Depuis, l’indépendance de l’Algérie, les recherches historiques de l’histoire antique, mais surtout les recherches
archéologiques ont plongé dans le bricolage des priorités dans laquelle l’archéologie était réellement exclue. Pourtant, l’archéologie est une science humaine : elle étudie l’homme et plus particulièrement, les traces laissées par l’homme dans le passé. Durant la période d’occupation française, la question du patrimoine culturel a été abordée dans une perspective purement coloniale : (La France héritière de Rome = Rétablissement de la continuité latine et chrétienne en Afrique du Nord).
L’archéologique de l’Algérie, résume en elle seule le programme colonial Français. Un programme basé sur l’idée d’un « transfert de propriété ». En 1962, l’Algérie a reconduit le classement colonial, constitué de 293 monuments. Toutefois, 36 ans après, en 1998, on remarquera enfin l’émergence du concept « patrimoine Culturel » suite d’abord au nouveau contexte politique et surtout à la naissance d’une société civile qui aspire vraiment à la consolidation de l’identité nationale. Finalement, jusqu’en 2013, l’Algérie comptait officiellement près de 476 sites culturels, historiques et archéologiques (Source, APS).
Depuis 2002, une opération inventaire général est déclenchée pour la reconstitution du cadastre patrimonial Algérien, partant de la réalité territoriale actuelle. Des opérations d’élaboration de banque de données dans 18 willayas parmi eux Sidi bel-Abbes ont bien été lancées. On savait déjà que la priorité dans cette prise en charge du patrimoine culturel serait en fonction de l’état de consistance de ce patrimoine : Autrement dit, l’architecture de terre par exemple : ksour, casbahs, villages traditionnels est plus vulnérable que l’architecture en pierre (Monuments antiques- Notamment notre sujet du jour). En effet, le projet archéologique en Algérie et partout dans le monde ne se limite pas à l’exhumation des poterie et pièces de monnaies et autres. Il s’agit également, pour l’archéologue, de donner du « sens » à ses recherches.
Ainsi donc, dans le classement additif des sites Archéologiques établi en 2009 par le ministère de la culture. On trouvera, 54 sites préhistoriques, en plus des 06 sites archéologiques protohistoriques et précisément les 11 monuments et 19 sites archéologiques antiques. Mais, peiné de le dire, on ne trouve dans ce classement aucun « Site Archéologique classé » se trouvant dans la wilaya de Sidi-Bel-Abbès. Alors, ni Astacilis, ni Kaputtasaccora, ni Altava, ni Tect Tenira, ni Ala-Miliaria, ni Ad-Dracones, ni Sidi Ali-benyoub encore moins Ain-Hadjar-Sidi Ali Bousedi et Souabria. Et puis encore ni fontaine romaine d’Ain-Ba-Daho.
Il est évident, que la région de Sidi-Bel-Abbès ne se retrouve pas plus encore dans le classement des 11 sites du plan de la protection (2009-2014). Cependant, pour réconforter les Bel-Abbésiens, seul le site préhistorique Sablière El Kçar (Voir notre rubrique lundi de l’histoire du 5 mai 2014) est classé dans le plan de protection à long terme (2014-2025). Toutefois, celui-ci est un site préhistorique et non historique.
Mais, au fait, c’est quoi un site historique archéologique ? Il peut concerner la préhistoire autant que l’histoire antique,médiévale, moderne et contemporaine. On peut aussi savoir et reconnaître un site archéologique et résumer ainsi la situation en quatre points essentiels. Il y a d’abord, le coté juridique puisque, il faudrait obligatoirement une autorisation de la tutelle. C’est la loi (Permis de recherche). Non seulement, c’est une obligation légale, mais on peut dire aussi que c’est un devoir intellectuel et moral. De ce fait, la reconnaissance se fait donc par décret ministériel publié dans le journal officiel de l’Algérie. Il ne suffit pas de se référer à un journal. Disons que ce n’est pas « suffisant ».
Le deuxième point, concerne le rassemblement d’objets trouvés. La question est simple. Ces objets sont-ils isolés ou associés avec d’autres du même type, de la même époque et surtout de la même zone ? Parce qu’un site peut couvrir une large superficie. Un archéologue peut également nous donner plusieurs autres indices. C’est le cas de le dire dans l’histoire de Mauritanie césarienne : Bouhanifia-Aquae Sirenses Sig- Tassacora.Bénian- Alamiliaria. Lucu –Berthelot. Ouled Mimoune-Altava.Temouchent- Albulae . Oued Imbert-Ad-Dracones .Tect –Tenira…et surtout Sidi-Ali-benyoub qui jusqu’à aujourd’hui reste sans NOM toponymique reconnu ! (Aquéllira c’est de l’espagnol !). Nous devons donc être conscients que le patrimoine Algérien de n’importe quel site historique appartient à l’ensemble de la communauté et voilà pourquoi la reconnaissance de l’état à travers ces structures habilitées est primordiale.
