«SELLAL, LA SURPRISE 2014 ? »

 ” il faut nettoyer le Pays; et pour nettoyer, il faut beaucoup d’eau” C’est ainsi que s’exprimait le nouveau premier ministre  à l’installation de son successeur. Parlait-il uniquement d’hygiène où insinuait-il par métaphore sur tous les fléaux sociaux qui minent le pays?

Trois mois de léthargie ont débouché sur la convocation du corps électoral et  la nomination d’un Gouvernement. Et le  Gouvernement a accouché de Sellal. En définitive, la rumeur a encore une fois prévalu. Depuis fort longtemps on donnait dans l’ordre : Sellal, Ouyahia ou Babès. Sellal est sans appartenance politique. Il est donc le propre fils du Système. Il a commencé Chef de Daïra avant d’être Premier Ministre, passant par Secrétaire Général de Wilaya (à Sidi-Bel-Abbès) Wali (également à Sidi-Bel-Abbès entre autres), Ministre pour plusieurs portefeuilles et accessoirement président de campagne par deux fois.  C’est donc le fils modèle du système. Son avantage : Aucun scandale, aucune rumeur sur des affaires de corruption, bon blagueur, amène et simple. C’est donc l’homme qu’il faut en ce moment précis.

Sa nomination n’est en fait qu’une démarche de «marketing du système » Soigner son image auprès de l’opinion publique.  Surtout que sa désignation vient concomitamment avec le « renvoi » de Belkhadem et Ouyahia. Deux mal aimés du Peuple. Et puis, sa neutralité et sa stature fera face à une rentrée sociale explosive.

Mais, Sellal, aura été très clair, dès sa nomination. Ses premières paroles furent : « les prérogatives relèvent du Président de la République ….. Mon objectif essentiel est la continuité dans la réalisation du programme présidentiel… »  Et puis avec Sellal, il y a moins de chance d’accuser l’administration de fraude durant les prochaines élections. Il n’appartient à aucun parti, mais on ne sait pas pour qui il vote, ni d’ailleurs, s’il le fait.

Les «nouveautés» c’est beaucoup plus des revenants (genre Tebboun et Charfi) et le quota des femmes est largement inférieur à celui imposé par la loi aux Députés.

Pourtant les portefeuilles les plus importants ont gardé leurs occupants (AE, Finances, Défense, travail, transport, travaux publics, enseignement supérieur …) Le premier Ministre a changé, le Gouvernement, moins.

On est peut-être content de s’être débarassé d’Ouyahia, Belkhadem, un degré moindre Zerhouni mais surtout Benbouzid, le doyen des Ministres.

Pou Zerhouni, il est fort probable qu’il ait décidé de lui-même de partir pour raison de santé. C’est pour cela que le poste de vice-premier ministre « taillé » spécialement pour lui, a été supprimé.  Mais pour Ouyahia et Belkhadem, s’agit-il vraiment de « lâchage » par le Président ?

On le croirait aisément pour le second (Belkhadem) les signes avant-coureurs ayant précédé. Même s’il occupait le poste de Ministre d’Etat représentant personnel du Président, cela fait belle lurette qu’il ne le représente plus : Dernièrement, c’est Ouyahia qui l’a été pour le Sommet Africain  et c’est Bensalah qui a représenté le Président par deux fois en Iran (sommet des non-alignés) et en Ethiopie pour les funérailles du Premier Ministre.

L’agitation maladroite de Belkhadem face aux « redresseurs » (dont beaucoup sont proches du cercle  présidentiel) ses positions dans l’affaire Nezzar, mais sutout sa mégalomanie  à propos de la pésidentielle lui auront été fatales !  D’ailleurs, un signe révélateur : Le FLN vainqueur triomphant aux législatives devait former le Gouvernement dans une  démocratie qui se respecte. Mais voilà que le Président ne lui offre que trois (3) portefeuilles, lui qui était majoritaire dans les Gouvernements précédents. Si ce n’est pas déjuger Belkhadem par le fait que le Président s’estime non satisfait du travail accompli par l’équipe FLN, c’est quoi ?  C’est pour cela que la situation de Belkhadem  me rappelle  un «bis-repetita» du rôle joué par un certain Benbaïbéche au niveau du RND, avant l’ère Bensalah.  Lièvre tu es, lièvre tu resteras !

Quant à Ouyahia, le suspense ayant duré trop longtemps et jusqu’à la dernière minute il était reconduit, dit la rumeur qui se trompe rarement.  Si la décision de ne pas revenir a été prise, c’est surement du à plusieurs raisons et la présidentielle en est une. Ainsi, débarrassé, il pourra tenter de soigner son image auprès de l’opinion publique, même si cela s’avère ardu au vu de toutes les décisions impopulaires qu’il a été contraint de  prendre au cours de ses différents règnes.

Il aura à faire à la fronde au sein de son parti d’abord, pour s’occuper ensuite du terrain qui s’annonce trop accidenté pour lui de par le passé qu’il trimbale. Mais, tribun comme il est communicateur expert, inégalable dans sa capacité de travail, diplomate avéré, gageons qu’il dispose de beaucoup d’atouts pour jouer un rôle primordial, si ce n’est le premier. Surtout s’il est « aidé » par les cercles influents.  L’autre atout, c’est le temps .Il dispose de plus d’une année et demi pour peaufiner toute sa stratégie et surtout se “relooker“. Mais, le jeu ne semble pas facile et les outsiders ne se sont pas encore déclarés, même si la carte Ghoul commence à se dessiner, même si la rumeur qui  se trompe rarement annonce également Benflis. Mais attention….. Sellal, pourrait constituer la surprise: “sa propreté“, sa gentillesse, sa neutralité plaident pour lui. Mais, c’est sa perception par l’étranger et surtout Bruxelles qui fait de lui un candidat potentiel. Reste l’intérieur, il a plus d’une année pour convaincre. En tout état de cause, la présidentielle, c’est déjà lancée.

 

djillali@bel-abbes.info

P.S.  On parle de démocratie. Le comble aura été atteint par une association marocaine qui dépose plainte à Paris contre le régime d’El Assad pour torture. Elle aurait du commencer par déposer cette plainte à Rabat contre le Makhzen. Comprenant que le chameau ne voit jamais sa bosse, le tribunal de Paris a jugé la plainte irrecevable. Je parie que si la plainte a été déposée par la dernière des associations du Limousin, elle aurait été prise en compte. Le ridicule ne tue pas……