Lac de Sidi M’Hammed Ben Ali : CETTE FASCINATION A SATISFAIRE L’INUTILE

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Ce n’est pas sans étonnement et sans amère déception que nous avons pris connaissance des divers comptes rendus de presse sur la rencontre du Chef de l’Exécutif avec ce que l’on qualifie de « Société civile » dont nous ignorions l’existence. Depuis l’exercice du précédent Wali qui avait prévu de nous laisser « une ville pour cent ans », nous avons publié avec tout l’historique nécessaire et les vues saines de cette majorité silencieuse plusieurs articles appelant les différents opérateurs à plus de retenue, à une meilleure maturation sur le devenir du Lac. En vain. Des vœux pieux, tout au plus, ont été exprimés pour faire taire ce qui risquait de se dire de ce projet dont le profil réel n’existe que dans les arcanes des structures qui en ont la charge. Or le massacre du Lac ayant été entamé et les arcanes étant autant impénétrables que les voies du Seigneur, la résignation a fini par prendre le dessus mais pas l’abandon car il y a vraiment de quoi désespérer. Le combat est non seulement inégal mais perdu d’avance. Ce lac qu’on a tenté malgré tout de sauver continue de focaliser toutes les attentions d’entrepreneurs en mal d’urbanisation – vaille que vaille – d’un espace destiné à la nature et certainement pas au béton qui a pourtant causé, déjà, un mal quasi irréversible. Le gel des travaux décidé par le nouvel exécutif nous a laissé croire qu’une prise de conscience, non dénuée de sagesse et de la responsabilité requise, a fini par prendre le pas sur un activisme forcené sans rapport avec les réalités du terrain écologique et encore moins des priorités urbanistiques dont la cité manque pour en faire un pôle économique, attractif,  pour attirer des investissements nécessaires à son développement.
Ce plan d’eau n’est cependant ni celui d’Enghien-les-Bains, célèbre par son casino, ni celui du Lac Supérieur, encore moins celui du Lac Léman ou du Lac Majeur, loin s’en faut et de beaucoup. En réalité c’est plus un étang, une retenue d’eau destinée à juguler et à maîtriser initialement les crues de la MEKERRA qui faisait de Sidi-Bel-Abbès une zone souvent marécageuse au goût des colons qui en ont fait leur Eldorado. Sidi M’hammed – Ben-Ali est alimenté  récupérant les eaux de ruissellement du mont du Tessalah et du canal déviant le trop-plein des crues de la Mekerra. C’est donc tout bonnement un étang avec des eaux stagnantes, quasiment toute l’année, et dont le déversoir est relié au barrage Sarno, célèbre dans les cercle de l’architecture par l’originalité de sa conception en forme de marguerite à huit pétales. Si rien n’est fait par dame nature, de telles réserves d’eaux (cela vaut également pour certains types de lacs), sont vouées, voire même condamnées à être progressivement comblées par des alluvions qui s’accumulent au fur et à mesure sur leurs fonds. L’évaporation  excessive faisant le reste, seule une réception d’eau fréquente peut, sans doute aucun, assurer au “lac” une viabilité optimale et, ainsi, le pérenniser dans un cadre devenu naturel, au gré du génie humain. A sa naissance il a été décidé de laisser le plan d’eau prendre ses aises pour se confondre avec une nature elle – même accueillante. Ceci  a permis la stabilisation d’un écosystème particulier à la région de Sidi- Bel- Abbès, écosystème formé par une association d’êtres vivants (biocénose) et son environnement. C’est un complexe dynamique de micro- organismes, de plantes, de poissons, de plancton qui a fini par s’installer et donner vie à tout un monde insoupçonné, quoique vulnérable, constamment en danger critique et facile à déstabiliser. C’est ce  complexe dynamique – qui aurait dû être protégé – qui a fait subir à l’écosystème un bouleversement sans précédent, engageant le lac dans une agonie accélérée et dont nous n’acceptons aucunement la fatalité,  parade trop facile pour se dédouaner. Où étaient les écologistes et leurs multiples associations, qui s’inquiètent aujourd’hui, injustement, pour l’arrachage de quelques caroubiers sur le tracé du tramway, avec force et médiatique tapage ? Où était l’université avec ses experts patentés ? Ces cercles d’avertis devaient user de leurs poids et de leurs arguments scientifiques pour s’opposer à tous travaux sur et autour du lac, sachant avec certitude qu’on allait vers une catastrophe annoncée, alors que nous, néophytes, avions tout fait pour dissuader des décideurs bravant la réglementation puisqu’ ils n’avaient, à ce moment là, aucun budget d’inscrit pour l’opération. Une fois la catastrophe annoncée avec certitude et profitant du changement d’exécutif, certaines associations  se targuant d’écologistes, méconnues du plus grand nombre et surgies d’une besace de prestidigitateur, se sont brutalement réveillées pour déplorer la dégradation visuelle du lac,, bien, ô combien trop tard en adoptant une nouvelle démarche, dans l’air du temps, gesticulant pour des desseins inavoués, rappelant à leur manière cet adage consacré : ” d’autres temps , d’autres mœurs ” bien entendu.

