Diaspora (suite et fin) : L’EMBLEMATIQUE ENFANT DE LA DIASPORA

Hamza El kostiti est ce qu’on appelle, faute de mieux, un élu de la diversité. Il est entré dans le bain de la vie politique à l’âge de
20 ans et intégré un parti muslim-friendly, le parti écologiste.  Quand on le rencontre pour la première fois, il vous revient
en mémoire la fameuse réplique d’Audiard prononcée par Lino Venture: “Quand un type de 120 kilos parle, on est obligé de l’écouter”!
Hamza a également beaucoup d’humour et aime à me faire répéter la vanne pourrie qui le fait tordre de rire: “Je suis assez vieux pour avoir connu Mickael Jackon noir!” Hamza possède une tête pleine et bien faite qui culmine à 1m89 pour surplomber un corps athlétique que la pratique intensive des arts martiaux a sculptée. Sur les tatamis, ce colosse de plus de 100 kilos, né en 1981, de parents immigrés marocains tire dans la catégorie des lourds,et arbore une ceinture noire à son kimono .Doux et déterminé dans le civil, il a du mal à trouver des sparrings partners pour lui donner la réplique sur le dojo.Le personnage dégage un mélange de douceur et de sérénité, la voix est suave et les idées clairement énoncées.

Aussi quand la journaliste Angélique DA-SILVA a parlé de son projet d’éloigner les projecteurs de l’actu des salles de tribunaux qui se repaisent de faits divers impliquant “le beur” pour souligner des parcours de réussite citoyenne,un seul nom s’est imposé: celui de Hamza, celui qui se définit comme bi-national,militant écolo de confession musulmane et qui s’est plongé dans l’action politique
parce qu’il refuse de voir qu’autour des îlots de richesse, c’est le tiers-monde.

Nous devons l’entretien qui suit à Angélique (quel beau prénom n’est-ce pas,) journaliste chevronnée. Qu’elle en soit chaudement remerciée:

Racontez-nous votre enfance….
Je suis né et j’ai grandi à Halluin dans une famille marocaine de six enfants.C’est mon grand-père, un homme exceptionnel qui a choisi
d’immigrer en France.Il s’est abimé les poumons comme mon père dans les industries de la rue de la Lys. Ma mère a élevé ses enfants de façon exemplaire et mon père sillonait les braderies pour nous ramener des livres.

A quel moment réalisez vous que vous êtes un enfant d’immigré? Et comment découvrez vous le sens du mot racisme?
Durant des années on a écorché mon nom. C’était une façon de me dire que je n’étais pas d’ici.J’ai la chance de beaucoup voyager et d’être accueilli comme un français. Beau paradoxe, n’est-ce-pas? Deux évènements ont “psychanalisé” l’inconscient des gens: les croisades et la guerre d’Algérie. Dans l’imaginaire l’Arabe, le Maghrébin reste l’étranger barbare.
 
Vous avez obtenu 8 pour cent en 2008 aux municipales. Quel bilan en tirez vous?
J’avais peu de moyens et j’ai pris conscience que j’avais mis les pieds dans un panier de crabes. C’est une guerre psychologiqu. Tous mes proches avaient la pression et j’ai pris conscience que au niveau local, les enjeux de pouvoir, c’est terrible !.

Vous avez porté plainte contre Guerlain qui avait eu des propos indécents sur les ‘nègres’ dans un JT. Pourquoi ?
Cette affaire c’est la radioscopie du racisme ordinaire en France. La blague sur l’arabe ou le juif ne me fait pas rire.

Vous êtes musulman pratiquant et élu de la République. C’est compliqué?
La religion a une place fondamentale dans ma vie. Je prie tous les jours et m’arrive de jeûner en dehors du Ramadhan mais le laic que je suis reste discret sur sa foi. C’est compatible avec le rôle d’élu dans le sens où cela me donne une éthique.Cela m’interdit de mentir, d’être violent,vulgaire,indécent et la spiritualité me permet de ne jamais avoir d’animosité. Cela m’inquiète de voir de jeunes ignorants avoir une lecture littéraliste des textes et ils sont dans la même démarche que les laics intégrites.

PS; Deux pleines pages ont été consacrées à Hamza, l’élu qui déclare avoir le Coran comme code de conduite suprême et qui reconnaît au Front national le droit d’exister dans un pays démocratique. Il cite l’Abbé Pierre comme un des plus grands personnages du siècle dernier et connaît par coeur la biographie de Malcom X. Son mentor et exemple en politique est le député vert José Bové le pourfendeur de la mal-bouffe , célèbre pour avoir démantelé un ‘Mc DO’ que les pays du golfe sont si fiers d’avoir! A l’entretien, il s’est présenté comme à son habitude, le cou noué dans un keffiech à damiers noirs et blanc. Hamza, un beau prénom, n’est-ce- pas?