Doté d’une toile et d’une palette de peinture, un grand peintre peut réaliser un tableau qui marque l’histoire. Et, muni de quelques aliments et quelques ingrédients, un chef de cuisine peut concevoir un plat aux saveurs inconnues.
Le grand art est une question de combinaisons subtiles entre des choses simples, qu’il s’agisse de peinture ou de cuisine. Des choses qui, mises entre des mains profanes, ne donnent pas les mêmes résultats que si elles étaient mises entre les mains d’un Pablo Picasso ou d’un Paul Bocuse.
Un tableau que dessine Picasso, aucun autre grands artiste ne pourra le dessiner, et encore moins un plaisantin. D’autres peuvent faire mieux, où pire, mais jamais le même. Sauf à faire des imitations. Guernica est et restera à jamais une œuvre unique. Il en est de même d’une soupe aux truffes noires Valéry Giscard d’Estaing de Paul Bocuse.
Ce qui unit un grand peintre et un grand chef, c’est leur appartenance à une catégorie d’hommes d’exception: les créateurs.
Leurs œuvres, uniques, nées ex-nihilo, simplement de leurs imaginations, sont indémodables et indépassables et peuvent valoir des fortunes. Pablo Picasso est connu d’aimer dessiner sur les nappes quand il allait aux restaurants. Cette habitude faisait, dit-on, la joie des propriétaires qui acceptaient d’être payés par les dessins que le génial artiste faisait sur les bouts des nappes.
D’un commun accord, il s’opérait un troc entre deux artistes : de l’art plastique contre de l’art culinaire. Mais les différentes créations n’étant pas de valeur égales, et pour ne pas être lésé dans l’échange, le peintre Espagnol refusait de signer ses dessins sur nappe. On raconte qu’un jour il répondit à un restaurateur qui lui demanda de le faire qu’il était venu pour manger et non pour acheter son restaurant.Ce qui est vaut pour la peinture et la cuisine, pour Picasso et Paul Bocuse, vaut aussi pour la littérature, pour Baudelaire où Goethe.
D’une poignée de mots, ces génies du verbe pouvaient faire des combinaisons qui aboutissent à la création de chef-d’œuvres qui traversent le temps. De la même poignée de mots, moi, que pourrais-je faire, que pourrais-je réaliser à part des banalités qui, vite se perdent dans le tas des inutilités et vite s’effacent des mémoires.
Voici écrit en lettres ce je voulais dire de vive voix à deux personnes qui ont réagi à mes tomates d’avant hier et à ma façon de décrire la passion que je leur porte, l’une ayant aimé et l’autre s’étant moqué : il s’agit de l’aimable S.B et du méchant M. B.