Ô  Lac ! Ton agonie nous prépare à être des orphelins. Ne pouvons- nous pas concocter un élixir pour te restituer à Dame Nature ? Ô Sidi-M’hammed Ben Ali ! Nous ressentons ta douleur, aussi nous n’écartons aucune piste, même si ce serait celles de miraculeux guérisseurs pour vous éviter de vous voir passer le Rubicon, savoir que vous seriez encore là suffirait à nous apaiser avec l’inquiétude du grand départ. Est-ce un cauchemar ou une insomnie qui nous font expurger du fond de nos entrailles ces lignes qui ne sont ni rhétorique, ni exercice de style ?  Nous clamons ce que nous ressentons.  Nous avons assez pleuré notre lac comme les mères qui voient leurs ouailles partir alors qu’elles pensaient être contre tous malfaisants désirs. Le temps de répit qu’on vous avait semble- t-il accordé n’a pas suffi à remettre en question les investissements qui, initialement, n’étaient que fantasmes faisant des hommes de cour des, des bouffons appliqués à se surpasser dans l’applaudimètre du meilleur serviteur. J’essuie mes larmes pour implorer, sait-on jamais, les marabouts recommandés  de nous aider à surseoir à toute tentative de défigurer les lieux et les laisser dans la quiétude  d’un havre de paix, partie de l’identité indéfectible de Sidi- Bel-Abbès .

Ô Lac ! Nous t’acceptions volontairement avec ta nudité insolente sous le regard charmeur d’un Tessalah tel un sphinx autant imposant que majestueux. Le budget colossal qu’on  semble vouloir consacrer à ton urbanisation ignore que ta réhabilitation est un préalable car les sédiments et les détritus entassés depuis longtemps ne peuvent, d’un coup de baguette magique (même avec l’aide d’experts omniscients et docteurs en l’occurrence, garants d’une bonne exécution tout en étant partagés entre MACTA 2, le Lac, la steppe et l’université) disparaître face à une situation aussi périlleuse, même Eco-vert,  bureau d’études  de Tlemcen qui, à notre connaissance, ne peut se prévaloir d’une expérience multidisciplinaire (  jardin public et maintenant le Lac ) ne peut ni garantir ni rassurer sur une bonne conduite des travaux. Ses références dans le domaine sont, jusque là, peu connues. Ce budget peut- être aisément réorienté sur un projet bien plus ambitieux avec un caractère écologique accentué et ce dans l’esprit d’une vision que préconise RAMSAR pour prétendre y adhérer. Nous signalons que lors du passage de la Ministre chargée de l’Environnement à Sidi-Bel-Abbès fin 2013 une promesse a été faite pour faire de RAMSAR un objectif. Force est d’admettre  qu’on s’en éloigne totalement et qu’aurait-on légué à nos générations futures : un champ de ruines et de désolations ?

