en exergue cette tendance qu’ont les Algériens de manière générale de mettre toute réussite nationale et/ou patriotique de l’apanage exclusif des Algériens ? Sinon, comment expliquer l’oubli des Yveton, Maillot, Frantz Fanon? Comment expliquer la diabolisation de tous les juifs qui ont épousé la cause Algérienne et tombés les armes à la main ? Par quel miracle a-t-on pu damner les communistes dans leur lutte contre le colonisateur jusqu’à la mort?

Ces oublis involontaires dans leur intervention,  mais dont la genèse est fortement délibérée ont conduit à accentuer la perte de l’identité. Se prendre par exemple pour un arabe, jusqu’à se fabriquer des arbres généalogiques qui font comme par enchantement, que tout le monde descend du Prophète (QSSL) alors que la science vient de prouver que l’ADN de l’Algérien est à 92% Nord-Africain, 4% Européen et 4% Juif et 0% arabe ?
N’est-ce pas là, une forme d’un racisme primaire qui s’exprime selon ses formes les plus primaires? Ou est-ce alors une névrose qui fait de l’Algérien un sadomasochiste qui recourt à un narcissisme inégalable?

Les petits signes sont souvent indicateurs de grands complexes dus surtout à la direction que l’on donne à l’éducation et à la culture d’une Nation…..
Vous avez dit Nation ?….

djillali@bel-abbes.info