LE E-BONHEUR À L’ALGÉRIENNE.

Votre serviteur aura été assez prémonitoire de vous servir le jeudi passé, une chronique parfumée au bonheur injecté par une ravissante Ministre Bédouine, pas loin de Médine. Voilà qu’aujourd’hui, la presse anglo-saxonne se fait l’écho d’une étrange étude sur le degré de bonheur incarné par quelques différents peuples de l’univers. BAI – comme toujours à l’avant-garde – s’est fait évidemment l’écho. À lire les conclusions, il y a de quoi rester hébété. En effet, il paraît selon ce magnifique sondage que l’enfant Algérien est le 6ème plus heureux devant le Norvégien et juste après le môme Espagnol. S’il n’y avait pas une certaine relativité dont il faut tenir compte, j’aurai crié au scandale, à la contrefaçon, au blasphème ! Qui serait prêt à accorder du crédit à une étude qui consacrerait le bonheur de l’enfant Algérien bien plus important que celui de l’enfant scandinave ? N’est-ce pas là, le summum de l’arnaque ? Pourtant, à bien lorgner du côté du mode de vie de chacun, l’on pourrait trouver quelques explications corroborant ce sondage mystérieux. Il faut d’abord préciser que cette étude est basée sur des questionnaires qui ont été soumis aux enfants en toute liberté. Donc, c’est le bonheur perçu par l’enfant tenant compte des conditions dans lesquelles il vit. Si pour l’enfant Algérien, il est du summum du bonheur de pouvoir déguster un dessert à la fin de chaque repas, vous en conviendrez avec moi, que pour le gamin Norvégien, cela relève de la routine et peut même le blesser si cela se transforme en question. C’est pour cela qu’il est étonnant de trouver que les enfants Colombiens, Polonais, Roumains et Israéliens accompagnent le rejeton Algérien dans la tête de ce classement original qui relègue la progéniture Allemande, Anglaise, Sud-Coréenne et Sud Africaine au bas du classement. L’Algérien frustré de loisirs, de théâtre, de cinéma, du minimum de calories imposé par la cherté de la vie, bref de culture du ventre et de l’esprit, se sent tout à fait heureux dans ce monde où il arrive à survivre. Disposer d’un toit, pouvoir taper dans un ballon en chiffon, aller au stade chaque vendredi pour insulter et jeter des pierres sur les supporters de l’équipe adverse est le summum du bonheur pour l’enfant Algérien.
Paradoxalement, l’enfant Algérien, le 6ème le plus heureux sur 18 pays, se retrouve selon la même étude, le 14ème sur 16 à disposer de la connexion internet. Si pour un Algérien, cet aspect ne peut en aucun cas être un critère d’évaluation du bonheur, pour le Scandinave, en être privé est assurément un malheur. Je vous disais bien que tout est relatif…
Pour paraphraser un chroniqueur national professionnel, je dirais qu’en ce qui nous concerne, l’internet obéit à  la logique de «l’éloge du retard» Car comment comprendre que notre ravissante et jeune ministre disait il y a un mois, qu’ “Il y a un problème de certification électronique… ce n’est pas encore tout à fait maîtrisé”, mais assurait que l’option sera lancée au cours de l’année en cours. En novembre, elle annonçait l’introduction de l’e-paiement pour le règlement des factures Sonelgaz !
L’épopée de la 3G est autrement plus cocasse. Acquise en 2002, Amar TOU annonçait du temps de son règne, qu’il vendra la première licence en…. 2007. Trois Ministres plus tard, on nous balance que compte tenu de l’avancée rapide de cette technologie, l’Algérie préfère directement se doter de la …4G dont le lancement est prévu pour 2012. Et pourtant dans les faits qui font le bonheur de l’enfant Algérien, nous sommes toujours dans la 3G et avec tous les aléas spécifiquement Algériens qui en découlent.
En fait de bonheur, en Algérie nous avons tellement d’enfants heureux qu’ils trouvent le moyen de s’immoler par le feu pour un chagrin d’Amourette. Quand je me rappelle nos amourettes faites d’échanges de poèmes et de paroles de chansons agrémentées de rondes autour du domicile, il y a de quoi être heureux aujourd’hui jusqu’à s’immoler devant le refus de la main de sa dulcinée encore sous le régime de la sucette….
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