Beaucoup de critiques s’attaquent au pouvoir algérien, au « cabinet noir » et au « système »… enfin chacun d’entre vous connaît la ritournelle.
Ils n’ont pas tort.
Il faudra bien qu’un jour en effet on revienne très précisément, sur l’origine des fortunes accumulées en très peu d’années par des nababs qui aujourd’hui ont pignon sur rue et se posent en interlocuteurs des Etats et des institutions nationales et internationales.
Evidemment seront examiné très minutieusement les contrats des importateurs, les autorisations qui leur ont été délivrées, par qui elles ont été délivrées, les banques qui ont assurées les transactions, le cadre réglementaire des produits commercialisés…
Et il faudra bien commencer par les fameux « 30 milliards de dollars » évoqués par Brahimi l’ancien ministre de l’époque Chadli où la prédation, la corruption, la prévarication, le détournement des biens publics ont atteint un rythme industriel.
Nous savons ce que cela nous a coûté et ce que cela nous coûte encore aujourd’hui. Et même ce que cela nous coûtera encore demain.
Là où le bât blesse, c’est lorsque nos donneurs de leçons avisés (et bien suspects en cela) limitent leurs critiques à l’Algérie en oubliant l’univers pourri qui nous entoure et dont nos truands locaux ne constituent qu’une toute petite partie d’amateurs qui se sont sûrement faits grugés par les requins expérimentés qui constituent ce que certains journalistes qui ne manquent pas d’air appellent avec une grandiloquence de parvenus, « la Communauté internationale ».
Pour illustrer ce propos, je vous joins un exemple de République bananière que certains de nos complexés tiennent pour l’alpha et l’oméga de l’Etat de droit, de la liberté d’expression, double-décimètre de la démocratie et de l’ordre politique. En un mot une nation millénaire, un peuple fier, imbu de son humanité et de sa civilité qui se plante en exemple face à la barbarie.
Voilà ce l’on nous donne en exemple du respect du bien public, de la vertu et de la bienséance.
Une autre république bananière à quelques à un jet de pierres (palestiniennes) de nos frontières.
Bien naturellement, sans préjuger du résultat du procès, on peut dors et déjà parier que le non lieu (comme en d’autres procès visant ministres et chefs d’Etat) sera à la conclusion de cette triste affaire qui sera aussitôt oubliée par les médias.
Pour consolider ce pari, je vous informe que Mme Lagarde (c’est d’elle dont il est question ici) mise en examen en son état a été reconduite en février dernier à la tête du FMI sans autre forme de procès (le mot s’impose).
Aucune justice indigène ne tient face aux Etats-Unis d’Amérique et à l’idée qu’ils se font de leurs intérêts.
Madame est sous la protection de l’Empire.
Instruisons nous à la lecture de la dépêche ci-après. Et ayons quelques (très relatives) indulgences à l’égard des schtroumpfs amateurs qui nous gouvernent.
Djeha,
V. 22 juillet 2016
Ce que la justice reproche à Christine Lagarde dans l’affaire Tapie
AFP le V. 22/07/2016 à 14:33, mis à jour à 15:12
Les juges qui ont renvoyé Christine Lagarde en procès lui reprochent des négligences qui ont permis le détournement de 404 millions d’euros en faveur de Bernard Tapie.
D’une part en ordonnant en 2007 un arbitrage qui a interrompu le cours judiciaire ordinaire, puis en n’ordonnant pas de recours contre la sentence rendue un an plus tard en faveur de l’homme d’affaires.
– LA DÉCISION DE RECOURIR A L’ARBITRAGE –
— Lorsque Christine Lagarde succède à Jean-Louis Borloo, en juin 2007, comme ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy, l’idée d’un arbitrage pour régler le vieux litige entre le Crédit lyonnais et Bernard Tapie sur la revente d’Adidas existe déjà. Elle est privilégiée à l’Élysée. Et Christine Lagarde n’est pas intervenue dans le choix des trois arbitres, dont le plus controversé, Pierre Estoup, relèvent les magistrats de la commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR), dans leur arrêt de renvoi du 17 décembre, dont l’AFP a eu connaissance.
Mais ils soulignent que la décision « n’a été précédée ni d’une expertise juridique sur la possibilité d’arbitrer ni d’une étude approfondie du dossier malgré sa complexité et les conséquences importantes » sur « les finances publiques ». Et quand Christine Lagarde affirme avoir pris connaissance des décisions judiciaires sur le sujet, les magistrats estiment qu’elle a « survolé plutôt qu’étudié le dossier ».
— Aux yeux des juges, le recours à l’arbitrage est « d’autant plus étonnant, voire fautif, que les notes de l’Agence des participations de l’État (APE) sur le sujet la dissuadaient de choisir cette voie ». La CJR lui fait aussi grief de ne pas avoir exigé « un encadrement plus strict » de l’arbitrage, principalement sur le plafond des sommes pouvant être allouées à Bernard Tapie. Ce qui « relève, à tout le moins, d’une légèreté peu admissible », selon eux. Ils s’étonnent aussi de la nomination par la ministre en septembre 2007 d’un nouveau président de l’EPFR, l’établissement gérant l’héritage de la banque publique, Bernard Scemama, d’emblée favorable à l’arbitrage.
— Les instructions écrites de la ministre: la première, du 10 octobre 2007, conditionne l’arbitrage au paiement par le Crédit lyonnais d’une contribution de 12 millions d’euros en cas de condamnation. La seconde, du 23 octobre, rend cette condition moins stricte. « L’abandon » de cet engagement « constitue une faute caractérisant, à tout le moins, une négligence d’une particulière gravité », selon les magistrats de la CJR.
– PAS DE RECOURS CONTRE LA SENTENCE ARBITRALE –
Rendu le 7 juillet 2008, l’arbitrage alloue 404 millions d’euros à Bernard Tapie, dont 240 millions pour le préjudice matériel, 100 millions d’intérêts et 45 pour le préjudice moral. Le montant suscite immédiatement une polémique.
Le 28 juillet, Christine Lagarde donne l’instruction aux représentants de l’Etat dans l’EPFR de ne pas soutenir de recours. Or, si des avocats l’ont conseillée en ce sens, d’autres voix se sont élevées pour que la sentence soit attaquée, en raison de la lourdeur de la condamnation et du non-respect par les arbitres de décisions judiciaires antérieures. Aux yeux des magistrats de la CJR, il s’agissait « d’un moyen sérieux d’annulation » qui a été ignoré.
De plus, les instructions de la ministre sont tombées 19 jours avant l’expiration du délai pour attaquer la décision. Elle « a fait montre d’une précipitation qu’aucune raison sérieuse ne paraît pouvoir justifier ».
En conclusion, les magistrats relèvent que « les négligences multiples commises, à cette occasion, par un ministre ayant par ailleurs l’expérience, tout à la fois, des contentieux financiers et de la procédure d’arbitrage, sont difficilement explicables, si ce n’est par la volonté d’imposer des choix déterminés à l’avance ».