Anthropologue né à Sidi-Bel-Abbès (Boukanefis) Ahmed BEN NAOUM est Professeur de sociologie à l’Université de Perpignan depuis 1997. Auparavant, Chercheur à l’Université d’Alger de 1975 à 1989, il a été Directeur et refondateur du Centre National de Recherches Préhistoriques Anthropologiques et Historiques d’Alger (CNRPAH)
L’anthropologue algérien Ahmed Ben Naoum n’est pas content des assertions émises dans la presse algérienne au sujet de la nature présumée ethnique des violences à Ghardaïa.
Ce sont des “énormités racistes” explique-t-il avec sévérité au journal El Watan en rétablissant la bonne orthographe des Cha’anba, la partie présentée, à tort, comme étant “arabe” dans de nombreux médias y compris algériens.
Les “cha’anba” sont des berbères Zénètes et ne sont pas des arabes, rappelle-t-il. Tout en faisant la part de l’ignorance, l’anthropologue estime qu’il existe une entreprise délibérée pour les présenter comme des “arabes” afin de donner à la crise dans la vallée du M’Zab une tonalité ethnique ou une “minorité” serait menacée.
Dire que les Cha’anba sont des arabes “constitue au mieux une erreur due à l’ignorance, au pire à un mensonge consciemment construite diffusé en vue de NUIRE. C’est une contre-vérité historique. Ils ne sont aucunement une fraction de B’ni H’lel ou B’ni Soleym.”.
Professeur d’anthropologie à l’Université de Perpignan et ancien directeur du Centre National de Recherches Préhistoriques Anthropologiques et Historiques d’Alger (CNRPAH) souligne que les cha’anba font “partie de la majorité Zénète de ce pays… Ils ont été arabisés comme l’ont été les autres Zénètes, sauf à dire qu’ils expriment leur culture dans une des langues arabes qu’ils ont largement “zénétisée” dans la morphologie et la syntaxe”.
Il n’a jamais été question, dit-il, “de berbères et d’arabes comme certains veulent le faire croire” en investissant “à posteriori les problèmes du nord dans ceux du sud. Non plus qu’entre malékites et ibadhites.”
.
“Dans la gueule du monstre”
Pour lui, des “agendas extérieurs et des intérêts locaux” se conjuguent dans le “complexe des causes des flambées de violence devenues chroniques, notamment les mafias du foncier, la prolétarisation et la sédentarisation effrénées des dizaines de milliers de nomades de tout horizon, parmi lesquels les Cha’anba, et l’arrivée de gens du nord en masse, dans une vallée exiguë, où ne vivaient que les ibadhites (…)”
Pour lui, ceux qui veulent le présenter comme un problème entre “arabes” et “berbères” prennent leur “fantasmes pour des réalités”. Il souligne que les “ibadhites parlent la langue des Zénètes et l’arabe des Zénètes. Ils ont toujours été parfaitement bilingues et ont toujours été instruits en arabe”.
L’Algérie, souligne-t-il dans une mise en garde sévère, “gène des intérêts colossaux” et elle “tombera si nous ne prenons pas conscience que nous sommes déjà dans la gueule du monstre”.
L’anthropologue note que “notre ignorance de notre propre histoire crée la division dans notre société”. Il dénonce la “nullité voulue et construite” de l’université algérienne qui devient ainsi un “instrument actif” d’une future déstabilisation du pays.
Salam !
Très rassuré de voir un de nos anthropologues donner leçon ou conférence à une certaine presse qui prend ses journalistes pour des analystes et ses correspondants pour des …observateurs !!! La suffisance de certains organes de presse ayant pignon sur boulevard et subventions en poche offre gratuitement aux médias internationaux une aubaine certaine en désinformant notre opinion sur des événements et phénomènes qui demandent avis de spécialistes. El Watan comme le Quotidien d’Oran veulent imposer des think tank préfabriqués à l’image de l’usine de Oued Tlélat !
Dans ce cas de figure à Ghardaïa,il y a trop de non-dits et tabous interdits d’écriture dans notre presse . Le conflit n’est ni ethnique ni religieux certes mais la pomme de discorde ne serait-elle pas le refus du …mariage mixte entre les enfants des deux populations ? Le plus grand affront qui puisse exister dans une latence de décennies ,refoulée, puis explosée au milieu de facteurs aggravants comme la crise …du pétrole et de la rente !! ! Cela reste une hypothèse de travail à proposer aux médiateurs et au législateur …!Merci au Professeur Benaoum pour son éclairage et merci à BAI pour la médiatisation!