LETTRE AU PROFESSEUR BENDELLA ,

Une voix a traversé les mers et les océans pour m’apporter la terrible nouvelle. Le ciel s’est assombri annonçant un orage automnale et des pluies tombèrent du ciel telles des larmes. La tristesse m’envahi ,J’ai voulu ne pas y croire,j’ai voulu espérer une simple confusion de noms et croire à l’erreur.Hélas c’est bien l’amère vérité ,notre ami et confrère Bendella n’est plus parmi nous, l’aigle de la mort l’a pris .
L’anesthésiste discret et de talent nous a quitté prématurément.Celui qui parlait peu ,mais agissait avec modestie et engagement pour sauver des vies. Combien de vies ,de patients arrachés à la mort , avec quelquefois les moyens du bord.

J’ai remonté le cours du temps pour remémorer certaines épopées de l’exercice difficile de l’art chirurgical ,l’anesthésiste réanimateur que tu étais , le chirurgien se permettait d’engager les plus durs combats face à la maladie et la mort .Les interventions chirurgicales difficiles qui duraient plusieurs heures pour soigner des malades lourds et fragiles devenaient possibles, et les victoires annoncées.Le chirurgien était réconforté, encouragé et le malade en sécurité .Je prends pour témoins mes amis et confrères le professeur Boubekeur , le bon docteur Boucif ,et tous les chirurgiens et anciens élèves du service de chirurgie qui sont au service de la population de la ville de Sidi Bel-Abbès .

Avec toi l’anesthésie vivait en parfaite harmonie avec la sacrée sainte chirurgie.Elle formait le couple indissociable et le rêve de tout chirurgien. C’ était la réalité du quotidien dans le service de chirurgie du centre hospitalo-universitaire de Sidi Bél-Abbès.
En plus d’être un merveilleux anesthésiste ,tu avais l’âme de l’artiste ,et l’originalité de l’artiste .Tu savais apprécier la beauté du geste chirurgical ,et tu nous façonnais des petites sculptures et décorations artistiques. Tu ne parlais pas beaucoup ,mais ton sourire expressif et ta manière d’être rappelaient « le poète Georges Brassens » ,c’est par ce nom que je t’interpelais quelquefois.

A chaque fois que je retourne sur les lieux ,je te cherchais.Tu faisais partie pour moi des gardiens du temple et des confrères que j’aimais revoir. A notre dernière rencontre il y’a de cela six mois environ ,tu m’a répété plusieurs fois ,nous devons former les jeunes ,transmettre la connaissance et le savoir. On dirait que c’était prémonitoire ,et qu’il était temps pour toi de passer le flambeau .

Et voilà que tu finis ta vie sur le champ de bataille de l’hymne à la vie ,en plein exercice de la profession et dans ton service .Quel gâchis et quelle perte pour les étudiants ,les résidents ,les assistants d’anesthésie réanimation et pour les patients .
L’équipe chirurgicale est touchée en plein cœur ,tu faisais partie d’elle et elle se sentait rassurée. A la nouvelle de ta disparition ,j’ai imploré le ciel et le seigneur des mondes ,j’ai eu des pensées pour nos maitres qui nous appris et aujourd’hui disparus. J’ai évoqué notre bon urologue le docteur Rahal ,parti lui aussi dans l’oubli ,j’ai pensé à un autre grand fils de la ville ,avec ce nom qu’on prononce pour évoquer l’université Djillali Liabès .
Il avait tant d’affection et de proximité avec sa ville d’origine ,c’était l’ami et le confident de notre université. La tragédie et la bêtise des hommes l’ont fauché en pleine jeunesse et force de l’âge.
Que peut-on faire mon Dieu, nous ne pouvons opposer aucune arme face à l’intrépide sabre de ce temps qui coule ,nous transforme ,nous enseigne ,mais aussi finit toujours par nous tuer .

C’est la volonté du tout puissant ,c’est la destinée de toute vie humaine ,nous sommes voués à la finitude ,et seul le seigneur des mondes et le maitre des cieux demeure. Il n’y a que nos actes et le bien accompli qui nous immortalisent dans les lieux et les mémoires et qui donne le sens à l’existence humaine. Le saint Coran nous le rappelle et nous le répète. Pris dans le mirage de la vie matérielle et éphémère l’être humain a tendance à l’oublier. Nous ne sommes que des locataires sur terre, nous revenons tous à Dieu un jour.

Ainsi va la vie!
Adieu mon cher confrère et ami .
Que le tout puissant t’ouvre son vaste paradis.

PR C.TOUHAMI
ANCIEN CHEF DE CHIRURGIE CHU DE SIDI BEL-ABBES
ANCIEN RECTEUR DE L’UNIVERSITÉ

One thought on “LETTRE AU PROFESSEUR BENDELLA ,

  1. on dit chez nous lorsqu’il vivant on lui dresse des dos d’âne et lorsqu’il meurt on lui dresse un drapeau. les américains a tous les niveaux dressent a leurs concitoyens des drapeaux de leurs vivants.
    On aimerait bien lire a Mon sieur Touhami ces fragments de mémoires sur son passage a l’université de sidi bel abbes. comment il a vécu son passage.
    Entre temps on aimerait bien aussi qu’un professeur dénonce le fait qu’un collègue de grade professeur penche trop bas pour happer les stages de courtes durées. C’est inadmissible qu’un ministère ne peut pas se dresser a certains prof pour leurs signifier qu’il est assez bas de demander dans les arrêtés ministériels d’insérer le titre de professeur pour l’acquisition d’un stage de courte durée alors qu’il est destiné aux jeunes doctorants.
    je demande par la même occasion a ce ministère de créer un titre d’académiciens. Pour voir nos khawas les prof se réveiller et courir dans tous les sens, en tapant a toutes les portes, FLN; RND WILAYA même les choyoukhs de zawiya n’échapperont pas aux harcèlement, ”ya sidi choufli ” afin d’accrocher ce titre, ya meme ceux qui vont jusqu’au maroc pour voir un magicien, il parait que les magiciens juifs lorsqu’ils te colle un clou personne ne te déclouera… au moins par ce titre académiciens qui enlève le droit au prof d’assister aux conseil scientifiques va calmer tout le monde. cette méthode était appliqué dans les ex pays socialistes..le titre d’académiciens va mettre le feu dans les pneus..
    salutation

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