Oui pourquoi ne pas passer le témoin aux générations qui viennent en leur léguant, nous ne le répéterons jamais assez, un ensemble écologique ambitieux s’étalant au delà de leur temps ? Des hommes de l’art, architectes et paysagistes, experts en environnement et en zones humides peuvent satisfaire à cœur-joie une liberté de ton et d’expression afin d’en esquisser une perspective en élargissant les horizons faits de verdure et d’eau en éloignant le spectre du béton. Le récréatif dont on fait une fixation pour convenir à des destructeurs de la nature ou autres sportifs occasionnels ou même pour contenter des laveurs de voitures, doit être envisagé dans des espaces plus appropriés. N’avons- nous assez de cet embarcadère ridicule, de ce cirque qui n’a d’antique que le regard de son concepteur ou ce muret qui n’a rien à envier aux portes de “saloon ” qu’on voit dans westerns spaghetti ? Les autorités n’attendent pas des associations leur alignement sur les thèses du chef omnipotent, elles souhaitent à ne pas en douter leur participation active, sincère, loyale et constructive. Le suivisme de façade dont ces associations ont jusqu’ici fait étalage ne peut les dédouaner de leur responsabilité de faire ce qu’elles disent en aparté, leurs conseils clairement affichés n’étant pas en harmonie avec leur intime conviction
Se taire c’est être indifférent à l’agonie. C’est consentir à l’intégrer dans un espace urbain dont les jalons se manifestent par la pénétration de l’autoroute aux confins du Lac, faisant de la voiture la reine des lieux. Faisons en sorte que cet endroit rêvé retourne à ce à quoi il était destiné et  que notre descendance n’ait pas à rougir de notre passage, œuvrons donc pour ne pas les décevoir. Dur est le combat. Inégale est la confrontation mais s’y atteler avec sincérité fait leur noblesse et vaut leur pesant de respectabilité. Nous aurions laissé, par acharnement, le souvenir d’un devoir accompli. Construire est une tâche ardue semée souvent d’embûches, mais détruire n’exige pas de délai, il suffit d’un claquement de langue sous le palais pour parvenir à ses fins.

Ô Couleurs de l’arc-en-ciel ! Laissez le Vert dans son gîte de toujours, il vous bénira pieusement sans détour. Rejoignez- nous pour partager cette odyssée, vous ne regretteriez rien de ce qui serait peut être la panacée. Dans la mémoire de mon enfance est restée gravée une image d’une Mer paisible. Et pour que Dieu vous bénisse, ne faites rien pour contrarier cette innocence qui croit que tout est possible.

Par Abdelhamid ABDEDDAÏM.

4 thoughts on “Lac de Sidi M’Hammed Ben Ali : CETTE FASCINATION A SATISFAIRE L’INUTILE

  1. J’aurais aimé que l’article soit signé Pr Abdelhamid ABDEDDAIM au lieu de : Par Abdelhamid ABDEDDAIM ,quant au contenu j’adhère complètement et je dirais même que nous sommes prêts ,nous citoyens,à supporter les charges de sa remise à l’état original pourvu que les initiateurs de ce projet fou soit courageux d’y adhérer et d’assumer leurs erreurs pour ne pas dire fautes car à la base de tout cela ,c’est l’incompétence qui se met en exergue pour être gentil et ne pas évoquer la dilapidation de l’argent public à des fins d’enrichissement personnel et dégradation de la nature qui est considérée ailleurs comme un crime abject.

