FOOTBALL: UNE QUESTION LANCINANTE QUI MÉRITE QU’ON EN PARLE

Le football en Algérie a été un relai politique de tous temps, faut-il le rappeler. Et si le Mouvement National ,à l’époque coloniale , a utilisé le sport et le football en particulier, comme aiguillon politique du Combat Libérateur , étonnamment , ce sport perpétue en Algérie une tradition de contestations populaires qui n’a jamais fait défaut depuis lors jusqu’à nos jours, le HIRAK , se substituant aux revendications des partis du Mouvement National .

Ainsi, alors que la presse nationale attribuait au MCA , l’arrêt de toutes participations aux joutes “footballistiques ” émanant des autorités coloniales, l’article dont il est question remet en ordre un déroulement historique objectif , en précisant que la rencontre d’une ” FINALE DE COUPE D’AFN ENTRE L’USMBA ET LE SCBA ,deux clubs de la même ville , à savoir SIDI-BEL-ABBES , a été à l’origine du retrait de tous les clubs musulmans du championnat d’Algérie et de toute participations sportives en général (voir extrait ci-dessous). Cela devrait faire taire la polémique sur cette question , même si auparavant , pour rétablir la vérité, nous avions opposé des pièces attestant d’une bonne foi indiscutable , écartant tout chauvinisme “aux ras des pâquerettes” , rendre à César , ce qui appartient à César , est le moindre des aveux historiques .

Au moment où , à la moindre difficulté apparue dans la mouvance des clubs Algérois , un branle-bas de combat s’organise autour des plus hautes autorités pour s’inquiéter du sort des Clubs supposés être des Fleurons du Football du pays et les fers de lance de toute son élite, Des clubs à l’instar de l’USMBA se meurt dans l’indifférence totale et coupable, et pourtant , sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, le FOOTBALL VIT UNE CRISE SANS PRÉCÉDENT QUI CONCERNE TOUS LES CLUBS QUI CONTINUENT À ÊTRE GÉRÉS SANS PATRIMOINE AUCUN , CE QUI EST UNE ABERRATION JURIDIQUE ET DONC STRUCTURELLE INCOMMENSURABLE .

Abdelhamid ABDEDDAIM

Révolution et contre-révolution footballistique*

En 1956, la tenue des compétitions de football en Algérie et dans l’ensemble de l’Afrique du Nord ne fait guère illusion. La situation est explosive. Après l’accumulation de nombreux incidents, notamment un intervenant avant la finale de la Coupe d’Afrique du Nord 1956. L’affiche est composé par deux équipes de la même ville algérienne, l’une européenne (Sporting Club Bel-Abbès) et l’autre musulmane (l’Union Sportive musulmane Bel-Abbès). Ce qui inquiète les autorités, d’autant que la violence dans les stades algériens est maintenant coutumière. Pour cette finale, le capitaine de l’équipe européenne est autorisé à jouer alors que celui-ci était sous le coup d’une suspension. Le club musulman se sentant floué, décide ne pas se présenter à la finale. Le FLN profite du ras-le-bol général pour appeler les clubs musulmans à boycotter les compétitions officielles. Cet appel est un succès, les clubs se sabordent et ne se retrouvent sur les terrains que lors du premier championnat de football de l’Algérie indépendante.

Le Front de Libération Nationale ne s’arrête pas en si bon chemin. Ce dernier met en place une équipe de football censée représenter l’Algérie révolutionnaire à travers le monde. Cette équipe qui est surnommée le « 11 de l’indépendance » dispute des matchs amicaux contre les sélections de pays qui seront les futurs alliés de l’Algérie (URSS par exemple). Cette équipe est notamment composé de joueurs professionnels algériens qui menaient carrière en France. Le premier nom qui nous vient à l’esprit est l’inévitable Rachid Mekhloufi. Alors qu’il joue pour l’A.S Saint-Etienne, il décide de s’évader de France en compagnie de neuf autres joueurs algériens en Avril 1958 (Pierre Lanfranchi, Mekhloufi, un footballeur français dans la guerre d’Algérie, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1994). Ces joueurs ne verront pas les combats de près et passent la majeure partie de leur temps loin de l’Algérie. Mais ils sont des héros symboliques et exaltent le combat pour l’indépendance. Pendant ce temps, en Algérie, le football continue, ainsi que la guerre.

*Extrait de l’article paru sur Media part le 24 juillet 2019 (cliquer sur le titre pour lire l’article en entier) : Le football de la liberté en Algérie