Les Lundis de l’Histoire : Un Temps Géographique dans le TESSALA

La description d’une montagne comme le TESSALA pourrait nous aider à «voir» large autour de nous. En effet, elle nous aidera à poser une question toute simple : La connaissance de la géographie Historique du Djebel TESSALA a-t-elle un rôle dans la vie quotidienne d’un citoyen de la région de SIDI-BEL-ABBES? Les scientifiques ont réalisé que les montagnes peuvent être comparées à des clous qui maintiennent ensemble des morceaux de bois ou tout simplement un piquet maintenant solidement une tente de camping. Un spécialiste des recherches sismiques comme notre BOUNATIRO pourrait facilement nous faire comprendre pourquoi un séisme a frappé le côté nord du TESSALA deux fois dans une longue durée au même endroit (Albulae et Ain-Témouchent) en épargnant le côté sud, c’est-à-dire la ville de SIDI-BEL-ABBES. Cependant, c’est le géologue qui dresse l’Histoire d’une montagne et laisse au géographe le soin de la description physique. C’est pourquoi nous allons essayer d’aborder ce lundi, cette «montagne» par la géographie Historique qui est significativement dans l’ordre alphabétique de ses composants une discipline auxiliaire de l’Histoire.
Pensez-donc à notre TESSALA. Son rôle environnemental est primordial. Une figure géographique légendaire, son image est omniprésente. Elle est partout ! Qu’on soit au petit Vichy , Gambéta, Bd Zabana, Campo, Sidi-Lahcen ou Sidi-Brahim : Le TESSALA, nous regarde ! Ne dit-on pas que c’est dans une montagne qu’un MARABOUT trouve son contentement ! Même de l’autre côté, à l’aéroport Ahmed Benbella (Sénia) ! Le TESSALA est présent ! Comme pour nous dire : Je suis là ! Quel est le problème?

I – TESSALA : Le versant nord et la Méditerranée.

Les monts du TESSALA sont l’une des chaines de l’Oranie les plus importantes de l’atlas tellien. Plus au moins élevé, ce massif est allongé sur une centaine de kilomètres en se dressant au-dessus des collines d’Ain-Témouchent et la plaine de la sebkha d’Oran. La hauteur des reliefs, avec trois pics mais relativement aplanis, s’établit entre 500 et 1 000 m d’altitude en culminant à 1 061 m qui se trouve à l’est. Les rivières du TESSALA du versant nord coulent vers d’autres vallées, toutes sont importantes pour l’écologie du paysage, puisqu’elles jouent un rôle majeur de corridor biologique. Les oueds Besbès, Saadla et Ghbal se jettent dans la grande Sebkha d’Oran distante de 12 km de la mer. D’autres s’assèchent rapidement. Mais, la plus importante rivière est incontestablement Oued El-Maleh et ces nombreux affluents (Flumen-Salsum) qui se jettent en Méditerranée sur la plage de Terga.

1- La présence humaine dans la région selon la «Préhistoire» remonte très loin comme le prouve la découverte de «l’homme de Rio Salado» qui vivait dans cette région, il y a 50 000 ans dans les grottes du mont Sidi-Kacem non loin du versant nord du massif du Tessala que la population locale nomme djebel Bou Hanech. Le moins que l’on puisse dire est que cette découverte comble la théorie du vide de peuplement.
2 – On trouve aussi des ruines romaines situées à l’Arbal (Aghbal). Mgr Toutole nous informe dans son livre sur de la géographie chrétienne que c’est dans un contrefort très bas du versant nord du Tessala que se trouve la station «Ad Regaie» de l’itinéraire d’Antonin qui sont des ruines représentant une basilique chrétienne divisée en trois nefs puisque des épitaphes, y ont été trouvées.
Vers la fin du 1er siècle avant J.C, les romains arrivent à Sufat; Ils s’y installeront durablement et bâtiront des fortifications militaires. Le village sera renommé «Proesidim Surfative»,il deviendra la grande cité romaine d’Albulae (qui veut dire ville blanche) .Cette cité deviendra plus tard Kasr Ibn-Sinane au moyen âge, selon Abou Obeid EL-BEKRI qui a vécu au onzième siècle. Albulae deviendra vite le pays du céréales et huile…., mais son déclin accompagne celui de l’empire romain au milieu du Ve siècle. Après les romains, les vandales envahissent la région puis les byzantins ; Un violent séisme secouera la région au VII e siècle occasionnant des incendies immenses et une destruction totale ; C’est la fin d’Albulae.
4- La bataille du rio Salado (nom donné par les colons espagnols qui se sont établis dès 1857) qui s’est déroulé le 30 Octobre 1340 entre la coalition musulmane Mérinide et Nasride et la coalition chrétienne castillano-portugaise avec l’aide d’un contingent aragonais. La coalition chrétienne est victorieuse à l’issue de cette bataille à cause de la stupidité de l’émir mérinide Abou-Malik et son père le Sultan Abou Al-Hacene. Cette défaite à eu un impact considérable.

II – TESSALA : Le versant sud et les Marabouts.

Nous allons choisir aussi quatre repères historiques qui serviront à connaitre l’Histoire de cette montagne dans une longue durée. Le village colonial TESSALAH était d’abord un cercle militaire, il fut érigé en commune avec deux autres villages de la région (Sidi-Lahcen et les Trembles) le 24 mars 1874, avec le même nom que de la dite montagne, mais orthographié avec un H à la fin qui veut beaucoup dire! Les terres agricoles du TESSALA sont d’une fertilité remarquable et jouissent d’une réputation de « labours très-profond » justifiée. Cela tient d’abord à son histoire et au travail persévérant de sa population. D’ailleurs, L’Administration coloniale avait projeté en 1858 et 1859 la fondation de sept villages, c’est à dire centres de colonisation : Aïn-Sefra, Tafaksit , Aïn-el-Kemis , Ainel-Trid, Hadjar-Zerga, El-Braïka et Fronda.

