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LES MULTIPLES MORTS DE ZABANA

ByAL HANIF

Déc 5, 2016

Ahmed Zabana sera pour l’éternité le premier condamné à mort de la révolution algérienne. Guillotiné dans l’enceinte de la prison de Barberousse un 19 juin 1956,le Chahid sera le symbole d’un justice expéditive qui fera rouler 45 têtes en l’espace de 500 jours.
Sa deuxième mort sera l’oubli de son sacrifice ultime dans la mémoire des jeunes générations et la béance dans les livres d’histoire.
Sa troisième mort sera la gloriole que son bourreau François Mitterand tirera de sa mesure d’abolition de la peine de mort en 1982 après avoir refusé la grâce à Zabana, en tant que ministre de l’intérieur.Il montrera plus de zèle à voter l’amnistie des généraux putschistes en 1961.
Une mort encore plus symbolique sera la non sélection par le Festival de Cannes du biopic retraçant la vie et trépas du héro algérien.
Et c’est Toronto, à quelques encablures des Etats Unis, qui lui rendra un hommage mérité.
Ce film, trop vite tombé dans l’oubli représente pourtant une reconstitution historique assez fidèle de la lutte armée pour l’indépendance et l’évocation crue des atrocités de la torture systématique validée par un pouvoir politique colonial, se jurant d’appliquer une répression sans faille.

Zabana combattait également sous la bannière de Dieu et les cris d’Allah Akbar ainsi que les you you stridents accompagnaient tous les suppliciés comme il est relaté dans tous les témoignages. Le courage et la détermination des condamnés à mort, faisaient l’admiration involontaire de leurs bourreaux et annonçaient l’éminence d’une libération totale et radicale.

Les âmes des justes vivent un printemps éternel et le sourire nostalgique de Zabana continue à nous être destiné en connivence. Il nous reste à décoloniser notre imaginaire et à honorer Zabana,le premier d’une longue série de chahids.
Le pouvoir colonial a prétendu sombrer dans le juridisme et avancer l’utopie du département français indissociable de la « mère patrie », en ignorant la clameur qui se levait: « Nous sommes un peuple libre.Le Destin doit se plier à notre désir » le beau visage de Ahmed Zabana convoque l’indicible tristesse d’une vie fauchée trop tôt et la fierté de voir qu’une existence rappelée à l’aube de sa vie écrit l’histoire d’un pays.

Le jour où les vivants déserteront les cimetières, demandons à notre mémoire de combattre le temps assassin.
Adbayli Ana 3al Zabana!

El-HANIF

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