ET SI ON «FLEXY» LE PAIN ET LE LAIT?

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L’actualité de ce début d’année fleurit de nouveautés : La loi des finances qui apporte son lot de surprises résumées en une gangrène incurable s’attaquant aux poches des larges pans de la Société et aux bourses y compris de ceux qui se croyaient un tant soit peu à l’abri, ceux qui se disaient «la couche moyenne» statut qui permettait de vivre en «bourgeois» au sein de la «couche populaire»
Ensuite, il y a eu les conséquences de cette loi qui ont pour objet de faire face à la crise et la baisse drastique et continu des prix du pétrole. Le carburant en augmentant au lieu de faire jaser les automobilistes de manière générale a fait plutôt d’autres «malheureux” semble-t-il et notamment les transporteurs toutes catégories confondues (taxi, bus et marchandises), les gérants de stations-service et …. Les «Hallabas» (1) Les consommateurs finaux ont préféré faire la fine bouche. Comme d’habitude. La routine.
Comme à chaque occasion d’une loi des finances, les commerçants s’inventent des charges supplémentaires fictives et en font une raison irréversible d’augmentation des prix. Ainsi, pour les prix des fruits et légumes, la courbe progresse verticalement, sans crainte de plier, au contraire du consommateur qui a fini par plier l’échine en attendant de se voir briser les os, fautes de calcium dont il est devenu incapable de doter son corps, au vu des prix inaccessibles de leurs contenants, les produits laitiers notamment. Les viandes blanches et rouges ne cessent de combler la dévaluation de la monnaie nationale par une péréquation devenue géométrique. Quant au poisson, il y a longtemps – cela est certain – que le peuple en a perdu le goût, y compris celui de la sardine qui concurrence désormais, le merlan.
Le Gouvernement qui s’est interdit jusqu’à présent de toucher aux prix de produits dits stratégiques -le lait et le pain – a accepté quand même une «escroquerie» pour le deuxième produit. En effet, tout en garantissant le soutien du prix à 25 da le sachet en plastique, il est patent de constater que ceux-ci se font de plus en rares au profit d’autres sachets similaires, mais qui par la magie d’une autre inscription, voient leur prix décupler. Il aurait suffi d’y inscrire «Lait de vache pur» pour pouvoir afficher un prix double, voire triple. Apparemment le consommateur a le choix, mais réellement, le premier produit se raréfie dès les premières heures de la matinée. Quand on connaît le sérieux et la rigueur de nos institutions de contrôle, il est fort à parier que c’est le même produit qui est vendu au double et triple de son prix, dans des emballages identiques, portant juste une inscription supplémentaire.
Quant au pain, il y a longtemps, que le Pays en est le premier consommateur mondial, mais également le premier «gaspilleur» planétaire. Le pain est devenu par la force du gaspillage, le premier aliment de la volaille en Algérie et une matière première gratuite pour les gargotes de «Karantika» Il aurait peut-être fallu justement en augmenter le prix. Cela aurait pu non seulement réduire ce gaspillage criminel, mais également faire face plus dignement aux conséquences de la sécheresse, qui vont augmenter les approvisionnements à l’étranger malgré la réduction des recettes générées par la rente pétrolière.
Le projet de Constitution a suscité un large débat et a généré un duel à fleurets mouchetés entre le Pouvoir et l’opposition, via des chaînes télés qui fonctionnent au vitriol comme carburant, et dont le seul objectif est de renflouer leurs caisses, dussent-elles générer une terre brûlée. Maintenant un Conseil de la Nation dévoreur d’un budget astronomique au même titre que sa consœur l’APN, la création de moult institutions budgétivores n’ont pas du tout fait réagir l’opinion publique plutôt arque boutée et focaliseé sur la constitutionnalisation de la langue amazigh et sur l’exclusion de la diaspora de la gouvernance du Pays.
Alors toute cette actualité est passée presque de façon anodine. Le Peuple continue à végéter comme si rien ne se passe ou ne s’est passé. Le débat est circonscrit autour d’objectifs politiques inavoués et d’intérêts de profit de la rente ou ce qu’il en reste, quant au citoyen….
Ce citoyen a finalement réagi. Il n’a réagi que face à une rumeur qui a vite fait de prendre l’ampleur d’un cataclysme. Sans crier gare, une campagne appelant au boycott des opérateurs de téléphonie mobile pour dénoncer l’augmentation annoncée de leur tarification. C’est le branle-bas de combat. C’est un crime. Le peuple entier n’est pas d’accord, ça frôle l’émeute. Les réseaux sociaux s’enflamment. Au point où des mises au point s’avèrent nécessaires. Les opérateurs dans leur ensemble montent au créneau tour à tour et diffusent les démentis. Aucune augmentation n’est prévue. Les «pauvres consommateurs» ne croient pas un mot. Ils jurent qu’après analyse de leurs consommations, 100da est consommé plus rapidement que d’habitude. Les télés nationales s’y mettent et invitent les responsables des opérateurs à s’exprimer. Ceux-ci confirment la non véracité de l’information. Il a fallu que même l’ARTP intervienne par un communiqué où elle dément toute augmentation des tarifs de communication.
Finalement, il s’avère que dans notre société, un SMS ou un «Bip» échangés, est plus important que la carburant, qu’un fruit ou qu’un bout de viande… Le phénomène de la téléphonie mobile avec toute sa technologie aura permis de by passer tous les tabous, autorisant une communication allant du flirt jusqu’au soit le mariage (rarement) soit le dévergondage (souvent) Dans une société ayant perdu repères et culture au profit surtout d’un bigotisme ambiant, il est normal que les réseaux sociaux suppléent à ce manque jusqu’à en devenir indispensables, voire vitaux. Ainsi, entre un pain gaspillé, un sachet de lait que l’on ne plus s’offrir, et un SMS facile à envoyer, le choix est vite fait, quitte à se faire «flexy» …..d’un kilo de viande

djillali@bel-abbes.info

(1) Hallabas: Les contrebandiers du carburant aux frontières ouest