Le milieu scolaire semble trop éloigné de là littérature et ne profite pas toujours de la pédagogie des écrivains notamment celle destinée aux enfants. Cette lacune nuit à l’engouement des élèves pour la lecture. Les bibliothèques scolaires existent mais à premières vues , nos enfants ne fréquentent pas ces lieux , ils préfèrent les cybers et c’est dommageable pour la nourrir de l’imaginaire de l’enfant qui franchement sont perdus dans l’internet incontrôlable .Depuis des années à sidi bel abbès Ahmed Khiat se bat dans la douleur pour imposer une littérature enfantine en milieu scolaire particulièrement afin de créer une envie chez les écoliers mais comme on dit chez nous « Chkoune yakra zabourek ya Daoud » L’une des dernières œuvre M. Khiat » Et les larmes se sont taries » vient à point nommé pour répondre à cet exigence artistique et culturelle pour l’année de 2011 . Nous reviendront sur la carrière de cet homme de lettres dans nos prochaines livraisons.
En partie tirée du vécu , l’histoire nous mène cette fois sur le chemin délicat du thème de l’adoption qui soulignons-le est l’une des épreuves les plus sensibles des relations humaines tant elle interpelle en nous l’affection la plus profonde et le droit le plus difficile à respecter quand il s’agit de concilier le cœur et la raison ; c’est précisément l’idée centrale de ce petit roman de quelques pages , écrit avec amour , conviction et la simplicité des mots qu’il faut pour toucher le lecteur de tout âge . C’est le récit de Bouchra, le bébé recueillie auprès d’un service d’adoption .Et l’on va suivre les péripéties poignantes de ses parents adoptifs partagés entre lui dire la vérité sur son origine dès l’enfance ou ne rien révéler jusqu’au jour fatale où la vérité se saura. Les parents redoutant cette situation de peur que l’orpheline leur en voudra à jamais, de peur surtout que la blessure ne se refermera pas. Fil de l’histoire, grâce à la bonne éducation inculqué à Bouchra, à l’attitude digne de ses parents, de toute la famille, les choses finissent par se dénouer avec bonheur .L’auteur nous aide à sa manière à bien comprendre la difficile mission d’une mère d’offrir à celui qu’on accueille le même statut que ses propres enfants ; Ahmed khiat après une cinquantaine d’ouvrages aborde avec audace un sujet qui concerne tout un chacun. En notant qu’il mérite vraiment d’être adapté en téléfilm , le moyen efficace d’atteindre tous les familles quand on sait l’impact que peut avoir le petit écran sur les gens, surtout sur le plan de la pédagogie sociale d’autant que nos romanciers sont peu sollicité pour le cinéma à quelques exception près. Relevons qu’Ahmed Khiat est connu dans le milieu littéraire algérien comme un auteur prolifique de la littérature de la jeunesse. Néanmoins, il dira en substance « Une œuvre a besoin d’une édition à large diffusion pour qu’elle ait sa chance de trouver un écho populaire. Je suis frustré par le fait que mes ouvrages sont à petits tirages et ne parviennent pas largement au public, surtout le jeune public »
Gageons ce ces quelques lignes trouveront parmi les éditeurs à grand tirage une oreille attentive pour diffuser les œuvres de littérature enfantine à l’exemple de notre éminent écrivain belabésien Ahmed Khiat…Voici pour avoir une idée sur le livre , un extrait :
« En un clin d’œil, Bouchra, quoique perturbée, se rappela ce qu’il lui était arrivé deux ans auparavant avec la mauvaise camarade de classe qui s’était moquée d’elle ; elle entrevit aussi les rires des fillettes insolentes et leurs regards sournois. La méchante fille ne l’avait-elle pas alors qualifiée de … ? Et la voilà d’apprendre de l’indiscrète voisine que Chafiqa n’était point sa mère authentique! Ne le lui avait-elle pas confirmé clairement, sans détour ?
La jeune fille affligée fut sur le point de faillir ; un grand vertige la saisit soudainement. Ses jambes semblèrent se dérober sous elle. Elle dut s’appuyer sur son interlocutrice afin de ne pas tomber à terre. « Mon Dieu ! Tout cela a eu lieu à mon insu ? Pourquoi m’ont-il caché la vérité ? Pourquoi m’ont-ils tenue dans l’ignorance pendant tout ce temps là ?… »
La pauvre enfant rassembla le peu de force qu’il lui restait et regagna chez elle à pas lents, titubants. Et malgré que le soleil brillant fût à ce moment au zénith, elle sentit tout s’obscurcir autour d’elle…
Bouchra rentra à la maison sans que personne s’en rendît compte et se jeta sur son lit tout en pleurs. L’instant d’après, ‘ la maman ’ ayant entendu des sanglots étouffés, courut à elle, blanche comme linge, le cœur battant à tout rompre. D’abord elle ne comprit rien. Peu habituée à voir son enfant dans un tel état, elle resta immobile et muette devant ce spectacle, ô combien troublant, combien désolant !
Plusieurs secondes passèrent avant que la mère ne sortît de son grand étonnement. Aussi se jeta-t-elle sur sa fille, tantôt la couvrant de caresses, tantôt la pressant de lui dire les raisons de toutes ces larmes, de ce chagrin subit.
Hélas !
Devant l’échec cuisant à calmer son enfant déprimée, encore moins à la faire parler, Chafiqa, paniquée, sollicita expressément l’aide de sa fille Asmâa et de ses grands garçons présents. Malgré leurs efforts conjugués, ils ne parvinrent pas à lui soutirer le moindre mot. Ils usèrent avec elle de tous les moyens appropriés ; rien n’arrêta ses pleurs, ni ne délia sa langue.
Pis encore, plus nos suppliants questionnaient Bouchra sur les motifs de cette affliction inavouée, plus ses larmes coulaient abondamment, et plus son visage boursouflé reflétait une forte émotion, une tristesse inexpliquée.
Même l’affectueux Abdallah, qui venait de rentrer, ne fut pas de grande utilité. Le cœur gros, il ne put, de son côté, que constater l’état lamentable où se trouvait sa pupille. Il se contentait de triturer sa barbe grisonnante sans arrêt, et de lever, de temps à autre, ses mains tel un homme impuissant, vaincu.
Finalement, complètement désarmés après tant de supplications vaines, découragés par un mutisme accablant, la maman et ses grands enfants s’échangèrent des regards attendris, et, le cœur meurtri et la respiration suspendue, se retirèrent l’un après l’autre, sur la pointe des pieds.
Abdallah profita de ce tête-à-tête et tenta une dernière fois de faire parler son enfant chérie. Peut-être se confierait-elle à lui, par respect surtout? Mais elle se contenta de le regarder avec des yeux humides, mélancoliques, hagards.
Le père sentit son cœur flancher. Il sortit à son tour en marmonnant quelques prières entremêlées de versets coraniques destinées, selon lui, à expulser Satan de la maison et à contrecarrer ses ignobles maléfices. Avant de refermer la porte, il jeta sur la jeune fille éplorée un dernier regard plein de profonde pitié. Ses yeux s’embuèrent. Il fit effort sur lui, mais une larme le trahit. Elle coula, toute chaude, le long de sa joue… »