Les obsèques de cet grand homme et fervent défenseur de la cause Algérienne ont eu lieu la semaine écoulée, il est décédé le 6 aout dernier à l’age de 96 ans. Bel-abbes.info qui a été l’un des rares journaux électroniques ou papier à avoir eu un entretien avec M René Justrabo à Dijon,partage la tristesse avec sa famille et particulièrement sa fille Eve et leur présente ses sincères condoléances . c’était en juillet 2012 que nous l’avons rencontré dans son appartement sur le boulevard Trimolet à Dijon, (voir nos différents reportages du 21 juillet 2012 et du 22 Aout 2012 ) et il reste encore un dernier passage de son entretien avec BAI que nous publions ultérieurement. Tout a été dit et redit sur le parcours oh combien difficile et parsemé d’embuches de cet homme qui a épousé la cause du peuple Algérien à retrouver dignité tant bafoué et qu’il ne cessait de dénoncer tout au long de sa prise de fonction comme maire de la ville de Sidi Bel Abbes. Il n’avait cessé de dénoncer la politique des deux poids deux mesures que les colons et leur armée menaient contre le peuple Algérien.
Plusieurs journaux de gauche comme de droite ont relaté l’évènement de son décès . Nous reproduisons ci-dessous le message tel que publié sur FB par l’un de nos amis, repris d’un autre journal.
Décès de notre camarade René Justrabo à Dijon (France)
Adieu khayi enfant de sidi bel abbes
Nous venons d’apprendre la triste nouvelle du décès de notre camarade René Justrabo survenu à Dijon le 6 août 2013. Il est né à Mascara le 15 janvier 1917. Son père venu de France et sa mère native de Mascara avaient ouvert dans cette ville une petite épicerie. Après des études primaires, René Justrabo accéda d’abord à l’Ecole primaire supérieure où il obtint son brevet élémentaire, puis à l’école normale où il obtint son Brevet supérieur. A sa sortie de cette école il est nommé instituteur à Freha, poste qu’il ne rejoindra pas. En effet, pour des raisons de santé il se rend en France pour se soigner. Il profite de son séjour dans ce pays pour parfaire sa formation d’enseignant et devenir professeur.
A son retour en Algérie, il enseignera dans un quartier populaire de Sidi Bel Abbés, puis enseignera à l’Ecole primaire supérieure l’histoire et la géographie. Il adhérera au Parti communiste Algérien en 1943 et il sera élu membre de son comité central au congrès qui s’était déroulé à El-Harrach les 17,18 et 19 avril 1947. Très lié aux couches populaires de la ville de Sidi-Bel-Abbés et à leurs luttes pour leurs aspirations et revendications, il sera choisi pour conduire aux élections municipales des 19 et 26 octobre 1947, la liste du Front Démocratique présentée dans le premier collège par la section du PCA de Sidi Bel-Abbés. Elle sera triomphalement élue. Il devient ainsi maire ( le premier et seul maire communiste en Algérie) d’une ville siège du régiment militaire colonial « la légion étrangère ». La grosse colonisation terrienne économiquement puissante et détenant les leviers de commande de l’administration coloniale dans la région n’acceptera pas la présence d’un communiste, anti-capitaliste et anticolonialiste à la tête de la mairie de Sidi Bel Abbés. Cette grosse colonisation tentera par trois fois de le chasser de la mairie en obtenant l’annulation des élections. Mais ces tentatives échouèrent et il demeura maire de cette ville jusqu’en 1953.
Bien plus, le 4 avril 1948 présenté à Sidi-Bel Abbès dans le premier collège comme candidat du PCA aux élections à l’Assemblée Algérienne, il est élu. Dans le second collège, les élections avaient été truquées et les urnes bourrées par les sbires de l’administration coloniale pour favoriser l’élection des candidats de l’administration coloniale. Au côté des élus nationalistes du MTLD et de l’UDMA, de 1948 à 1954, en tant que seul élu communiste dans cette assemblée il mènera le combat pour dénoncer le système colonial. il deviendra la bête noire du colonialisme. Il abandonnera le 17 décembre 1955 l’Assemblée Algérienne en application de la décision prise par le PCA demandant à ses élus dans les diverses assemblées de démissionner de leurs mandats pour soutenir l’action armée du peuple algérien pour son indépendance nationale.
Expulsé en mai 1956 de Sidi Bel-Abbés par une décision de l’administration coloniale, René Justrabo sera le 26 novembre de la même année interné au camp de Lodi avec d’autres militants communistes, nationalistes et progressistes. Il y restera jusqu’au 18 juin 1960 et sera ensuite expulsé vers la France le 26 juin. Il s’installe alors à Dijon où il enseigne dans un lycée. Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, accompagné de son épouse il retourne à Sidi Bel Abbès où il enseigne dans un lycée. Il quitte l’Algérie vers la fin de l’année 1963 et s’installe à nouveau à Dijon où il prend sa retraite.
Il poursuivra ensuite son action militante au sein de l’Association des combattants de la Cause anticolonialiste – « Agir contre le colonialisme aujourd’hui » (ACCA) et au sein de l’association « Les amis d’Alger républicain en France ».
Les communistes Algériens saluent ce vaillant combattant de la cause anticolonialiste qui est resté fidèle à ses convictions communistes. Ils lui rendent hommage et présentent à ses enfants et à sa famille leurs condoléances et leur solidarité. Ils souhaitent en même temps que son valeureux combat inspire les nouvelles générations.
La rédaction du Lien-PADS