“Par le peuple et pour le peuple” Un aperçu chronologique- (2° Partie.)

EL MECHERFI nous revient dans sa rubrique “Les lundis de l’Histoire” avec la deuxième partie consacrée à la devise “Par le Peuple et pour le Peuple”

4 – Une conception qui nous vient du Moyen âge.

On comprend aujourd’hui par analogie de raisonnement. Pourquoi un poète comme Victor Hugo, qui n’était pourtant pas un révolutionnaire mais un romantique, en voulant écrire un livre, a proposé à son éditeur de « réveiller le peuple » ! Même si, la conception du peuple comme fondateur et acteur principal de l’ordre politique vient pour l’essentiel du Moyen Âge (Attention ! Lire une période de l’Histoire), avant de connaître une première formalisation moderne avec Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau. Le peuple est notamment le produit paradoxal de courants de pensée qui vont poser le principe de la dualité des sphères spirituelles et temporelles. Ainsi, le peuple est, pour la première fois, désigné comme l’objet légitime du pouvoir et ses liens avec le Prince (Machiavel) sont soulignés, dès cette époque, comme l’une des conditions de la légitimité et de la permanence de l’ordre politique. Victor Hugo avait –il raison de dire que: « dans l’histoire des peuples, la Suisse aura le dernier mot ». On le saura peut-être un jour.
D’autres peuples avant nous ont donc posé la même question. Les révolutions, les guerres, la charte de l’Atlantique le 14 Aout 1941… ont déjà entériné la même lecture ! Des philosophes comme Hobbes,Hegel, Nietzche, Lévi-Strauss … et beaucoup d’autres y ont répondu aussi, suivant des critères reflétant les événements historiques de leurs peuples. Ce qui a fait dire aux ethnologues que : « les ethnies et les peuples sont de véritables matières premières des interminables nations ». Les juifs eux ont inventé leur propre peuple ! Maurice Torez a façonné un peuple à son image. Mais ! Larbi Ben M’hidi lui, a renouvelé l’Histoire du peuple Algérien.

5 – Du lundi 1954 au Mardi 1963.

Lundi 1° Novembre 1954, le peuple a écrit: « Peuple algérien, militants de la cause nationale, à vous qui êtes appelés à nous juger (le premier d’une façon générale, les seconds tout particulièrement), notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir ».
Notre but demeure l’indépendance nationale. L’action du peuple Algérien était donc claire et nette ! C’était l’indépendance. En effet, une fois l’indépendance acquise en 1962. Le « jour » suivant à Alger ! C’est à dire le « mardi » 10 septembre 1963 (correspondant au mardi 21 Rabie et-thani 1383 ! ), la première constitution de la république Algérienne démocratique et populaire stipulait dans son article 3 : La devise de la république est : « Révolution par le peuple et pour le peuple.” Voilà ! On a tout compris ! La révolution continue ! Après approbation du peuple bien sur. Et puisque l’article 78 avait précisé que la constitution : « délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale constituante approuvée par le peuple, sera exécutée comme loi suprême de l’Etat ».

6 – Le contenu en « continuation » de 1976.

La question de savoir si la politique de 1976 est une continuation de celle de 1963 n’est pas nouvelle. Mais ! Bon ! Continuons ! L’article 5 confirme que : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par la voie du référendum ou par l’intermédiaire de ses représentants élus ». Cependant et exceptionnellement en cette année, une charte nationale est devenue également un instrument de référence fondamental pour toute interprétation des dispositions de la Constitution.
Toutefois, c’est l’article 10 qui attire le plus d’attention. Il stipule : « L’option irréversible du peuple, souverainement exprimée dans la Charte nationale, est le socialisme, seule voie capable de parachever l’indépendance nationale. Le socialisme, entendu conformément à la lettre et à l’esprit de la Charte nationale, est un approfondissement de la Révolution du 1er Novembre 1954 et son aboutissement logique. La Révolution algérienne est socialiste. Elle vise à la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme. Sa devise est :<>. Notez aussi que l’option (du peuple) : Le socialisme était irréversible !
Voilà ! Donc l’analogie du siècle. C’est ce qu’on appelle : Aller jusqu’au bout de sa « propre » logique ! Vous remarquez sûrement dans la devise le mot « Révolution » a disparu ! Bon ce n’est pas grave puisque le mot lui-même n’existait pas avant !
Et Bizarrement encore ! Cette devise a changé, mais dans le texte Arabe seulement ! Puisque mina chaậb devient bi chaậb et ila chaậb devient wa li chaậb. Chose bizarre n’est ce pas ? On savait déjà que l’Histoire n’est pas une, mais là, il s’agit de l’Histoire officielle qui devient différente dès qu’on change de langue ! Et heureusement que seule la langue arabe était une langue officielle.