  2. L’article est clair comme l’eau de roche. On ne voit pas comment être plus explicite. Son auteur, à notre humble avis, a voulu éviter de citer des noms, car il nous semble que les concernés au plus près savent de quoi il en ressort. La subtilité – de l’auteur – consiste à désigner l’expert sans le nommer du fait que le milieu universitaire ne peut l’ignorer, on ne serai pas loin de croire, comme vous le sous-entendez, qu’il n’est pas avare d’expertise, le BOSQUET s’ajoutant aux autres. Cet aspect n’est qu’une parenthèse pour souligner qu’une intervention sur le Lac n’est pas nécessaire sous quelque forme que ce soit à l’exception d’une et d’une seule : sa RÉHABILITATION pour le rendre à la NATURE. Quant à l’article paru sur le QUOTIDIEN d’ORAN, un lecteur,avec une pointe d’humour, a pensé lire un prospectus d’une jardinerie de province vantant les mérites de son enseigne. Était-ce une publicité ou une offre de service? On ne peux pas conclure sans souligner que le style adopté par LILA est volontairement déformé pour masquer encore plus son identité

  3. On a trop parlé de cette retenu d’eau comme la décris ici Mr Abdedaim. ..et on souhaite qu’on la laisse au contraire isolé car elle n’est plus alimenter par oued makerra. Au sud de bel abbes les orages ont apparement changer de position. Avant c’etait le parcours de oued mekerra maintenant c’est le sud de la ville qui est menacé comme la grande catastrophe qui a plongé le quartier de caillasol dans une marre d’eau et qui a emporté l’aeroclub..les hangars des avions ont été litteralement broyé par la force des eaux, c’est phénoménale la force de l’eau…si vous attirez les gens vers le lac le phénoméne d’eutrophisation va vite se produire par accumalation de produit organique. …..la solution serait soit d’introduire des animeaux qui recycle ces apports exogéne soit de traiter l’oued mekera en amont et le transferer vers le lac pour que l’eau soit renouveleé quotidiennement….économiquement le projet’n’est pas rentable. Les plages peinent a faire entrér de l’argent,.les gens transportent avec eux leur repas, nous sommes pas encore dans une culture de manger dans les restos….
    Il ya un bon article sur l’eutrophisation sur l’encyclopedie wickipedia a voir….
    Tout projet sur le lac doit prendre en compte ce phenoméne. ..
    Salutation

  4. c’est bien dit mais seulement dans ces circonstance il faut que le texte soit a la porté de classe politique, car ce discours comme vous le dite est incompressible par les chercheur universitaires patentés. Il y avait libération d’un budget de recherche sur le lac, on aurait souhaité voir les résultats de leurs travaux.. Il n ya que le collègue Mr Benabdelli sur un article au journal réédité sur ce site qui a osé dans une self analyse a donner son avis sur la Macta II..Mais je ne fais pas confiance a un scientifique qui ne montre pas ces tendances politique ou appartenances, parce-que lorsqu’il était en poste au laboratoire d’écologie, il parait le labo a soumissionné pour l’aménagement de la foret dite le Bosquet, c’est ce que les gens disent, si c’est vrai donc l’entreprise de Tlemcen a aussi le droit car l’étude a été fait par des gens qui n’ont aucune compétence dans le domaine .ça sent la soufrière de l’argent. Ce n’est pas un mal de faire de l’argent, c’est un devoir, mais le crime c’est lorsque on trouve un alibis pour le faire. Le lac est devenu un alibis ou jeter de l’argent. Le site isolé qui a été cité ici celui de l’orange est tout a fait indiquer pour redevenir un centre aéré et de loisir un parc de détente, un relais autoroutiers, surtout lorsqu’il est proche de l’autoroute Est Ouest. Mr Bouterfas a vu juste si jamais les frontières marocaines seront ouvertes. il ya un principe fondamental ”il est interdit d’entrer dans toutes zone de production fusse t’ elle de céréale.””cette retenue d’eau ou lac est soit intégré dans un système de production irrigation par cota soit une zone humide protégée” je préfère une zone humide protégé qui alimentes des sentiers arboricole…jusqu’à le barrage oued sarno. Les arbres prennent leurs cota d’eau naturellement en se plaçant uniquement sur le parcours de l’eau.
    salutation

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