Le troisième point concerne la présence de résidus mobiliers et donc la présence vraiment d’un site archéologique. Le travail consiste à observer attentivement la zone ou l’on prospecte. Il faudrait, repérer, découvrir, inventorier, enquêter, analyser et enfin interpréter et informer. Tout devient important, fragments de céramique, de débris de tuiles, de morceaux de verres, de débris osseux… et autres. Il existe des méthodes scientifiques bien définies en étapes séquentielles pour chaque analyse. Ce n’est pas si évident que ça, car il est rare qu’un site archéologique soit immédiatement visible.
Et enfin le quatrième et dernier point concernant la présence de structures immobilières (Pierres cohérente, des débris de briques, qualité = indiciaire). Bref, vous l’aurez compris, c’est le travail dans le laboratoire au profil adéquat (stratigraphie et autres). En effet, c’est la rigueur et la finesse du rapport archéologique et son interprétation qui vont permettre de faire avancer les connaissances et d’éclairer l’histoire d’un lieu.
Pour conclure, voici une interpellation encore non résolue. Les départements d’Archéologie de nos universités d’Oran,Tlemcen et Mascara ont-ils les moyens matériels pour procéder à l’identification des sites archéologiques tout au moins en Oranie? On sait déjà que cette filière n’existe pas à l’udl de Sidi-Bel-Abbès. Que dire alors du musée Zabana d’Oran ! Possède-il ce laboratoire dont on relate ici dans cette rubrique son rôle précurseur ? Le mieux alors, pour cette association ESPACE Bel-Abbesiènne est-il de tout laisser tomber. N’empêche qu’il faudrait rendre hommage tout au moins à toutes ces associations de la société civile qui travaillent aussi fort qu’elles peuvent. Mais, il faudra leur dire qu’elles doivent s’habituer à l’idée que les sites archéologiques de toute l’histoire antique de la région de la Mekerra n’existent pas ou disons qu’ils n’ont presque jamais existé. Ainsi, Ils peuvent même dire à leurs enfants qu’ils n’ont rien fait pour que ces sites archéologiques subsistent.
Par K. AL-MECHERFI
Bonjour Si Karim.
Je suis content de votre intéressement à l’archéologie, vous qui êtes un historien.Toutefois, l’archéologie est une recherche matérielle à travers des fouilles, tandis que l’histoire est la base de récits écrits pour élucider des événements dans le passé dans toutes ses dimensions. Toutefois, l’archéologie est inscrite dans l’histoire des événements à travers la lecture scientifique des éléments trouvés en surface ou ensevelis. Là est la différence qui sépare l’histoire de l’archéologie, même si les deux tentent d’éclaircir le passé.
Pour mettre un terme à toutes les spéculations qui peuvent alimenter inutilement l’action de l’association ESPACE , dont vous êtes membre, je tiens à préciser ce qui suit:
Les sites de Robba et Souabria sont nouvellement mis en exergue du point de vue historique et probablement archéologique en respectant les lois de la république et ce avec la collaboration de la direction de la culture de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Un dossier a été transmis au ministère e la culture, et ce dernier a demandé un travail d’identification géographique des sites. De Sfisef, et en suivant les traces du donatisme dans notre région, nous nous sommes retrouvés à Ala Miliaria (Benian) où a été ensevelie la religieuse Robba sous la basilique qui porte son nom. Les habitants de Benian, ayant découvert la richesse de leur histoire antique, se sont constitués en association et ont fait appel à l’université de Mascara à travers sa section d’archéologie. Ainsi, le site est pris en charge du point de vue scientifique par l’université de Mascara.
La ministre de la culture, madame Khalida Toumi nous a félicités du travail historique réalisé et nous a promis officiellement et par écrit le 04 mai 2009, l’envoi d’une commission sur les sites de Sfisef et de Benian pour constituer des dossiers afin de procéder à des éventuels classements des sites en question.Malheureusement, et à ce jour, l’attente a trop duré. Aujourd’hui l’association, a jugé utile d’inviter des spécialistes pour entamer les procédures légales dans le but d’identifier les sites. Concernant le musée national Zabana Ahmed, qu’il possède ou pas un laboratoire, c’est une institution sous l’égide du ministère de la culture, et il peut faire appel à des laboratoires en cas de nécessité.
Mon ami Karim, et à titre de Rappel, le site d’Ala Miliaria, Benian actuellement, a été découvert par un instituteur de Ghriss.Et grâce à ce dernier, le célèbre archéologue S.Gsell s’est déplacé pour entamer des fouilles en 1898 et découvrir la basilique de Robba. Souvent l’écriture de l’histoire ne fait pas défaut aux non-historiens. Je peux citer le Dr C.Chittour,(ingénieur en petrochimie) Dr Hadj Abdelhamid(Médecin), à monsieur Salim Hocine(psychologue), le professeur Baba Ali(chirurgien dentiste)…et la liste est longue. Merci mon ami de ton engagement.
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