«UN ARBRE PEUT-IL ENGENDRER UNE RÉVOLUTION?»

 La place TEKSIM, cela vous dit quelque chose ? Elle sonne comme TAHRIR.

La Turquie s’est auto-proclamée – à l’instar du Qatar –  «parrain» des printemps arabes. Discrète mais intéressée, lors des troubles en Tunisie et en Égypte, elle s’affiche nettement dans le cas de la Syrie, où elle s’érige en belligérant, accueillant «l’opposition», les «amis de la Syrie», le gouvernement fantoche qui n’aura duré que quelques jours, etc….

Cette semaine, le Gouvernement d’Urdogan a procédé au lancement d’un nouveau projet d’urbanisation qui consistait à raser un jardin et construire en lieu et place un centre commercial et une mosquée, au centre d’Istambul. C’était ce qu’il ne fallait surtout pas faire. Depuis sa prise de pouvoir, ce gouvernement a usé de fermeté absolue et de répression de toute tentative de manifestation. Mais cette fois-ci, il s’agissait d’environnement. En effet, pour construire, son nouveau projet, le Gouvernement devait déraciner des centaine d’arbres. Ce que la population n’a pas accepté. Elle préférait de loin l’ombre, la paix et surtout la beauté que procuraient ces arbres, à un bazar avec ses bruits, sa pollution, son argent. Le peuple décida alors de  se réunir à la place Teksim et scandait «le peuple veut la peau du pouvoir  «Ne déracinez pas les arbres, déracinez le pouvoir!»

Le pouvoir en place, réagit avec fermeté et ordonne à la police de charger. Bilan: deux morts, un nombre important de blessés et un millier d’interpellations. C’était la goutte qui a fait déborder le vase. Aussitôt, l’ensemble de la Turquie s’embrase. Les places «Teksim»  de l’ensemble des villes du Pays sont prises d’assaut et occupées par la peuplade méprisée. Il y a comme un air de printemps en ce début d’été, dans l’empire des Ottomans. L’histoire de l’arroseur arrosé en somme !

Il aura fallu l’intervention du Président pour que le chef du Gouvernement mette un peu de vin (pardon, d’eau minérale) dans son verre ! Il demande à la police de se retirer de la place Teksim et du parc voué à la destruction. Ceci n’a pas empêché la population de rester en « bivouac »  et surtout vigilante.

Il y a une grande différence certes, entre ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte. Dans ces Pays, il y avait le chômage, la crise, les diplômés sans emploi…. Alors que la Turquie est la 16ème économie mondiale, elle fait partie du G20 et aspire à faire partie du top ten, à brève échéance, tenant compte de son taux de croissance annuel très flatteur. Alors, qu’est-ce qui fait générer soudain, ce ras-le-bol?  Cela ne peut être évidemment, qu’une atteinte à la liberté, un pouvoir musclé qui veut mettre au pas plus de la moitié de la population qui ne lui est pas favorable. Alors, quand les émeutes gagnaient le Boulevard Habib Bourguiba à Tunis, et la place Tahrir au Caire, les manifestants privilégiaient la prière collective, l’agression et le viol des femmes. A la place Teksim à Istambul, c’est la bière qui coule à flots,  une manière peu orthodoxe de s’opposer à Urdogan et son Parti. Ne lançaient-ils pas comme slogan : « Tayyip ! La jeunesse ivre te salue! »

Non contents d’occuper la place après le retrait des forces de sécurité, comme bousculés par la routine, les indignés se déplacent jusqu’au bureau du premier Ministre. Là encore, les échauffourées reprennent et le gaz lacrymogène et la matraque prennent le dessus.

Les services de sécurité ont beau se retirer, la foule n’en a cure. Durant toute la semaine, elle a occupée la place Teksim, ainsi que les places similaires dans les autres métropoles du Pays. Urdogan, pour montrer toute sa détermination ignore superbement la foule qui « ne trahit pourtant pas le peuple » dans ce cas précis. Il maintient ses déplacements au Maghreb et préfère discuter affaires. En Algérie, il propose la suppression des visas pour les Algériens et….  la médiation avec le Maroc. Qu’il règle d’abord la médiation avec ses administrés !

