« GAI, GAI, L’ÉCOLIER »

par Djillali Cherrid – 1951-2018

À TITRE EXCEPTIONNEL, LA CHRONIQUE DU JEUDI PARAIT AUJOURD’HUI TENANT COMPTE DE L’ÉVÈNEMENT

C’est la rentrée scolaire. Les enfants sont heureux et chichement vêtus. Les cartables et tabliers sont prêts. Chaque élève a préparé son porte-plume, sa craie, son double-décimètre en attendant les cahiers et les livres qui seront remis à l’école.

Les élèves qui étrennent l’école pour la première fois, sont euphoriques accompagnés de leurs mamans. Ils portent tous un écusson tenu par une épingle sur la poitrine portant leurs noms et prénoms. Le directeur de l’établissement les reçoit personnellement à la porte d’entrée.

Le personnel enseignant est au complet devant la porte d’entrée, de blouses blanches vêtus, souriants, pour recevoir chacun sa classe.

C’est la fête, quoi ! Mais c’était il y a longtemps !

Aujourd’hui, Le hallali a commencé à chauffer il y a déjà une quinzaine de jours. Le sempiternel Benbouzid menace : quiconque s’absente 3 fois, est révoqué ! Les syndicats autonomes montent au créneau et répliquent : « le Benbouzid n’a aucun pouvoir de révocation ! » Les intendants menacent de passer à la grève ! Pourquoi pas ? Il ne manquait plus qu’eux !

Il y a une chose que je n’ai jamais comprise : Le laxisme. La loi est très claire dans tous les domaines ; mais c’est notre manie de ne l’appliquer qu’avec deux poids deux mesures qui la rend injuste et souvent absente ! Tenez-par exemple : La Loi a toujours stipulé que « les journées de grève ne sont pas rémunérés » Comme partout dans le monde d’ailleurs, c’est les syndicats qui les payent. Mais, cette disposition n’a jamais été appliquée, ce qui fait que le jour où on décide de le faire – non pas pour appliquer la Loi, mais pour réprimer – les travailleurs crient à l’injustice ! A juste titre, les règles du jeu n’ayant pas été claires dès le début !

Autre exemple : Les règlements intérieurs et les statuts-types définissent clairement les sanctions en cas d’absence et en cas de fautes professionnelles, pourquoi faut-il que Benbouzid lui-même en tant que Ministre Eternel vienne le rappeler ? Parce que cela n’a jamais été appliqué ? Pourquoi alors l’appliquer maintenant ? Cela s’appelle du laxisme !

Cela a commencé le jour où on a décidé de verser dans l’enseignement les élèves qui échouent dans leur scolarité. Souvenez-vous des années 70 où on n’a crée les postes de PEM et PES C’étaient les élèves du secondaire qui échouaient au BAC qui pouvaient aller se former en PEM et PES. Les Bacheliers allaient aux Universités.

Avant cette étape, les enseignants étaient formés à la fameuse Ecole Normale Supérieure !

Comment voulez-vous que des élèves échouant dans leurs études puissent permettre à d’autres élèves d’y réussir ?

S’ensuivit l’arabisation anarchique qui a permis à des bacheliers totalement arabophones d’accéder à l’Université où il n’y avait que des Enseignants francophones.

La perversion de la société a fait le reste : Le niveau de vie des enseignants du à leur salaires dérisoires les conduisit à effectuer des jobs supplémentaires : Doublure de chauffeurs de Taxi le soir, ou carrément clandestin grâce au prêt à la consommation qui a permis l’achat d’une Marutti ; courtiers, mais surtout enseignant du soir pour les cours de rattrapage : domaine par ailleurs très fructueux !

Au niveau de l’université, c’est beaucoup plus hard : c’est carrément la vente des notes, soit cash, soit contre service rendu par le papa qui se trouve être une « Kiada » (logement, terrain…)

La Corée du Sud était il y a 30 ans, un des Pays les plus pauvres de la Planète. Elle est aujourd’hui parmi les Pays Economiques les plus puissants. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’elle a un système d’enseignement parmi les plus performants du monde ! Tout simplement.

Chronique parue le jeudi 12 Septembre 2010 par Djillali Cherrid , republiée le 13/09/2020

One thought on “« GAI, GAI, L’ÉCOLIER »

  1. Depuis belle lurette , l’Administration reconfigure les curriculum (Programmes) ,les examens , leurs quotas de réussite et la formation des enseignants ! L’Université et ses labos de recherche comme le Crasc restent en l’état d’organisme conservateur de recherches, thèses ,à titre consultatif ! Aucune exploitation des données longitudinales ,coefficients de corrélation entre les variables et hypothèses posant des problématiques pour la mise à niveau de l’apprenant algérien …Tant de recherches existent, tant de livres ont été publiés intramuros ou offshore ,souvent à titre posthume, par des nationaux…L’Administration n’a pas été au RDV ! Depuis longtemps , la réussite au Bac n’est pas un critère de compétence et diaboliser les 45 pour cent qui ont échoué ,fauchés par la fourchette des quotas et le laxisme de corrections expéditives manquant de motivation, reste aléatoire si nous percevons le succès ultérieur de beaucoup de réprouvés par le “mépris ” médiatique local ! Merci pour La Chronique du jeudi du regretté Djillali C. qui reste un visionnaire de la saga sociétale !

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