Le Fléau de la faim

La faim accompagne l’humanité depuis de longues années. L’histoire classique de l’Egypte
ancienne fondée sur les périodes de vaches grasses et vaches maigres, reflétant les sept années de bonnes récoltes suivies des sept années de disette, montre bien la périodicité de ce fléau. Les terribles famines qui ont ravagé les campagnes dans l’antiquité grecque et romaine et la mort de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes durant les années de disette qui ont frappé l’empire Ottoman, la Chine et l’URSS pendant le XIX siècle en sont des illustrations parmi d’autres.
Les économies modernes sont loin d’avoir éradiquer ce mal. Malgré la croissance rapide que l’économie mondiale a connu ces dernières années, presque 840 millions de personnes parmi les 6 milliards qui peuplent la planète sont en véritable danger de famine et de malnutrition alors que la terre est capable de nourrir le double de cette population (Ziegler, 1999). Ce danger préoccupant suscite une forte mobilisation de la part des différentes instances mondiales. 30 millions de personnes meurent d’inanition chaque année. Dans un contexte où les plans économiques de développement se veulent durables, rétablir un niveau de sécurité alimentaire devient un enjeu crucial.

La faim peut prendre plusieurs formes, mais le phénomène le plus connu est la malnutrition.
Elle signifie un déséquilibre en quantité et/ ou en qualité du niveau de la ration de consommation, qui peut se traduire par une sous -alimentation (disette) ou une suralimentation (obésité). Par rapport à la malnutrition, la famine se manifeste sous une forme plus violente. Cette dernière se définit comme la rupture absolue de l’approvisionnement alimentaire entraînant la mort d’une population entière sans qu’aucune assistance ne puisse l’arrêter (au moins à court terme).

La vraie famine est celle qui entraîne une hécatombe humanitaire et disloque toute une
société. Elle survient au sein d’une population qui n’est pas en mesure de développer ses armes
de précaution contre une baisse de sa capacité d’accès à la nourriture due à des catastrophes
naturelles, à des crises économiques (flambées des prix) ou à des actions humaines visant son
élimination. La famine n’est pas tout à fait un cas poussé de la malnutrition.

La différence réside, plutôt, dans la nature même du problème. La famine touche même des individus qui sont protégés contre la malnutrition. La famine est définie comme étant la rupture absolue et totale de nourriture pour une population entière, sans exception de richesse ou de statut (à l’exception, bien évidemment, des tenants du pouvoir qui trouvent refuge dans leurs palais pleins de richesses), ce qui engendre la mort chronique sans qu’aucune assistance ne puisse l’interrompre. Elle est souvent dite naturelle, car due à des catastrophes naturelles (sécheresse, inondation, etc.) mais, en fait, elle est réellement produite par l’homme.

Elle est dite collective dans le sens où aucune personne n’est épargnée même les plus riches.
A l’opposé de la malnutrition, elle est limitée dans le temps et dans l’espace et peut être non permanente. Seule une forte assistance organisée (intervention des ONG avec la coopération du gouvernement) peut l’enrayer en rétablissant un niveau de sécurité alimentaire soutenable.

 

A l’inverse, la malnutrition peut frapper une population qui dispose d’une réserve alimentaire suffisante commençant par les plus vulnérables d’entre eux. Bref, la malnutrition peut être
permanente et diffuse, les causes qui sont à l’origine de son apparition sont d’ordre économique et liées au sous-développement, alors que la famine est collective et limitée dans le temps et dan l’espace ; elle est donc caractérisée de géopolitique

En termes économiques, l’accès à la nourriture pour un ménage correspond à « ses capacités en termes de production, d’échanges et de transferts ». Cette approche dépasse donc le strict cadre économique et prend en compte d’autres facteurs ;
la capacité d’un individu d’accéder à la nourriture dépend de l’ensemble des droits qui gouvernent une société, à savoir les possibilités d’échange, droit de propriété, etc.
Quatre types de droits peuvent ainsi être distingués: les droits basés sur l’échange ; les droits basés sur la production ; les droits liés au travail ; les droits basés sur les dons et les transferts.

Cette définition qui est en partie liée à la réalisation d’un niveau de sécurité alimentaire soutenable et durable, s’appuie sur le niveau de consommation alimentaire.
Ce qui permet de joindre la disposition des biens alimentaires et la capacité d’y accéder.
Le problème de la sous alimentation, ou de la famine, n’est pas tributaire d’un manque de disponibilité mais il est relatif à un déséquilibre de répartition des produits alimentaires.
Par exemple, dans le cas des ruraux, il résulte, entre autres, d’un manque d’accès aux terres (paysans sans terres), d’une mauvaise gestion des cultures (cultures de rente), des conditions climatiques défavorables, des conditions économiques fluctuantes (variation des prix des produits agricoles, souvent en baisse relativement aux prix des produits manufacturiers ).