AL MECHERFI

(A suivre)

2 thoughts on ““Par le peuple et pour le peuple” Un aperçu chronologique- (2° Partie.)

  1. Ah, comme les temps ont changé!!!!! Depuis l’écriture de cette maxime, cette devise « Par le peuple et pour le peuple », que d’eau a coulé sous les ponts ( comme on dit). Les circonstances ne sont plus les mêmes.
    Je ne suis pas historienne, je raisonne seulement en tant que citoyenne qui a vécu les différents bouleversements qu’a connu notre pays dans son aspect social. . Beaucoup de “slogans” qui avaient une vraie valeur historique n’ont plus le même retentissement, présentement.
    Le concept du socialisme comme idéologie, qui a animé les Hommes Révolutionnaires n’est plus de mise. Ce courant de pensées démocratiques dont le point commun est d’instaurer une société allant dans le sens d’une plus grande justice, d’ une égalité des chances, ou du moins une réduction des inégalités, n’a jamais fait “long feu” dans notre pays. Tous ces maux sociétaux font partie du quotidien du citoyen honnête, qui a une conscience morale. C’est le populisme” dans son sens péjoratif qui prime actuellement car le peuple n’a jamais été une force active qui interviendrait pour rompre l’ordre des choses. Bien au contraire, c’est une foule apathique à tout développement politique, socio-économique cherchant constamment le moyen de ”joindre les bouts” pour s’en sortir vivant le lendemain.

  2. Bonjour si El Mecheurfi

    Le sujet de ta contribution nécessite une analyse philosophique dans son aspect conceptuel. Ainsi , “le peuple” dans l’histoire de l’humanité, définit le pouvoir légitime “populaire”. de César à Lenine, la philosophie du pouvoir détermine la notion de présence du “peuple”. Dans les démocraties d’une façon générale, la notion du pouvoir s’articule sur la “manière” de transmettre “la force populaire” vers un ensemble élu ou désigné afin d’exercer” l’autorité” pour un épanouissement d’ordre social, politique et culturel dans le respect de la volonté populaire. Donc le pouvoir vient “du” ou “par” le peuple et pour le peuple. Pour concrétiser cette “volonté populaire”, il faut asseoir un texte de droit constitutionnel ou le sentiment populaire est acquis à travers sa souveraineté en respectant les tendances populaires.Le pouvoir du peuple exprime sa souveraineté. A travers cette modeste analyse qui reste soumise à un débat, je considère que le concept de démocratie veut dire “pouvoir du peuple”, et transférer ce “pouvoir” par suffrage constitutionnel à un “ensemble élu du peuple”, à travers lequel est désigné un gouvernement, ce dernier comme l’a défini A. Lincoln est :” le gouvernement du peuple par lui-même”. Ce qui revient à dire: “Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”. Mon ami Mecheurfi, le droit naturel “populaire” qui se constitutionnalise par la volonté communautaire, permet au “citoyen” de participer à l’exercice du pouvoir par voie référendaire , et exceptionnellement pour une durée limitée ,par désignation pour la sauvegarde de la nation. Ainsi la notion d’état source de pouvoir est valorisé à travers un gouvernement populaire. Malheureusement, depuis l’indépendance, le slogan ” Du ou par le peuple et pour le peuple” a camouflé un abus de pouvoir, surtout lorsqu’il est déclaré au nom du peuple. Par le peuple, le pouvoir rend fou, et il conduit à des écarts pour le peuple.
    En conclusion, j’ai évoqué la volonté du ” peuple” pour aboutir à un état pour la consolidation d’une nation ou est issu le “peuple” avec toutes ses caractéristiques diversifiées dans les pratiques culturelles , religieuses et politiques. “Par le peuple et pour le peuple” pour un état fort au service de la nation.
    Amicalement.

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