1 – Dans le TESSALA et suite à des travaux topographiques en 1849, les militaires de l’armée coloniale ont fait la découverte d’« ASTACILIS ».Apparemment, c’est les ruines d’un fort romain (Avec peut-être bien aussi des modifications Espagnoles ou même Turc). En tout cas, l’étude archéologique semble établir que les romains ne l’ont jamais habité que dans un but purement militaire.

2- L’Historien et le chroniqueur du XVIII° Siècle ; Si Abdel-Kader El-Mecherfi, nous confirme dans ce que Ibn-Khaldoun avait déjà accentué : C’est bien Abou Hammou Moussa ben Yousef El-Ziani qui a installé les Beni-Ameurs au TESSALA. Le sultan de Tlemcen leur abandonna toute la plaine du M’létla jusqu’aux abords d’Oran et le Tessala. C’était la belle époque de la Tribu belliqueuse, tout le plat pays était sous leur contrôle. Mais, à partir du quinzième siècle deux nouveaux acteurs font leur apparition dans la région : les Turcs et les Espagnols. Un bey « réforme » le mekhzen, un autre déplace tout une tribu. Les Espagnols font une énième razzia dans l’intérieur du pays et achètent le mutisme de telle tribu. Les bédouins cherchent à faire passer leurs troupeaux. Les caravanes vont du sud vers nord, les disputes internes se multiplient … Mais, ce qu’il faut retenir ici, c’est surtout « l’armement ».Les glas avaient retentit du haut du mont Tessala ! Les chevaux avec l’arc et l’épée ! C’est fini. Les Beni-Ameurs se divisent et se subdivisent,se berbérisent et se fusionnent. Les H’Djezs et le rôle du Maraboutisme dans le TESSALA est révélateur et très significatif. On finira avec les 44 chachiyas (M’rabet) dans le seul TESSALA ! Un record ! Les Sidi Mohamed-ben-Ali, Sidi-kadi, Sidi-Ourred, Sidi-Khamlich, Sidi-ali-benaissa, Sidi Hadri……et autres .Et puis, ce n’est pas fini ! Cette Histoire de « marabouts et non marabouts » continue mais cette fois-ci dans l’état civil.

3- Les Trois dynasties qui se sont installés au Maghrib akça : Idrisside (Chiites entre 789 et 985),Saadienne des banou-Zaydane(1549-1660) et Alaouite depuis 1631 jusqu’à aujourd’hui se réclamaient de la lignée des descendants de Ch’rifs d’origine arabe! Cette propagande est chiite ! (Son origine est de Driss premier).Officiellement pour assumer la fonction d’arbitre entre tribus arabes et berbères. Toutes, avaient prévu de déplacer leurs pouvoirs vers l’est. (L’exemple de TLEMCEN est significatif).Ils avaient des vues vers le Tessala et l’ouest Algérien. (Mérinides cousins des Zianides tous d’origine berbères comme les almoravides et les almohades avaient aussi les mêmes vues.(Un prince Mérinide fut assassiné dans le TESSALA par le Sultan lui même.)
A- Les Idrissides étaient des « ch’riffs » Chiites.Ils régnèrent sur Tlemcen durant 140 ans et donc aussi sur le Tessala.
B- Les Saâdiens (1549-1660) ont été derrière l’essor des Zaouias et confréries religieuses. Ils ont surtout fait une tentative d’annexé l’oranie (Tessala)en 1552 et engager des négociations secrètes avec l’Espagne et son « territoire espagnol d’Oran (1505-1708 puis 1732-1792) contre Alger en 1554.Devant ces échecs, ils se sont tourné vers l’Afrique (Soudan)à partir de 1557 au lieu de dégager la domination espagnol dans le nord!
C- Les Alaouites eux ont forgé deux choses : Le Makhzen pour restreindre les pouvoirs locaux des tribus et le Titre de « Moulay » puisque le titre de Ch’riff était devenu un peu ordinaire avec l’essor des ch’riff marabouts. Un Saint Arabe (non Ch’riff) ou berbère était appelé Sidi, mais jamais Moulay. Cependant, tout le monde sait qu’en Histoire il n’y a pas de lois. L’émir Abd-El-Kader lui a choisi le titre de « EMIR » pourtant lui aussi était un Ch’riff ».

4- Le TESSALA c’est aussi les sources Ain bent-soltane…et autres et aussi la rivière du Oued SARNO autrefois oued Tessala qui se jette sur la rivière Mekkera. Ce oued est célèbre par l’Histoire du barrage construit dans son lit en 1954 et qui a fait couler beaucoup d’encre à travers la presse locale au sujet de son interminable « grève » des ouvriers du chantier avec laquelle s’est sympathisé d’emblée toute la ville de SIDI-BEL-ABBES annonçant le début d’une autre Histoire.

Conclusion :
Le TESSALA est un témoin de la géopolitique régionale. Avec ces multiples repères de dynasties passant devant lui, certains ont l’impression que l’histoire est condamnée à ce répéter. Pourtant, l’Histoire ne se répète jamais.Plutôt, c’est ceux qui ne peuvent se rappeler le passé qui sont condamnés à le répéter.

AL-MECHERFI.