Le syndrome de la feuille blanche ! Je le vis depuis ma maladie. L’administrateur a beau grinché, rien n’y fit. Mais, j’avais affreusement peur que ce syndrome me poursuive jusqu’à remettre en cause mon engagement moral vis-à-vis de ma nièce et ses copines, les Belles tuées par la Bête qui continue à vivre. Je leur ai promis de venir les voir chaque année en amenant avec moi l’ensemble des lecteurs de ma chronique et plus si affinités.
Chaque 27 septembre que fait le Bon Dieu je dois me rappeler que quelque part sur une Terre bleue comme une orange, dans un Pays qui connut le nombre le plus important d’occupants depuis les troglodytes jusqu’aux Frenchies, passant par les Ottomans, les Espagnols et les Beni-Hillal, un Pays où La Bête immonde est traitée comme de la noblesse. .. Quelque part dans un village, un lieu-dit où on consomma du tord-boyau à la place du vin, soudain interdit, où des dizaines de jeunes soit perdirent la vie, soit contractent une cécité à vie, à cause d’un zembretto mal alambiqué, juste parce qu’ils avaient l’habitude de fabriquer leur propre liqueur et qu’il s’est trouvé un faux dévot qui fait la prière du vendredi au premier rang, mais qui ne voit pas de mal à leur vendre un poison à la place d’un ingrédient habituel !
Ce jour-là, ce samedi de malheur, où la nature eut atrocement mal et se mit à vomir. Ce jour-là où Dieu se fâcha carrément, Lui qui «s’est interdit le dholm» en vit le summum fait par ses ignobles créatures! Ce jour-là, les eucalyptus ont fini par rompre devant les larmes des vents et du blizzard. Ce jour-là, tout le sable que pouvait contenir une Oasis, la plus grande fusse-t-elle, fut déversé d’un seul lot emmené par une pluie torrentielle, que dis-je ? par un torrent de pluie, par une tornade d’eau qui non contente du lieu-dit, se déversa sur l’ensemble de la Wilaya, de la région ! Ce jour-là loin du lieu du crime, loin de la dure réalité, loin du lieu-dit, Ain Adden, à Sidi-Bel-Bel-Abbès, les pauvres créatures que nous sommes eurent peur. Oui, peur de cette atmosphère indescriptible : Cette atmosphère où il faisait noir à 15 heures de l’après-midi. Cette atmosphère où les platanes s’arrachaient comme des peaux de chagrin, où les poteaux tombaient comme des troncs de palmiers creux. Plus loin à la campagne dans les villages limitrophes, c’était l’apocalypse. Tout simplement. Toute la nature se repliait, avait honte. Avait honte de ce qui allait se passer dans un moment. Tous les éléments de cette nature pleuraient. Pleuraient de ne pouvoir empêcher les atrocités qui allaient être commises.
Tout ce que pouvait faire Dame Nature ? Au moins empêcher que l’Emir de pacotille en fasse des Belles, des houris de son Harem. C’est pourquoi le véhicule qui devait les emmener refusa de démarrer malgré les multitudes tentatives. Finalement, le jeune enseignant profitant des essais non concluants poussa le terroriste et tenta une vaine fuite. Blessé, poursuivi, il sera rattrapé et égorgé. Une fois, les Belles 11 enseignantes égorgées, le véhicule démarra au quart de tour ! N’est-ce pas un don de Dame Nature ?
Ni vociférations, ni cris, ni chahadas, n’eurent de la compassion chez le «Chacal affamé» Une à une les Belles furent égorgées. Leur sang se mêlera longtemps au ruissellement de la pluie pour irriguer leur future stèle sitôt érigée.
L’atrocité permettra même au «chacal affamé» de lancer au Président du Tribunal «Dieu pardonne ce qui est passé!» avec un rictus qui me donna envie de lui sauter à la gorge. L’atrocité permettra alors que la chronique du jeudi, soit mise en ligne le Mercredi 27 Septembre. Elle permettra que Ali Belhadj continue encore à vociférer. Elle permettra à Ouyahia de s’adresser à «ses frères égarés» du haut de l’APN. Ceux sont ses frères. Pas les miens. Jamais.
djillali@bel-abbes.info
Salem,
Souvent, on juge le passé comme irréversiblement fini. Mais ce n ‘est pas vrai. Et heureusement que nous ne pouvons pas voyager dans le temps car sinon nos esprits vont cogiter en permanence dans les crises (azema).
Pourtant, il faut se souvenir ! Se remémorer ? Se rappeler ? Et donc revivre ! Mais, est-il si nécessaire de ce souvenir ? Oui et on peut répondre tout de suite que la mémoire est tout simplement la base même de notre identité. Elle est nécessaire à tout individu (individuelle) et aussi à nous tous (mémoire collective). Ce devoir de mémoire doit se faire. Toutefois, attention à l’abus d’une injonction à se souvenir. Car vivre, c’est vivre dans le moment présent.
En Algérie, certains ont déjà oublié (un défaut humain). Oui, ils pensent qu’être un pays indépendant ou se remémorer la décennie noire n’est pas important. Ils ont tord. D’ailleurs c’est la même histoire avec l’eau. Ils vont prendre conscience que cette eau est importante quand elle commencera à disparaître des robinets avec la sécheresse qui s’installe. C’est là que l’on prendra conscience qu’elle est quelque chose d’essentiel. Oui, notre conscience dépend de notre mémoire. Ainsi, se battre pour la liberté, pour la mémoire et aussi pour l’eau est toujours d’actualité.
Allah yarham chahidates Ain-Adden.
Merci Djillali C pour ce rappel de devoir de notre mémoire collective.