Réseaux sociaux : Entre liberté et ‘s’auto-museler’

Blasés, outrés, déçus où désespérés, certains d’entre nous jurent de quitter définitivement les réseaux, en particulier Facebook, cet espace qui vient d’un pays qui ne nous veut pas du bien.

Il s’agit toujours de personnes qui activent à visages découverts, qui ne se cachent pas derrière la lâcheté des pseudos, qui parlent de sujets sérieux et souvent intéressants et qui assument leurs propos… jusqu’à ce qu’ils craquent.Ont-ils raison? Ces personnes, dont des amis, sont toujours attachées aux libertés individuelles, notamment la liberté d’expression. Or, quel est l’autre espace qui permet de concrétiser ce droit si efficacement, si librement, si largement, autant que les réseaux sociaux? On sait bien que la presse écrite et télévisuelle ne sont pas ouvertes à tout venant, qu’elles ont une ligne de conduite qui les oblige et qu’elles sont affidées, ne disposant pas toujours du libre arbitre et ne faisant que diffuser les voix de leurs maîtres : leurs bailleurs de fonds politiques ou capitalistes.

Hormis cette presse là et à défaut d’un Speakers’ Corner dans un Hyde Park, quels sont donc les autres espaces, à part les réseaux sociaux qui permettent d’exercer concrètement le droit et la liberté d’expression ?

Si tous les pays du monde, les démocraties autant que les dictatures, livrent un combat acharné contre les réseaux sociaux et n’y voit que le mal, c’est parce que jamais dans l’histoire, leur pouvoir n’a été aussi contesté populairement et aussi menacé et ce, grâce à ses réseaux qui ont rendu possibles des libertés, une conscience politique et des échanges citoyens si grands et si larges qu’ils sont capables d’ébranler les assises les plus solides.

Des lors, se retirer quand on a été engagé politiquement et intellectuellement s’apparente à une trêve acceptable quand le retrait est momentané et à une retraite inacceptable quand ce retrait est définitif; retraite entendue ici au sens militaire, qui ne signifie pas repos mais plutôt défaite.

Se retirer, c’est aussi faire concession de sa liberté de parole, c’est s’auto-museler, c’est se condamner à l’expression dans la clandestinité, c’est abandonner le terrain à la pensée unique qui n’aime pas l’avis dissident et qui le combat.

*Une pensée particulière à mon ami le bâtonnier Hadj Tahar, un combattant de la liberté.