L’histoire des arbres à déraciner semble « oubliée » pour le moment. Même les excuses officielles du Vice-Premier Ministre n’y feront rien et les indignés continuent à occuper la place Teksim. Une manière de rappeler à Urdogan –ainsi que tant d’autres – qu’il ne faut jamais dire : « fontaine ! Je ne boirais pas de ton eau ! »

djillali@bel-abbes.info 

2 thoughts on “«UN ARBRE PEUT-IL ENGENDRER UNE RÉVOLUTION?»

  1. Eh bien, je crois que ce n’est pas l’arbre qui a engendré la manifestation, puisque cet arbre cache toute une forêt de prédateurs qui attendaient le moment opportun pour déstabiliser la Turquie; c’est plutôt, tiens je vais reprendre l’expression de Sourire qui m’a beaucoup plu d’ailleurs, « Une terreur programmée »…!!!! Par qui…??? Là, aussi le champ est ouvert…. ?? Puisque la Turquie a beaucoup d’ennemis et d’amis jaloux, à l’intérieur et à l’extérieur……disons qu’il s’agit de plusieurs facteurs qui tout en s’imbriquant poussent dans le sens d’affaiblir à la fois, la Turquie et cet Erdogan qui tient tête à toutes les puissances (internes et externes…)

    C’est, le seul premier Ministre qui a assimilé, le mois de Mars dernier, le sionisme à un crime contre l’humanité…..alors, je crois que les fouteurs de troubles mondiaux ne vont pas lui pardonner cette audace….. !!!!!! Le seul premier Ministre qui a humilié Shimon Péres devant tout le monde…Le seul à avoir présenté l’éventuel participation de la Turquie à l’Organisation de coopération de Shanghai comme une alternative à l’Union européenne….Le seul à vouloir faire une visite officielle à Gaza (probablement en compagnie du président Égyptien), la fin Mai, malgré la réticence des USA…… et comme par hasard les émeutes ont éclaté la fin Mai…..bizarre….est ce une simple coïncidence….???? Peut être….!!
    Le premier ministre qui en mars dernier, le dernier sondage du Pew Research Center le créditait de 62 % d’opinions favorables, a donné rendez-vous à ses adversaires aux élections municipales de mars 2014. “Soyez patients encore sept mois au lieu d’occuper le parc Gezi à Istanbul ou le parc Kugulu à Ankara”, a lancé M. Erdogan. “Vous parlez de démocratie, de libertés et de droits, mais vous ne les obtiendrez pas par la violence mais par la loi”…….Alors de quoi ont-ils peur ces pseudo-démocrates adeptes de l’eau minérale……….ils ont sûrement la tête qui tourne…. !!!!

  2. Croyez-moi mon cher djillali , les intégristes sont toujours comme ça et surtout leurs oumaras, Erdogan donneur de leçons à la libye, la syrie , l’Égypte pourquoi pas l’algérie qui allait suivre tot ou tard le même cheminement n’est-ce la maladie de bouteflika. A voir , une frange de la,population turque le saluer à son arrivée, cet après-midi, du périple maghrébin, je n’ai aucun doute que c’est là une dictature de premier choix des années 70. Ce erdogan, s’il est un vrai démocrate devra dès demain proposer à la population turque un référendum sur son maintien ou non au gouvernement. La liberté d’expression fait défaut dans ce pays et s’il n’a pas rejoint l’Europe, ce n’est pas pour rien. Que retient-on de son péri^ple au maghreb , beaucoup diront que l’empire othoman veut ressusciter sa puissance d’antant que Nenni, Il est un simple émissaire de l’occident pour une sortie de crise de la syrie en poussant l’algérie à proposer un plan de sortie de crise bien établi et étudié.Une Algérie sans bouteflika vient déjà de le proposer à la syrie. En fin de compte , cette dernière sera disloquée comme l’Irak.Mais quelques soient les circonstances, ERdogan est disloqué lui-meme, il ne le sera plus dans un mois. Fakou !

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